Alors qu’une start-up américaine vient de recréer une espèce disparue, la Maison Blanche pourrait bien remettre en cause la définition d’espèce menacée.
Outre-Atlantique, le Fish and Wildlife Service vient de soumettre à la Maison-Blanche une proposition redéfinissant la définition juridique du fait de « nuire » à une espèce.
Un concept de “dé-extinction”
La même semaine, deux annonces se sont heurtées aux États-Unis. D’une part la start-up américaine Colossal Biosciences a annoncé avoir recréé une espèce de loups disparue depuis 10.000 ans. De l’autre, les déclarations de l’administration Trump inquiètent les défenseurs des espèces en danger. Or les deux sont liées : pour Doug Burgum, secrétaire à l’intérieur, « il est temps de changer radicalement notre façon de concevoir la conservation des espèces. À l’avenir, nous devons célébrer les retraits de la liste des espèces menacées, et non les ajouts», a-t-il déclaré via le réseau social X.
Selon lui, « si la disparition d’une espèce nous angoisse, nous avons maintenant l’occasion de la faire revivre. C’est l’innovation, et non la réglementation, qui a fait la grandeur américaine. » Il y voit « l’avènement d’une nouvelle ère passionnante de merveilles scientifiques, illustrant comment le concept de “dé-extinction” peut servir de fondement à la conservation moderne des espèces.»
Mais si l’on suit cette logique, plus aucune espèce ne serait plus véritable en danger d’extinction. Et, justement, le Fish and Wildlife Service chapeauté par Doug Burgum a proposé à la Maison Blanche de redéfinir la notion de nuire à une espèce, en en excluant la protection de leur habitat
Des animaux retirés des listes ?
De quoi inquiéter les association de défense de l’environnement. La prochaine étape pourrait bien être, dans le but de défendre tel ou tel intérêt financier, de retirer certains animaux de la liste des espèces menacées. Tels le loup gris ou le grizzli, qui s’attaquent au bétail, le lézard des armoises dans les régions pétrolifères texanes ou bien la chauve-souris nordique, présente dans des forêts que l’industrie du bois est désireuse d’exploiter. Or ne plus prendre en compte la destruction et la modification de l’habitat viderait la loi américaine sur les espèces en danger de son essence.
Autre souci d’inquiétude pour les défenseurs des espèces menacées : la relance par Donald Trump d’un Comité des espèces menacées, surnommé le «God Squad» (Escadron de Dieu) par les écologistes. Constitué de Doug Burnum et de cinq autres hauts fonctionnaires américains, il serait habilité à outrepasser les protections des espèces menacées. Pour l’association environnementale Earthjustice, ces changements menacent un demi-siècle de progrès dans la protection et la restauration des espèces menacées.
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