Le jour du dérèglement est arrivé : la France a déjà rejeté trop de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour cette année.
Si le jour du dépassement, date à partir de laquelle l’humanité consomme l’ensemble des ressources naturelles disponibles en un an, tombe vers la fin du mois de juillet, le jour du déréglement, où l’on a consommé l’ensemble de notre « épargne » en gaz à effet de serre pour un an, tombe déjà aujourd’hui.
Le France a déjà émis tous les gaz à effet de serre recommandés par l’Accord de Paris
Le calcul est simple : jeudi 5 mars, en un peu plus de deux mois, la France aura déjà émis tous les gaz à effet de serre qu’elle pourrait rejeter en une année si elle respectait dès maintenant l’objectif de neutralité carbone qu’elle s’est fixé pour 2050 dans le cadre des Accords de Paris(1). À ce rythme là, elle n’atteindra pas cet objectif avant l’horizon 2085…
Le déréglement climatique se fait déjà sentir ©Taras Lototskyy
Ce calcul a en fait été réalisé par le cabinet de conseil Carbone 4 pour le compte des quatre associations réunies au sein de l’« affaire du siècle » (Notre affaire à tous, Greenpeace France, Oxfam France et la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme), dont la pétition en ligne a réuni 2,3 millions de signataires.
Encore plus de rejets à court terme
L’étude réalisée par le cabinet de conseil Carbone 4 a évalué les émissions de la France à 450 millions de tonnes équivalent CO2 pour 2020. Mais l’Hexagone s’était fixé un plafond annuel de 80 millions d’ici à 2050. Autant dire que la dette climatique ne cesse de se creuser, et qu’il faudra, en évoluant aussi lentement, plus d’une génération pour corriger le tir, notamment du fait des blocages des secteurs du bâtiment et des transports.
Le Haut Conseil pour le climat avait déjà souligné dans un rapport de juin dernier à quel point le rythme auquel les émissions baissaient était nettement insuffisant pour atteindre la neutralité carbone. Avec 1,1 % de baisse par an sur la période 2015-2018, la France s’était même autorisée à rejeter à court terme plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, quitte à rattraper le retard par la suite.
Illustration bannière : Neutralité carbone France © Bakhtiar Zein