L’EMDR, pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing, c’est-à-dire la désensibilisation et reprogrammation par les mouvements oculaires, prouve son efficacité pour remédier à certains mal-être.
Notre époque est souvent dominée par des notions d’efficacité, d’optimisation et de résultats concrets, si possible immédiats. Le domaine psychologique n’échappe pas à la règle : quand on va mal, on voudrait aller mieux le plus vite possible. Pourtant, bien souvent, les psychanalyses et autres psychothérapies prennent – et on l’accepte peu ou prou – du temps. Or, il existe une technique qui donne des résultats étonnants en matière de digestion du mal-être et ce, précisément de façon assez rapide. Cette technique, c’est l’EMDR, pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing, c’est-à-dire la désensibilisation et reprogrammation par les mouvements oculaires.
L’EMDR, ou comment se soigner par les yeux
Avant d’entrer dans les détails, et comme s’interrogeait avec humour le célèbre et ancien journaliste Michel Chevalet en entame de ses reportages, posons-nous la question : « Le mal-être, la dépression, les souvenirs post-traumatiques, comment ça marche ? »
Que se passe-t-il quand un souvenir, un traumatisme, une ou des pensées nous déstabilisent au plus profond de nous-mêmes, au point de nous ruiner le quotidien, la santé et/ou le sommeil ? Que faire ? « Ben,… on consulte un psy », « on se fait prescrire des antidépresseurs », diront certains. Oui et c’est déjà pas mal. Mais insuffisant, car ne traitant pas toujours le mal à la racine.
Le problème est qu’en « consultant », on passe par le langage ; et, dans le cerveau, le siège du langage est le néocortex. En dépression ou face à un souvenir traumatisant, cette partie du cerveau ne fonctionne plus efficacement, car dominée par la partie émotionnelle du cerveau, l’amygdale.
L’amygdale est parfaite en cas de danger : elle nous évite de penser pour activer en priorité tous les réflexes et autres substances chimiques indispensables pour faire face à ou fuir ce danger. Une fois le danger passé, elle se met à nouveau en veilleuse.
Mais si l’amygdale continue à travailler en permanence – considérant que le danger, le souvenir perturbant, ou l’objet du mal-être est toujours présent et envahit tout le cerveau sans arrêt -, alors la « vie tranquille » n’est plus possible : nous sommes emportés par un torrent d’émotions, nous sommes en mal-être permanent. Bref, nous sommes dépressifs.
Tout ça parce que le cerveau émotionnel, dominé par l’amygdale, ne communique plus avec le cerveau préfrontal (néocortex).
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La digestion des émotions et de la dépression par l’EMDR
L’EMDR a précisément pour but de désensibiliser les souvenirs et les idées en stimulant les deux hémisphères du cerveau pour digérer son passé, des comportements et des idées négatives dont on veut se débarrasser.
L’EMDR offrirait un raccourci pour éliminer au plus profond les symptômes qui viennent d’événements du passé non digérés par le système nerveux limbique (qui n’ont donc pas été « digérés » psychiquement). En son temps, David Servan-Schreiber avait mis cette technique en avant.
Il « s’agit de stimuler le cerveau de droite à gauche et de gauche à droite (par le regard, la voix ou même le toucher) de façon à débloquer l’évènement traumatique resté enkysté dans les tréfonds de la psyché, et réactiver le système naturel d’auto-guérison du cerveau pour qu’il analyse l’information et la fasse ‘digérer’».
Un excellent reportage décrit avec simplicité et brio le fonctionnement de notre cerveau et surtout explique simplement le principe de fonctionnement de l’EMDR, le tout accompagné de témoignages poignants.
EMDR et psychanalyse : main dans la main
« La thérapie EMDR (lorsqu’elle est bien menée) est beaucoup plus efficace, elle va beaucoup plus loin et plus profondément que la psychanalyse : elle active un processus naturel de guérison, ce que ne fait pas la psychanalyse ». De manière générale, il faut remarquer qu’une cure d’EMDR ressemble beaucoup à une TCC (thérapie comportementale et cognitive).
Les limites de l’EMDR
En revanche, « (…) la thérapie EMDR ne remplace pas le travail psychanalytique pour ce qui a trait à une plus grande connaissance de soi sur le long terme. Les deux formes de thérapies sont d’ailleurs souvent utilisées conjointement avec profit ». L’hypnothérapie semblerait également apporter des solutions créatives et plus évoluées…
L’EMDR est difficile à tester scientifiquement, car il est impossible de pratiquer un EMDR placebo pour comparer avec une approche EMDR effective. Des études ont montré une certaine efficacité chez les femmes violées et des vétérans de la guerre du Vietnam. L’Inserm et la Haute Autorité de santé ont par ailleurs reconnu l’EMDR. Cependant, il vaut mieux l’éviter si l’on souffre de graves psychoses avec des idées suicidaires ou si l’on est atteint de troubles cardiaques.
EMDR, à qui s’adresser ? Cadre strict et annuaire des praticiens EMDR certifiés
« Pour prévenir tout risque de charlatanisme, de secte, de pratique abusive, l’Association Européenne d’EMDR a établi des critères très stricts qui régissent le titre de Praticien EMDR Certifié ». Voici l’annuaire français de ces praticiens EMDR certifiés : ceux-ci n’ont été admis à la formation EMDR que sur des critères de sélection très stricts.
En plus de leur formation de base à la psychothérapie, ces thérapeutes doivent non seulement avoir complété tout un cycle de formation et de supervision mais en plus, ils sont dans l’obligation de suivre une formation continue à l’EMDR.
N’hésitez pas à nous faire part de vos témoignages, et prenez soin de vous !