Tout juste nés, les bébés ont déjà des préférences gustatives ! Comment est-ce possible ? Ce goût va-t-il évoluer ? Sera-t-il le même que celui des parents ? Voilà de quoi répondre à toutes ces questions sur la naissance de notre sens le plus complexe.
Nourrir son bébé de façon à lui apprendre le « goût des bonnes choses » s’avère parfois être un véritable parcours du combattant. Sans stress, voyons ici comment diversifier sa nourriture.
La diversification : l’étape clé du goût
Selon l’enquête Opaline de l’Observatoire des préférences alimentaires des nourrissons et des enfants menée par l’INRA pendant 6 ans et rendue publique en 2012, 90 % des bébés ont des réactions positives et très positives quand on leur présente de nouveaux aliments lors de la diversification alimentaire !
De quoi rassurer les parents inquiets… Mais il y a quelques observations dont il faut qu’ils profitent pour que tout se passe bien par la suite pour le développement du goût de leur enfant. Pour les légumes notamment.
Comment faire aimer les légumes ?
Voilà les observations des chercheurs de l’étude Opaline pour que la réaction des enfants soit très favorable à l’introduction des légumes :
- introduire les légumes tôt : à 5 mois au lieu de 6 mois (cette observation n’est pas vraie pour les autres familles d’aliments, fruit, viandes, poisson, céréales) ;
Lire aussi : comment le goût vient-il aux bébés ?
- avoir une grande variété légumes et de fruits (ici, c’est valable).
« La variété des fruits et légumes introduits a un effet promoteur sur l’appréciation des aliments nouveaux au début de la diversification. Mais il faut un aliment nouveau tous les jours », insiste Sophie Nicklaus, chercheuse à l’INRA.
C’est d’autant plus important que la scientifique a remarqué que les enfants qui mangent beaucoup de légumes au cours de la diversification en mangeront beaucoup lorsqu’ils seront plus grands. Et l’inverse se vérifie aussi… Autrement dit, l’appréciation des légumes est en partie acquise avant 3 ans !
D’une manière générale, au moment de la diversification, les bébés n’oublient pas leurs premières préférences. Les aliments nouveaux seront toujours mieux acceptés s’ils sont « teintés de familiarité », souligne Benoit Schaal. Ce sont des céréales humectées avec du lait maternel, par exemple. Ou du jus de carotte si leur maman en a beaucoup bu pendant sa grossesse(2).
L’importance de la répétition
Le rôle de la répétition des expositions alimentaires est fondamental. Plus on présente un aliment à un bébé, plus il finira par l’accepter et surtout par l’apprécier.
L’étude Nutri-bébé SFAE 2013 sur l’alimentation des jeunes enfants de 0 à 3 ans montre que les parents se découragent trop vite quand les enfants refusent de goûter des aliments nouveaux.
« Or, pour former le goût, il ne faut pas hésiter à proposer plusieurs fois la même chose, en douceur, et dans un climat de douceur », explique Jean-Pierre Corbeau, professeur de sociologie à Tours.
Plusieurs fois, c’est combien exactement ? « Il faut proposer au moins 8 à 10 fois le même aliment, et non pas seulement 3 à 5 fois pour qu’il soit apprécié », insiste Sophie Nicklaus.
L’autre élément important dont parle Jean-Pierre Corbeau est aussi le climat du repas. Il doit être calme et incitatif, mais surtout pas permissif, ni coercitif, pour que l’alimentation soit synonyme de plaisir et de partage, et non pas d’interdit et chantage. Le comportement alimentaire commence dès cet âge là.
Lire page suivante : le paradoxe de la famille : la personnalisation du goût
Références :
- Schaal B., Marlier L. et R. Soussignan, 2000. Human foetuses encode odors from their pregnant mother’s diet, Chemical Senses, 25, 729-737 (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Schaal B., Marlier L. et R. Soussignan, 2000. Human foetuses encode odors from their pregnant mother’s diet, Chemical Senses, 25, 729-737 (Cliquez sur cette source pour remonter)