Il attire celles et ceux qui désirent vivre une vie sociale plus riche, basée sur les échanges et le partage, tout en faisant des économies. Certains optent pour l’habitat participatif, d’autres pour la colocation. Panne économique oblige, en 2015, l’habitat collaboratif devient ‘mainstream’. Deviendrait-il la nouvelle norme ?
L’habitat participatif, une progression lente
Les particuliers souhaitant devenir propriétaires ont été confrontés à une dure réalité, à laquelle ils ne s’attendaient peut-être pas : prix au mètre carré indécents, spéculation foncière, techniques et matériaux de construction non adaptés à la protection de l’environnement et à la santé des habitants, recul des villes, inflation des transports, etc.
Certains reviennent du modèle traditionnel d’habitations individuelles dans des lotissements où chacun a son petit bout de jardin et où l’individualisme est à son comble.
Il est temps d’explorer d’autres solutions
L’habitat participatif en est une susceptible de séduire un grand nombre de familles souhaitant décider elles-mêmes de leur mode de vie (lire l’exemple de l’éco-logis Neudorf à Strasbourg).
Ces lieux de vie où habitent plusieurs personnes et/ou familles se distinguent des habitats traditionnels par :
- La possibilité d’accéder à un logement de qualité à un juste prix : économies réalisées sur l’espace, la suppression des intermédiaires, et la construction (l’autoconstruction est souvent privilégiée)
- Une action volontaire des individus souhaitant vivre de manière collective
- Des espaces privés dans lesquels l’intimité est préservée et des espaces communs autogérés
- Une envie commune de tisser des liens sociaux et de favoriser les échanges
- La réduction de l’empreinte écologique lors de la construction (utilisation de matériaux de construction écologiques et des énergies renouvelables) et par la suite, en privilégiant des initiatives telles que le covoiturage.

Les pionniers de l’habitat collaboratif ont enfin réussi à convaincre les partenaires institutionnels du bien-fondé de la démarche. Juridiquement, il est désormais plus facile de monter des projets grâce à la loi ALUR.
Malgré tout, quelques difficultés subsistent :
Intégrer l’habitat collaboratif aux pratiques d’urbanisme
Il faut que les collectivités territoriales jouent le jeu et réservent à l’écohabitat une partie du parc de logements à rénover et des terrains à bâtir. Cela contribuerait grandement à sensibiliser le grand public, les aménageurs et les promoteurs.
Lever les freins juridiques et financiers
Les banques et les notaires restent quelque peu frileux, notamment parce que les montages juridiques n’ont pas encore été adaptés à ce type de construction, surtout lorsque les individus menant le projet sont autopromoteurs.

Familiariser les différents acteurs
L’idéal, c’est de mettre en réseau les projets afin que les expériences des uns bénéficient aux projets des autres. Ainsi, constructeurs, architectes, banquiers et notaires seront moins craintifs lorsqu’ils se retrouveront face à ce genre de projet d’habitat participatif.
La loi ALUR, petit rappel
Bientôt une année de passée depuis le vote de la loi ALUR (devenue ensuite la loi DuflotAlur) le 24 mars 2014.
Désormais doté d’un statut juridique propre, l’habitat participatif devient plus accessible. La loi ALUR, dans le but de favoriser les initiatives innovantes des particuliers souhaitant habiter autrement, a instaurédeux statuts pour développer l’écohabitat : la coopérative d’habitants et la société d’autopromotion.
L’objectif était de créer de nouvelles formes d’accès au logement par l’habitat participatif, défini comme « un regroupement de ménages mutualisant leurs ressources pour concevoir, réaliser et financer ensemble leur logement au sein d’un bâtiment collectif ». (source : http://www.la-loi-alur.org/)

De nouveaux projets commencent doucement à éclore, comme à Paris où la Mairie, après un long processus de quatre ans, a identifié des parcelles dédiées à l’habitat participatif et fixédes modalités d’attribution de subventions.Cette initiative des élus parisiens peut être saluée, car les opportunités foncières sont rares à Paris et les charges foncières d’un niveau assez bas.
Des associations telles que l’Association Nationale des Collectivités en matière d’Habitat Participatif (ANCHP), l’association Coordin’action et le Réseau des Acteurs Professionnels de l’Habitat Participatif (RAHP) se sont formées pour aider les individus dans leurs projets.