Enquête L214 : l’élevage de poules au sol, une fausse alternative à l’élevage intensif

La part des poules élevées dans des élevages intensifs a certes diminué considérablement ces dernières années. Mais l’élevage « au sol », vanté par les éleveurs comme une bonne alternative, n’en est pas une en réalité, avertit l’association L214.

Rédigé par Anton Kunin, le 22 Apr 2021, à 11 h 58 min
Enquête L214 : l’élevage de poules au sol, une fausse alternative à l’élevage intensif
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Si vous vous demandez à quoi correspond le code commençant par « 2 » imprimé sur les oeufs, l’association L214 publie aujourd’hui une enquête assortie d’une vidéo et d’une pétition, sur les poules élevées « au sol ».

Élevage « au sol » : les conditions que subissent les poules sont atroces

À la fin de la dernière décennie, l’ensemble de la grande distribution s’est engagée à éliminer les oeufs de poules en cage (code oeuf 3) de ses rayons et de ses produits transformés au plus tard en 2025. Plusieurs enseignes ont banni les oeufs de poules en cage de leur marque propre dès 2020. En réponse à cette mue, une méthode d’élevage « alternative » s’est développée : on l’appelle « élevage au sol ». Quasiment inexistante il y a une dizaine d’années, cette méthode d’élevage concernait 2,8 millions de poules en 2016, puis 6 millions en 2020.

En quoi consiste-t-elle ? Les poules (parfois jusqu’à 100.000) sont entassées dans des cages en métal géantes de plusieurs étages, le tout dans un bâtiment fermé de plusieurs dizaines de mètres de long. Elles n’ont ni paille ni litière : elles ont les pattes sur le grillage, ce qui est douloureux. Promiscuité oblige, elles souffrent de stress et maladies provoquant du « picage » entre poules et du cannibalisme. Les poules malades ne sont jamais soignées individuellement : n’ayant pas la force de marcher jusqu’à la mangeoire, elles meurent, et les cadavres gisent au milieu des poules vivantes. Enfin, les « nids, » obligatoires en vertu de la réglementation, sont composés d’un simple tapis plastique sur le grillage.

Deux députés signent une tribune contre l’élevage intensif

élevage de poules au sol

Élevage au sol, élevage intensif, peu de différence – © Cherries

En plus de son appel aux élevages à opérer une transition vers des méthodes plus respectueuses du bien-être animal, l’association L214 en appelle aux marques d’oeufs en dénonçant le décalage qui existe entre marketing et réalité. En effet, plusieurs marques d’oeufs au code « 2 » présentent sur l’emballage des images rustiques, comme une poule tranquillement assise sur un lit de paille. Des images qui n’ont bien sûr rien à voir avec la réalité.

Pour en savoir plus et signer la pétition, rendez-vous ici

La parution de cette enquête coïncide avec la celle d’une tribune dans Le Monde, signée par le député (LRM) Loïc Dombreval et Pascal Durand, député européen et Louis Schweitzer, président de la Fondation droit animal, éthique et sciences. Les trois signataires prônent l’abandon de l’élevage intensif et le retour aux pratiques agricoles traditionnelles, respectueuses du bien-être animal. « La focalisation sur le résultat, et non sur la méthode, a conduit à une course effrénée aux prix les plus bas. […] Il nous faut empêcher la création de nouveaux élevages intensifs impactant négativement l’environnement et le bien-être animal pour redéployer les systèmes polyculture-élevage, permettant de rapprocher les productions animales et végétales et de jouer la complémentarité, au bénéfice d’une agroécologie performante profitant à l’homme et à l’animal, » écrivent-ils.

Illustration bannière : Élevage de poules au sol – © Seven land
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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