La concentration de gaz à effet de serre a augmenté à un rythme sans précédent durant l’année 2016, enregistrant un pic jamais atteint depuis 800 000 ans, annonce l’Organisation météorologique mondiale.
Les scientifiques de la prestigieuse institution onusienne tirent la sonnette d’alarme : la hausse précipitée de la concentration de CO2 et autres gaz responsables du réchauffement climatique depuis ces 70 dernières années, est sans précédent.
Par le passé, une concentration élevée de CO2 a déjà eu des conséquences néfastes
Le niveau de CO2 observé en 2016 était supérieur de 145 % à celui de l’ère préindustrielle (avant 1750). Cette concentration importante de gaz à effet de serre peut provoquer des changements sans précédent dans les systèmes climatiques, ce qui aurait pour conséquence « des perturbations écologiques et économiques de grande ampleur » apprend-on du dernier rapport annuel de l’Organisation météorologique mondiale. En cause, la pratique de l’agriculture intensive, une artificialisation rapide des terres, la déforestation, l’industrialisation et une exploitation accrue d’hydrocarbures.
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La dernière fois qu’une concentration de CO2 comparable a été enregistrée (il y a 3 à 5 millions d’années), la température était supérieure de 2 à 3 degrés par rapport au niveau actuel et le niveau de la mer dépassait de 10 à 20 mètres celui observé aujourd’hui, rappelle l’Organisation météorologique mondiale.
Les carottes de glace, un témoignage précieux pour les climatologues
Les gaz à effet de serre ne se résument pas au seul CO2. Le rapport mentionne aussi le méthane, dont la concentration a atteint un nouveau pic en 2016 : 257 % au-dessus du niveau de l’époque préindustrielle. Ce gaz, dont 60 % du volume dans l’atmosphère est d’origine humaine (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges, combustion de biomasse…), contribue à hauteur de 17 % à la force destructrice des gaz à effet de serre (dite « forçage radiatif« ).
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Les données présentées dans le rapport ont été collectées sur terre mais aussi à bord d’avions et de navires grâce à des mesures réalisées dans 200 sites différents à travers 51 pays. Une partie des données provient des bulles d’air capturées dans des carottes de glace très anciennes. « À la différence de la majorité des reconstructions paléoclimatiques, ce n’est pas une preuve indirecte mais un témoignage immédiat de l’état de l’atmosphère à une période historique donnée » peut-on lire dans le rapport.
Or, comme le rapporte le secrétaire général de l’OMM, le Finlandais Petteri Taalas : « Le CO2 persiste dans l’atmosphère pendant des siècles et dans l’océan, encore plus longtemps. Selon les lois de la physique, la température sera nettement plus élevée et les phénomènes climatiques plus extrêmes à l’avenir. Or, nous n’avons pas de baguette magique pour faire disparaître cet excédent de CO2 atmosphérique. » Notre planète va donc devenir de moins en moins hospitalière !
Illustration bannière :Pollution à New-Dehli (Inde) en décembre 2016 – © Hung Chung Chih Shutterstock