Vous aimeriez créer un jardin, mais voilà, la petite parcelle que vous avez à disposition pour ça n’a pas bonne mine : le sol est sec, compact, de couleur très claire… Bref de plus en plus difficile à travailler. Mais pas question de renoncer à y entretenir un petit éden nourricier ! Les plantes ont, depuis toujours, montré leurs capacités à s’adapter aux situations difficiles, et des solutions pour rendre vivant et fertile un sol pauvre existent.
5 conseils pour lutter naturellement contre un sol pauvre
À force de travailler la terre, on oublie parfois l’essentiel : le sol est vivant, ou plus exactement la nature repose sur des synergies entre différentes plantes, animaux et minéraux. L’exemple parfait est la forêt : c’est un écosystème, au sol généralement très riche, qui n’a besoin d’aucune intervention humaine.
Or, dès lors que l’on se met à cultiver et même simplement à jardiner, on perturbe l’environnement, le naturel. Le but va alors être de jardiner le plus naturellement possible.
Conseil #1 pour un sol pauvre : arrêtez de bêcher !
Est-ce que quelqu’un bêche la forêt ? Non. Est-ce donc nécessaire de bêcher ? Non. C’est aussi simple que cela.
Derrière cette manière provocante de mettre le bêchage en question se cache une véritable réflexion sur notre rapport au sol : en réalité, bêcher peut faire plus de mal que de bien, car détruisant la faune qui fait son travail d’entretien et régénération des sols à l’abri des regards. Cette faune va des bactéries aux vers de terre.
Ce labourage enfouit également la matière organique, qui va alors pourrir dans le sol au lieu de se décomposer en surface. La pollution des sols et de l’air serait également impactée(1).
La bêche, un calvaire pour les sols et un calvaire pour le dos – © Georgy Dzyura
Si vous souhaitez retourner votre sol, et si la saison est bonne et la matière organique déjà décomposée, optez plutôt pour la grelinette contre un sol pauvre. Assurez-vous auparavant d’avoir scrupuleusement désherbé sous peine de voir germer des indésirables supplémentaires.
La grelinette permet d’ameublir la terre sans la retourner, contrairement à une bêche. Elle permet ainsi de préserver l’écosystème du sol.
Conseil #2 pour un sol pauvre : cultivez votre sol toute l’année
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, laisser la terre non cultivée n’est pas une bonne idée. Ou, plus exactement, il ne faut pas la laisser nue. Dans la nature, un sol nu n’est absolument pas la norme, sauf dans le désert, donc pourquoi adopterait-on un tel modèle au jardin ?
On n’a pas forcément le temps ni la possibilité de tout couvrir, selon le terrain. Si on n’a pas trop d’espace ou suffisamment de temps pour tout cultiver, on pensera aux associations de culturepour varier les plaisirs, et au mulch bien entendu(2).
Le ‘mulch’ est proche du paillage, le sens du mot anglais est juste un peu plus large : il s’agit de recouvrir le sol pour qu’il reste meuble. Cela permet d’éviter de se retrouver avec un sol pauvre en eau et en nutriments.
Pailler pour protéger et nourrir le sol – © zlikovec
On commence par désherber soigneusement la zone et on utilise tous les déchets verts hors mauvaises herbes pour créer une zone de compost, une zone de décomposition des déchets organiques ou encore un paillis. Vous devrez moins arroser cette zone et elle ne se desséchera pas.
Si vous avez fait le choix du potager en carrés, n’oubliez pas de prendre soin de vos allées en faisant le choix d’allées naturelles : de l’herbe, du bois raméal fragmenté ou du paillage, par exemple.
Conseil #3 pour un sol pauvre : cessez d’utiliser les traitements agressifs
La loi 2014-110 du 6 février 2014, appelée loi Labbé, prévoit une interdiction d’usage et une restriction de vente de tous les produits phytosanitaires de synthèse dans les jardins.
Mais les jardiniers amateurs peuvent toujours utiliser certains produits qui ne sont pas sans poser quelques problèmes même s’ils sont à plus faibles risques.
Pour cause, même le vinaigre blanc, très utile pour désherber naturellement, a des conséquences directes sur votre sol, à plus ou moins long terme(4).
On fera donc preuve de prudence, et de mesure, vis-à-vis de ce qu’on répand sur le sol.
