Une nouvelle réglementation européenne risque de conduire à l’interdiction des huiles essentielles qui pourraient être qualifiées de dangereuses.
L’inquiétude monte chez les producteurs de lavande en France, et tout particulièrement dans la Drôme, deuxième département producteur de l’Hexagone : l’évolution de la réglementation européenne sur les produits chimiques dangereux pourrait bien compliquer leur activité, voire la rendre totalement impossible. Et pire : les huiles essentielles risquent même d’être considérées comme des produits dangereux.
Une analyse plus poussée des éléments chimiques des produits commercialisés
Toute l’affaire découle du Pacte vert et de la décision de la Commission européenne d’aller « vers un environnement exempt de substances toxiques, » comme on peut le lire sur le communiqué de presse publié le 14 octobre 2020. L’idée de fond est la suivante : imposer une analyse fine des produits chimiques fabriqués dans les pays de l’Union européenne et « prévoit notamment d’interdire l’utilisation des produits chimiques les plus nocifs dans les produits de consommation tels que les jouets, les articles de puériculture, les cosmétiques, les détergents, les matériaux en contact avec des denrées alimentaires et les textiles ».
Or, cette nouvelle réglementation pose problème aux producteurs d’huiles essentielles, de lavande comme d’autres sources. Car, comme l’explique à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes Alain Aubanel, président du Syndicat des plantes à parfum, aromatiques et médicinales de France (PPAM), la réglementation demande une analyse chimique au niveau moléculaire.
Une molécule est présente et le produit est classé dangereux
Bien utilisées, les huiles essentielles de lavande sont un atout – © Photo-Graphia
« Nous, dans nos lavandes, on a plus de 600 molécules. Donc, à chaque fois qu’une molécule sera dans le collimateur de Bruxelles, automatiquement la plante sera balayée, » explique Alain Aubanel, lui-même producteur de lavande et produits dérivés. « Pour le consommateur, le risque est que, par principe de précaution, des huiles essentielles soient considérées comme cancérigènes, perturbateurs endocriniens, non biodégradables, non-essentielles ou tout simplement jugées trop dangereuses et donc restreintes, voir interdites, » précise le syndicat dans un communiqué de presse publié le 1er juillet 2021 sur son site.
Un véritable paradoxe, alors que les huiles essentielles sont des produits d’origine naturelle aux vertus reconnues (1). Et un véritable risque économique : « le seul secteur ‘lavande et lavandin’ génère plus de 9.000 emplois directs et plus de 17.000 emplois indirects issus de l’activité touristique et la production de miel ».
Illustration bannière : Lavande dans la Drôme, les producteurs inquiets – © Serge Goujon