Le requin dans l’inconscient collectif véhicule toujours l’image du dangereux assassin mangeur d’hommes. Il faudrait voir à ne pas inverser les rôles : s’il y a une victime, c’est bien lui ! La pratique du shark finning par exemple, qui consiste à arracher l’aileron du requin avant de rejeter la bête agonisante à la mer illustre bien l’horreur que l’on est capable d’infliger aux squales.
Le commerce de l’huile de foie de requin est un phénomène moins connu mais tout aussi dévastateur. L’association Bloom qui oeuvre pour la conservation marine à travers une démarche de sensibilisation et de médiation scientifique des problématiques environnementales, vient de sortir une étude tout à fait inédite sur la production d’huile de foie de requin très largement utilisée en cosmétique, « Le prix hideux de la beauté ».
Le squalène, une énorme industrie
Photo : Bloom Association
Le squalène, extrait du foie de requin, est un lipide précurseur commun des hormones stéroïdes, aussi bien animales que végétales, et de quelques vitamines, comme la vitamine D. Il est présent dans de nombreuses membranes cellulaires dont il assure ainsi la fluidité. Il est particulièrement présent dans l’huile de foie de requin. C’est d’ailleurs de là qu’il tire son nom.
C’est en 1906 que le chimiste japonais Mitsumaru Tsujimoto en a fait la découverte. Le squalène est considéré comme un puissant antioxydant dont on se sert comme base pour certains compléments alimentaires.
Dans les cosmétiques, on utilise très largement son dérivé hydrogéné, le squalane qui ne rancit pas. Il sert d’émollient particulièrement efficace car, c’est un des principaux composants du sébum humain et il a une grande affinité avec la peau. On exploite beaucoup de squalanes végétaux (venant de l’huile d’olive par exemple), à l’échelle mondiale mais le squalane contenu dans les cosmétiques est largement issu de l’huile de foie de requin qui en regorge ; c’est particulièrement le cas des espèces des profondeurs.
Parfois même, les producteurs de squalane font passer le squalane de requin pour du squalane végétal, trompant sans vergogne les grands noms de la cosmétique.
Heureusement depuis 2011, les acheteurs ont la possibilité de vérifier l’origine du squalane très facilement et de manière peu coûteuse. Il en va d’ailleurs de leur responsabilité car il n’y a aucun moyen pour le consommateur final de s’assurer que la substance est réellement d’origine végétale.
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