Le sulfate de cuivre, utilisé dans la bouillie bordelaise, est la forme de cuivre la plus toxique pour l’humain – © Sunny_Smile
Ennemie de l’équilibre naturel, la bouillie bordelaise
Si ses conséquences sur la santé sont contestables, l’implication directe dans le changement de nature du sol est réel. La bouillie bordelaise agit sur les champignons, notamment le mildiou, ainsi que sur tous les autres champignons nécessaires à l’équilibre du jardin, notamment pour aider les plantes à bien grandir.
On utilise donc les pesticides, même bio, le moins possible.
Au contraire, on optera pour le vivant : introduisez des insectes auxiliaires, plantez des fleurs pour attirer les animaux, créez une parcelle sauvage pour favoriser la biodiversité au jardin.
Conseil #4 pour un sol pauvre : nourrissez votre sol correctement
Bichonnez votre sol. De la même manière que vous améliorez votre alimentation et/ou celle de vos enfants, voire vos animaux, au fur et à mesure que vous emmagasinez des connaissances sur les produits naturels, vous pouvez procéder de la même manière pour le sol.
Un sol pauvre est par définition un sol mal nourri, il va donc falloir lui donner « à manger » et, vous vous en douterez, pas avec des tonnes de produits tout faits. On ne parle donc pas d’engrais chimiques, mais juste d’aider la nature.
Pour nourrir le sol de votre jardin, offrez-lui du compost – © Alison Hancock
Au lieu de nourrir les plantes, on va nourrir le sol
C’est l’une des erreurs courantes : on veut faire pousser un légume, donc on lui apporte de l’engrais pour qu’il pousse bien. On va plutôt considérer le sol dans son ensemble, comme élément presque vivant puisque composé de flore, mais aussi d’une faune importante. Cultiver n’appauvrit pas le sol, c’est la récolte qui le touche.
Un principe essentiel est donc de redonner au sol ce qu’il a produit naturellement : plutôt que de ramasser et jeter les feuilles, par exemple, ce qui ne serait pas fait en forêt, on les ajoute au compost.
Conseil #5 pour un sol pauvre : changez doucement son pH
Ne pas dégrader son sol, voire le remettre en forme ne signifie pas ne rien changer, tant qu’on reste dans une approche naturelle. Comme nous vous le conseillons régulièrement, il faut notamment connaître le pH du sol puisque tous les fruits et légumes, et même les fleurs et autres plantes ne se plairont pas dans tous les sols.
Dans une terre acide, les fougères se plairont bien, tandis que les terres alcalines plairont à d’autres plantes. Sachez que la majorité des végétaux préfère un sol légèrement acide, mais il faudra agir au cas par cas selon ce que vous souhaitez planter.
Rééquilibrez le pH d’un sol – © FotoHelin
A lire aussi – Équilibrer le pH du sol de votre jardin : astuces simples pour un équilibre parfait !
Des amendements contre un sol mal équilibré
Observez votre sol : il y a sans doute des cailloux, mais probablement aussi des indices sur la lourdeur de votre terre et sa composition.
Sans remettre en question tout l’équilibre du jardin, on peut apporter un peu de sable dans une terre trop argileuse, et un peu d’argile à une terre sableuse, notamment les rejets de taupinières.
Mais ne commettez pas une autre erreur classique : ne mélangez pas. Il vous faudra de la patience, les vers de terre vont progressivement intégrer ces amendements au sol.
Références :
- STOCKFISCH, N., FORSTREUTER, T., et EHLERS, W. Ploughing effects on soil organic matter after twenty years of conservation tillage in Lower Saxony, Germany. Soil and Tillage Research, 1999, vol. 52, no 1, p. 91-101. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- ADEKALU, K. O., OLORUNFEMI, I. A., et OSUNBITAN, J. A. Grass mulching effect on infiltration, surface runoff and soil loss of three agricultural soils in Nigeria. Bioresource technology, 2007, vol. 98, no 4, p. 912-917. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- GIESY, John P., DOBSON, Stuart, et SOLOMON, Keith R. Ecotoxicological risk assessment for Roundup® herbicide. Springer New York, 2000. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- EVANS, Glenn J., BELLINDER, Robin R., et GOFFINET, Martin C. Herbicidal effects of vinegar and a clove oil product on redroot pigweed (Amaranthus retroflexus) and velvetleaf (Abutilon theophrasti). Weed Technology, 2009, vol. 23, no 2, p. 292-299. (Cliquez sur cette source pour remonter)