Rougeurs, démangeaisons, maux de tête, gonflement des muqueuses nasales… Juste après avoir bu un verre de vin, croqué un carré de chocolat ou mangé du fromage ? Vous êtes peut-être intolérant à l’histamine. Quels sont les aliments qui la provoquent ? Qui sont les personnes à risque ? Voilà de quoi en savoir un peu plus sur cette intolérance méconnue et peu grave, mais qui peut être gênante.
Une molécule utile, mais réactive
L’histamine est une molécule naturellement produite par le corps et apportée par l’alimentation. Certains aliments en contiennent plus que d’autres : les aliments fermentés (choucroute, bière, fromages, etc.) et les aliments périmés.
Quel est le rôle de l’histamine ?
L’histamine un neuromédiateur, impliqué dans les phénomènes inflammatoires et allergiques et se trouve dans les poumons, le foie, les parois de l’estomac. Elle est produite en 3 endroits dans le corps :
- par les cellules responsables de la réponse immunitaire (les globules blancs) en cas d’introduction de substances étrangères : elle est libérée en cas d’intoxication et joue alors un rôle sur la contraction des muscles lisses (favorise le vomissement), sur la constriction des bronches et sur la vasodilatation au niveau de la peau.
- par les cellules des parois de l’estomac : elle régule les sécrétions d’acide gastrique et chlorhydrique.
- par le cerveau : elle maintient l’état de veille.
Pourquoi y a-t-il intolérance à l’histamine ?
Il y a intolérance – on parle plutôt de pseudo-allergie alimentaire – à l’histamine quand elle est en excès dans le corps parce que celle qui est produite et celle qui est apportée par l’alimentation ne sont plus totalement détruites.
Normalement, toute cette histamine est détruite par une enzyme dédiée, la diaminoxydase. Les personnes souffrant de cette intolérance ont une activité enzymatique réduite qui ne réduit l’histamine que partiellement ou plus du tout, ce qui provoque des troubles.
Quelles personnes sont touchées ?
– L’intolérance à l’histamine touche surtout les femmes à partir de 40 ans.
– Les personnes souffrant d’une maladie inflammatoire de l’intestin ou d’une allergie alimentaire croisée ont un risque plus élevé.
– Très peu de personnes sont atteintes d’un déficit enzymatique congénital.
Autres facteurs déclencheurs d’une augmentation rapide du taux d’histamine :
- un effort physique
- un stress émotionnel soudain
- des fluctuations hormonales : les femmes développent souvent des réactions allergiques avant le début de leurs règles
- des maladies infectieuses
- certains médicaments.
Un excès d’histamine peut être provoqué de deux façons :
1- par des aliments qui sont eux-mêmes riches en histamine,
2- par les libérateurs d’histamine qui induisent une sécrétion d’histamine par les cellules du corps.
Les signes de l’intolérance à l’histidine :
Ce sont des signes spécifiques de l’intoxication à l’histamine, surtout liés à son effet vasodilatateur :
- rougeur du visage
- éruption cutanée,
- oedème du visage,
- bouffées de chaleur,
- sensation de brûlure dans la gorge,
- démangeaisons,
- picotements de la peau.
Ils peuvent être accompagnés d’autres signes généraux comme : des maux de tête, des palpitations cardiaques, des étourdissements.
Enfin des symptômes secondaires, de nature gastro-intestinale, peuvent aussi apparaître : nausées, maux d’estomac, vomissements, diarrhée.
Durée des symptômes : Ils apparaissent très vite (de quelques minutes à quelques heures). Ils disparaissent spontanément en quelques heures. Ils peuvent durer plusieurs jours dans les cas les plus graves, mais c’est exceptionnel. La complication ultime est le choc anaphylactique, comme dans toute allergie, mais elle reste elle aussi exceptionnelle.
Le cas typique de l’intolérance à l’histamine :
Le gonflement des muqueuses nasales suite à la consommation de vin rouge ou de fromage.
Ces produits sont en effet très riches en histamine et contiennent beaucoup de libérateurs d’histamine. Attention donc au repas « tout fromage », arrosé de vin rouge !
Quel est le traitement ?
– Les antihistaminiques.
– L’évitement des produits alimentaires déclencheurs.
Les aliments riches en histamine
Boissons alcoolisées |
Vin rouge, bière, saké |
Fromages affinés longuement |
Roquefort, chèvres affinés |
Saucisse |
Saucisson cru, salami, cervelas |
Viandes |
Foie de porc et de boeuf++, jambon de Parme, viandes des Grisons, lard (augmentation avec la maturation) Gibiers faisandés |
Poissons et fruits de mer |
Maquereau, anchois, thon, harengs, truite, poissons marinés |
Levure |
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Chocolat et café |
Chocolat à croquer, cacao, poudre et produits chocolatés |
Soja |
Produits à base de soja, tofu |
Légumes |
Choucroute ++, légumes marinés dans le vinaigre, marinades de légumes |
Fruits |
Fraise, framboise, kiwi, poire, banane, agrumes, ananas (augmentation lors de leur transformation) |
Noix |
Toutes sortes |
Exhausteurs de goûts et colorants |
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Cette liste n’est pas exhaustive. A chacun de la remplir en fonction de son expérience.
Conseils pour éviter les intolérances à l’histamine :
1- La fraîcheur de l’aliment et le respect de la chaîne du froid pendant son achat et sa conservation, sont essentiels : consommez le le plus frais possible et tout juste sorti de réfrigérateur, sans le laisser se réchauffer.
2- Évitez les aliments trop mûrs, ni faisandés comme le gibier, ni marinés, ni ceux préparés avec une fermentation, comme la choucroute ou les fromages très affinés.
3- Faites particulièrement attention avec le poisson. Les teneurs en histamine sont régulièrement surveillées, mais les facteurs déclencheurs peuvent aussi venir de vous (voir ci-dessus). Évitez les poissons fumés, séchés ou salés et privilégiez le poisson frais que vous aurez rincé à l’eau avant la cuisson pour dissoudre l’histamine.
Un laboratoire de surveillance de l’histidine en France
Les produits de la pêche sont particulièrement surveillés en France, de par leurs possibilités de contenir des teneurs importantes en histidine. Le Laboratoire National de Référence Histamine, situé à Boulogne-sur-Mer, a été créé en 2011.
C’est le laboratoire national de référence dans le domaine de la santé publique, avec pour mission de réaliser des analyses, des expertises scientifiques, et de la veille scientifique sur le sujet de l’histidine, dans les produits de la pêche notamment.
Histamine – l’avis de la diététicienne :
Les intolérances à l’histidine ne sont généralement pas graves, mais peuvent être gênantes quand elles se déclenchent.
Quand les symptômes commencent, faites tout de suite le point sur votre repas le plus récent pour ne pas passer à côté de l’aliment incriminé. Et écartez-le de votre alimentation pendant un certain temps avant d’essayer de l’introduire à nouveau en douceur. Il se peut qu’il ne vous fasse plus d’effet car les circonstances sont différentes.
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