Harcèlement scolaire : quelles solutions concrètes pour aider nos enfants ?

Votre enfant est victime de harcèlement scolaire ? Comment l’aider ? Comment lui apprendre à se défendre à l’école ? Découvrez les conseils de Florence Millot, psychologue et auteure de l’ouvrage « J’me laisse pas faire dans la cour de récré ».

Rédigé par Marie Mourot, le 21 Oct 2020, à 15 h 50 min
Harcèlement scolaire : quelles solutions concrètes pour aider nos enfants ?
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Au moins 1 enfant sur 10 serait victime de harcèlement scolaire, ce qui représente environ 700.000 élèves chaque année et ce, dès le premier degré. Le harcèlement se caractérise par des violences répétées qui peuvent être verbales, physiques ou psychologiques. À l’école, un enfant qui subit du harcèlement devient alors la victime d’un élève ou d’un groupe d’élèves. Il peut être confronté à des moqueries répétées, des injures mais aussi bousculé ou frappé, incapable de se défendre. Ce harcèlement, qui se poursuit souvent en dehors de l’enceinte scolaire (notamment sur les réseaux sociaux) a des conséquences extrêmement dramatiques pour ceux qui en sont victimes : phobie scolaire, anxiété, dépression, et même suicide.

Pour aider les enfants ainsi que leurs parents dans leur combat contre le harcèlement scolaire, Florence Millot a publié un petit manuel d’autodéfense émotionnelle, « J’me laisse pas faire dans la cour de récré » aux éditions Albin Michel.

Harcèlement scolaire, que faire ?

Il est parfois difficile pour nous, parents, d’aider notre enfant lorsqu’il est victime de moqueries répétées ou d’agressions verbales à l’école. Bien souvent, il arrive que nous ayons tendance à prendre cela à la légère, et même à trouver ces chamailleries de cour de récré plutôt banales. S’il n’est, bien sûr, pas question de s’alarmer tout le temps, mieux vaut prendre le temps d’écouter ce qu’il a à dire, au risque de le voir se renfermer sur lui-même. Alors, comment s’y prendre ? Comment l’aider à se défendre ?

harcèlement scolaire que faire

Comment aider notre enfant face au harcèlement scolaire ? © Lopolo

L’écouter et le rassurer

Votre enfant a besoin de se sentir en confiance. Si vous minimisez toujours ses chagrins d’école, il va penser que ce qu’il se passe n’est pas important. Il va alors essayer de se défendre tout seul puisque personne ne veut l’aider. Si la situation se détériore, il se peut alors qu’il n’ose pas en parler et qu’il garde sa peur pour lui.
Pour Florence Millot, il est essentiel de toujours lui prêter une oreille attentive, d’autant plus s’il change d’attitude. Et pour l’accompagner au mieux dans ce moment difficile, à nous, parents, de nous approprier ces 4 grands principes.

Le principe de la fenêtre ouverte

Cela consiste à créer une ouverture dans la tête de votre enfant. Dans certaines situation en effet, il arrive qu’un enfant ne sache pas réagir car il a l’impression que les personnes qui le harcèlent ont tous les pouvoirs et que rien ne pourra changer. Il n’a pas assez d’expérience et de vécu pour prendre du recul.

C’est à vous de le rassurer, de lui montrer que d’autres solutions sont possibles si la situation devient insoutenable, comme changer d’école par exemple. Ouvrir une fenêtre dans la tête de votre enfant lui permettra de mieux gérer les choses et de prendre confiance en lui. Il saura qu’une issue est possible.

Le principe de l’élévation

harcèlement scolaire

Parlez-lui de votre expérience à l’école © Monkey Business Images

Un enfant vit dans le présent et n’a pas de prise de recul sur la vie comme les adultes. Il faut donc que vous l’aidiez à se placer dans un contexte plus grand.
Comment ? En discutant avec lui, en parlant de votre expérience, des difficultés que vous avez peut-être vous aussi rencontrées avec d’autres enfants à l’école. Il comprendra ainsi que rien n’est définitif.

Le principe du filet dans la tête

Nombreux sont les enfants qui n’osent pas parler lorsqu’ils sont embêtés à l’école. Ils ont honte, peur d’être jugés ou peur qu’on ne les croit pas car le harcèlement scolaire est souvent invisible. Il est donc important de toujours dialoguer avec son enfant pour comprendre ce qu’il se passe. Il a besoin d’entendre que vous êtes prêt à intervenir à l’école si la situation ne s’arrange pas. Ainsi, il va commencer à se constituer son filet de sécurité dans la tête.

