En cette saison, nombreux sont les articles à arborer de la fourrure. Or suite aux multiples vidéos choc sur l’élevage des animaux à fourrure, on n’a pas du tout envie de participer à tant de cruauté. Mais se rabattre sur la fausse fourrure n’est peut-être pas une si bonne idée ! Explications.
Paradoxe des prix, ce qu’on prend pour de la fausse fourrure s’avère parfois être de la vraie, les étiquettes trompant le consommateur…
Protection animale : la fausse fourrure est parfois vraie
Certaines personnes, notamment les personnes vegans, considèrent qu’il vaut mieux ne pas porter de fourrure, même fausse, et ce afin de ne pas inciter à la consommation et donc à l’élevage et au massacre d’animaux dans ce but(1).
Est-ce de la fausse ou de la vraie fourrure ? © nnattalli
La plupart du temps, si on choisit de porter de la fausse fourrure, ce n’est pas seulement pour le prix, c’est aussi pour avoir un ornement de fourrure sans aucune souffrance animale derrière(2). Pourtant, le consommateur est parfois trompé.
Quand la fausse fourrure n’est pas synthétique
En 2015 déjà, une émission d’investigation américaine Today Show avait diffusé un reportage à ce sujet. Des échantillons avaient été prélevés dans divers magasins sur des vestes, des bottes, des manteaux, comportant tous un élément de soi-disant « fausse fourrure ».
Après analyses en laboratoire, il s’était avéré que tous les échantillons étaient en réalité de la vraie fourrure au lieu des matières synthétiques déclarées sur les étiquettes ! Cette enquête américaine avait révélé que ce n’était ailleurs malheureusement pas un cas isolé(3). Comment cela est-il possible ?
Quand le lapin et le coyote sont moins chers que le faux
En cause : le prix de la matière première. Si d’un point de vue écologique, la fausse fourrure est globalement meilleure(4), même si ce fait est parfois contesté du fait des matières employées(5). Le point de vue économique entre évidemment en ligne de compte. Fabriquer de la fausse fourrure revient parfois plus cher qu’acheter la vraie. Certaines espèces comme le coyote, le chien viverrin sont peu cher, lapin en tête, particulièrement bon marché comparé au prix de fabrication de la fausse.
Des conditions de captivité et d’abattage souvent inhumaines © bonzodog
Résultat : le faux de qualité, doux comme le vrai, est parfois animal. Certaines marques n’hésitent donc pas à faire baisser les coûts en étiquetant le vrai comme du faux.
De plus en plus de marques abandonnent la fourrure
De nombreuses marques, soucieuses d’utiliser de la fourrure et surfer sur une vision éthique du monde de la mode(6) ont été prises la main dans le sac. Bien entendu, elles renvoient la faute sur les fabricants, clamant que l’erreur se fait en usine. Du côté des fabricants, on parle de confusion sur les étiquettes ou même les supports de vente comme les sites internet. Les produits en question sont retirés, mais bien entendu, des milliers d’autres produits comportant de soit-disants « faux poils » sont toujours sur le marché.
Heureusement, de plus en plus de créateurs ont annoncé avoir renoncé à cette matière : Versace, Gucci, Armani, ou encore Ralph Lauren ou John Galliano… Espérons qu’ils fassent beaucoup d’émules !
Quelle attitude adopter ?
On peut bien entendu essayer de distinguer la vraie fourrure de la fausse. Le mieux, si on n’y parvient pas ou si on souhaite abolir ce système, reste probablement d’éviter toute fourrure, même fausse.
Comme ces activistes à la Fashion Week de Londres, renonçons à toute forme de fourrure © Ian Davidson Photography
Est-ce que vous avez déjà rencontré des articles de mode de ce genre ? Pensez-vous qu’on devrait interdire même la fausse fourrure ?
Références :
- Ce débat court d’ailleurs depuis de nombreuses années, et rejoint celui sur les simili-carnés comme le montre cet article : Turner, Susan M. « Beyonde Viande : The Ethics of Faux Flesh, Fake Fur and Thriftshop Leather. » Between the Species 13.5 (2005) : 6. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Sur la culture de la fourrure, voir notamment Emberley, Julia. The cultural politics of fur. Cornell University Press, 1997. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Les étiquettes et les méthodes de production sont débattues depuis une grosse dizaine d’années, voir notamment cet article en anglais : Wakefield, Isaac P. « Drop Dead Stylish : Mitigating Environmental Impact of Fur Production Through Consumer Protection in the Truth in Fur Labeling Act of 2010. » Penn St. Envtl. L. Rev. 19 (2011) : 267. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Ramchandani, Mukta, and Ivan Coste-Maniere. « To Fur or not to fur : Sustainable production and consumption within animal-based luxury and fashion products. » Textiles and clothing sustainability. Springer, Singapore, 2017. 41-60. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Tsunoda, Akane. Is faux fur fake ? The success of the faux fur industry through the animal rights movement and media. Diss. 2019. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Murphy, Paige. « The faux fur revolution. » Ragtrader Jun 2019 (2019) : 24. (Cliquez sur cette source pour remonter)