Les autorités danoises ont ordonné l’abattage de l’ensemble des visons sur l’ensemble des élevages du territoire à cause d’une mutation du coronavirus.
Les visons sont très réceptifs au SARS-CoV-2, le virus à l’origine du Covid-19. Des cas de transmission du vison à l’homme ont également été rapportés.
Une mortalité particulièrement élevée de visons captifs a débouché sur une enquête
L’élevage de visons est une activité importante au Danemark : de nombreux pays achètent leurs peaux, utilisées dans l’industrie de la fourrure. Mais leur élevage va devoir s’arrêter : face à des flambées de cas de Covid-19, qui touchent aussi cette espèce animale, le gouvernement danois a décidé d’ordonner l’abattage de l’ensemble de la population captive de visons. Le millier d’élevages de visons que compte ce pays vont donc devoir tuer leurs animaux dans des chambres à gaz.
La décision n’a pas été facile à prendre, l’enquête qui y a mené a pris plus de six mois. La première alerte avait été donnée les 19 et 20 avril 2020 : dans deux élevages différents, les éleveurs avaient alors fait part de symptômes respiratoires et d’une mortalité particulièrement élevée chez leurs visons. Une analyse sous microscope des tissus des visons décédés a par la suite permis de diagnostiquer une pneumonie interstitielle, et les prélèvements dans les poumons étaient positifs aux tests PCR pour le Covid-19. Le 6 mai 2020, le même diagnostic a été posé à des visons décédés dans deux autres élevages. Curieusement, à la différence des trois premiers élevages, dans la quatrième les visons testés positifs au SARS-CoV-2 n’avaient pas de symptômes au moment du dépistage, mais les ont développés par la suite. De plus, les prélèvements effectués après la fin des symptômes étaient toujours positifs au SARS-CoV-2.
Les visons sont capables de transmettre le SARS-CoV-2 aux humains
Pourquoi est-ce si grave ? Le séquençage du génome du virus trouvé chez les visons et chez les salariés de ces élevages a montré que ces derniers ont contracté le virus suite a leurs contacts avec les visons. Et ce n’était pas nécessairement une transmission par salive ou écoulements nasaux aéroportés : les scientifiques estiment que ces infections avaient pu se produire à la suite de l’aspiration par les humains de poussière contenant de la matière fécale infectée.
Il s’agit donc du premier cas connu de transmission du SARS-CoV-2 d’animaux captifs à des humains. (Par le passé, des chats, des chiens, des tigres, des hamsters, des furets et des macaques avaient été testés positifs au Covid-19, après contact avec des humains porteurs du virus. Mais aucun cas de transmission du virus de ces espèces à l’homme n’avait été identifié.)
Illustration bannière : est accusé de propager une version mutante du coronavirus © Lynsey Grosfield