Focus sur les géants de l’industrie laitière française

Hier soir, France 2 diffusait un reportage Cash Investigation sur les dessous du marché du lait en France ‘Produits laitiers : où va l’argent du beurre ?’. Qu’avons-nous appris sur les géants de cette industrie ? Si la réputation de Lactalis n’est plus à faire, la partie sur Sodiaal, elle, est bien plus surprenante.

Rédigé par Sonia Mahmoudi, le 17 Jan 2018, à 11 h 35 min
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Au supermarché, on peut trouver près de 4.000 références de produits laitiers. Évalué à 29 milliards d’euros par an en France, le marché du lait en met plein les poches aux industriels alors que les éleveurs peinent à se verser un salaire. Qu’en est-il vraiment ?

Produits laitiers : où va l’argent du beurre ?

En 2016, 10.000 producteurs de lait auraient mis la clé sous la porte, ruinés, tandis que les autres croulent sous les dettes. Face à ces exploitants, les multinationales du lait se partagent un gigantesque marché et ne cessent d’augmenter leurs prix : plus 16 % pour le lait et plus 25 % pour les fromages en 10 ans. Tant d’argent qui passe des poches des consommateurs aux industriels sans que les agriculteurs en voient la couleur.

Lactalis au-dessus des lois

Lactalis est le numéro 1 mondial du secteur. Première surprise révélée dans le reportage : l’entreprise ne fixe pas ses prix à l’avance. En effet, une fois le lait produit par les éleveurs, c’est Lactalis, leur client, qui donne le prix d’achat et il n’y a pas de négociation possible ! C’est un peu comme si, vous alliez travailler sans savoir quel salaire vous auriez à la fin du mois, et autant vous le dire, il sera au ras des pâquerettes. On comprend donc pourquoi autant d’éleveurs Lactalis mettent la clé sous la porte…

Élise Lucet chez un éleveur Lactalis (en vidéo)

On apprend ensuite que Lactalis ne publie pas ses comptes, alors c’est obligatoire et prévu par la loi, tout comme une amende de 2 % du chiffre d’affaires par jour de retard… Or, ceci qui ne serait à priori pas valable pour Lactalis qui se met au-dessus des lois !

Plus étonnant encore, les journalistes de Cash Investigation révèle un véritable conflit d’intérêts dans cette histoire de déclaration : le vice-président du tribunal de commerce de Laval (ville où siège Lactalis), chargé de faire publier ses comptes à l’entreprise, ne serait autre qu’un haut cadre de Lactalis. Cela va s’en dire, il y a quelque chose qui cloche ! Pourquoi la justice ne fait rien ?

Rencontre avec le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert

Dans la suite du reportage, Élise Lucet met les pieds dans le plat sans attendre. Le Ministre de l’Agriculture avoue savoir que l’entreprise Lactalis ne publie pas ses comptes, que ça le dérange et que « ça sera fait ». On apprend aussi que cette demande avait déjà était faite par son prédécesseur et que rien n’avait changé. Enfin, lorsque le conflit d’intérêt lui est présenté, Monsieur Travert dénonce cette situation qui « peut proposer problème« . Oui en effet, on s’en doutait un peu…

Que fera t-il concrètement dans les prochaines semaines contre Lactalis, l’entreprise hors la loi ? L’avenir nous le dira !

Quelles sont les marques Lactalis ?

Sodiaal, l’amour n’est pas dans le pré

Après tant d’opacité et de secret avec Lactalis, les journalistes recherchent des réponses dans les rayons. D’après la communication et le marketing faits sur les produits, la solution pour les éleveurs et pour les consommateurs désireux de faire des achats responsables serait à priori la coopérative. Dans cette dernière, sans patron milliardaire, les agriculteurs se partageraient les bénéfices.

Et il en existe justement une : Sodiaal, la plus grande coopérative laitière française, maison mère des produits Yoplait et Candia, n°2 après Lactalis. Fondée par les éleveurs pour les éleveurs, Sodiaal semble malheureusement aussi d’avantage préoccupé par sa rentabilité financière que par ses adhérents.

Et certains éleveurs de coopératives baissent aussi les bras…

Bien sur, tous les éleveurs de Sodiaal ne vivent pas des situations similaires. Mais partant à la rencontre d’autres éleveurs de cette coopérative, les journalistes de Cash Investigation découvrent que Sodiaal a toujours été le plus mauvais payeur.

Et même pire, alors que produire 1.000 litres de lait coûterait 340 euros à un agriculteur, Sodiaal ne lui proposerait que 293 euros à l’achat, soit 57 euros de manque à gagner tous les 1.000 litres, soit une perte de 57.000 euros par éleveur et par an. En fait, si la coopérative reverse bien tous ses bénéfices déclarés à ses agriculteurs, il semblerait qu’elle en dissimule une partie dans plusieurs de ses filiales, afin de faire grimper sa valeur.

En effet, en 2015, Sodiaal aurait reversé seulement 3,5 millions d’euros aux agriculteurs sur les 51 millions de bénéfices enregistrés par la coopérative.

Découvrez en direct via Planetoscope à quel rythme est produit le lait et sont consommés les produits laitier en France

Voici en résumé comment les deux plus grands géants de l’industrie laitière française se font de l’argent sur le dos des agriculteurs. Retrouvez davantage de détails et d’autres réponses à cette fameuse question « où va l’argent du beurre ? » en visionnant l’ensemble du reportage.

Illustration bannière : L’industrie du lait – © Anton Veselov
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