Le principe de l’exception

harcèlement scolaire

Ne plus se laisser faire © SpeedKingz

Bien entendu, notre rôle en tant que parents est d’apprendre à nos enfants à se conduire le mieux possible avec les autres et en société. Il est primordial de toujours condamner la violence et de placer des limites. Mieux vaut régler les choses en dialoguant qu’en frappant. Cependant, pour Catherine Millot, parfois, les mots ne suffisent pas. Si un enfant s’acharne sur le vôtre et que les adultes ne voient rien, il doit agir pour se défendre  : « il faut parfois être violent pour endiguer la violence de l’adversaire, mais cela doit rester une mesure exceptionnelle ». Votre enfant doit connaître ce principe d’exception : il peut et doit se défendre s’il n’a pas d’autres solutions.

coup de coeur

J’me laisse pas faire dans la cour de récré !
de Florence Millot

Toutes les clés pour déjouer le harcèlement à l’école et vivre sereinement son parcours scolaire.

À découvrir sur Cultura.com

 

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Rédactrice web freelance et maman de trois enfants, je me suis toujours sentie très concernée par l'écologie et le développement durable. Constamment en...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. Merci beaucoup de cet article qui traite d’un tabou, en dépit des grandes indignations médiatiques.
    Le harcèlement, ma fille , mon fils ,moi-même, ma soeur, mon frère, tous, nous l’avons subi.
    Ma fille de 17 ans a été harcelée au collège et au lycée.
    Elle a reçu des coups gratuitement dès qu’elle était sur le passage d’un garçon. Il a fallu que j’intervienne plusieurs fois auprès de la CPE pour que le garçon soit viré.
    Au lycée, il a fallu qu’elle quitte l’année en cours.
    Pour Mon fils, cela a démarré en CP.
    Nous avons subi pressions psychologiques ,surnoms ridicules à consonance sexuelle, et même coups répétés.

    Je voulais dire : mon fils de 11 ans a été récemment menacé de mort.
    Pourtant ,je l’ai effectivement changé d’école en CE2.
    Mais cette fin de CM2 est catastrophique.
    J’ai toujours réagi lors de signalements de violence et /ou d’agressivité.
    Là, j’ai fait intervenir la gendarmerie qui est venue dialoguer.

    Cet entretien avec la direction, les gendarmes et moi-même a été très éprouvant. Je tiens à dire que personne, je dis bien personne, n’accorde crédit à des dénonciations pourtant avérées.
    On édulcore, on relativise lors de ces réunions
     » bon, on ne t’insulte pas tous les jours? « , d’un ton agacé.
     » les menaces de mort doivent être répétées pour être caractérisées » Pour finir par me dire  » souvent , l’enfant rentre à la maison, et le parent pose des questions dirigées pour obtenir des réponses ».

    « Les ecchymoses sur les jambes? C’est votre enfant qui chute. »
    Le déni est une question centrale dans la question du harcèlement.
    Les adultes qui encadrent des groupes d’enfants ne se rendent pas compte de leur énorme responsabilité en terme de surveillance.

    Je vais vous dire ce que je pense, ce sujet n’est pas une priorité.
    Pourtant , c’est un sujet de santé publique.
    Aujourd’hui, j’ai mes deux enfants à la maison, ils ne veulent plus revenir à l’école, ils ont peur et sont suivis par une psychologue individuellement.
    Pour payer ces séances, je dois effectuer des heures supplémentaires.
    Qui se soucie d’une mère de famille qui fait 200h par mois pour réparer les dégâts causés par le milieu scolaire incapable de reconnaître une problématique majeure : les défauts de surveillance, le déni majeur des problématiques relationnelles et de leurs graves conséquences.
    On nous laisse là avec nos gamins détruits, qui ne dorment plus, qui ne mangent plus, qui vous parlent de suicide à 11 ans.

    Si j’avais su, oui, j’aurai parlé du recours exceptionnel de violence, merci de l’avoir fait dans votre article, car j’ai toujours défendu à mes enfants de frapper en réponse à une agression physique.
    Et voir son fils rentrer avec des hématomes sur les tibias tous les jours , cela fait très très mal.

    Merci.

  2. Merci d’avoir fait un article précis sur ce sujet, qui est très sensible pour les enfants, mais quand ils sont en situation d’harcèlement, ils gardent souvent tout pour eux et donc n’en parle à personne, cet article parle assez bien des problèmes et du sentiment de non-confiance en soi, mais je trouve qu’il est assez court et qu’il y a juste un point de vue et de ce que peuvent faire les parents et non les enfants. Il n’y a pas de témoignages, et je trouve que c’est essentiel pour un article sur ce sujet-là.

    • Marie Mourot

      Bonjour Michelle, merci pour votre commentaire. Vous trouverez dans la deuxième partie de l’article quelques pistes pour aider un enfant à se défendre face à son harceleur : il s’agit des techniques d’auto-défense émotionnelle. Pour en savoir davantage, je vous invite à lire le livre de Florence Millot, « Jme laisse pas faire dans la cour de récré ». Il est vraiment très bien fait et pourra certainement vous éclairer un peu plus sur le sujet. Très bonne fin de journée à vous.

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