Depuis une dizaine d’années, le thon rouge connaît une baisse massive de sa population. Malgré une forte sensibilisation de la part des ONG, la surpêche se poursuit encore et toujours, ce qui risque à terme, d’entraîner la disparition totale de l’espèce.
Une demande et une pêche toujours importante malgré des réglementations
Le thon rouge est une espèce de thon caractérisée par la couleur rouge de sa chair, comptant parmi les plus grosses espèces de thons. Deux de ces espèces sont pourtant menacées par la surpêche et ce depuis de nombreuses années.
Une pêche moins intense ces dernières années
En 2010, lors de la Conférence de Doha le gouvernement monégasque demandait officiellement d’inscrire le thon rouge à l’annexe I de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Cela conduirait à l’interdiction du commerce international de l’espèce.
Sans surprise, le Japon, représentant à lui seul 80 % de la consommation mondiale de thon rouge, exerce alors un puissant lobbying et conduit à un vote négatif de la CITES.
Grâce aux débats et à une forte couverture médiatique internationale, ce vote a éveillé les consciences de tous les acteurs de la filière. Cela a conduit la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta) à baisser les quotas de pêche de 28.500 tonnes à 12.900 tonnes par an, s’alignant ainsi sur les recommandations des scientifiques et des acteurs de la conservation.
Quotas trop stricts pour les pêcheurs : ils obtiennent gain de cause
Malheureusement, et c’est une première depuis 2007, le quota de pêche au thon rouge en Méditerranée et dans l’Atlantique devrait être augmenté de 20 % par an entre 2015 et 2017. Ce quota s’élèverait annuellement à 16.142 tonnes en 2015, puis 19.296 tonnes en 2016. L’ONG WWF, observatrice durant la réunion, rappelle que ces quotas avaient d’abord pourtant été revus à la baisse, passant de 32.000 tonnes en 2002 à 13.500 tonnes en 2014.
Le quota pour 2017, établi pour l’instant à 23.155 tonnes, sera réexaminé sur la base d’une nouvelle évaluation du stock prévue pour 2016.
Et en France ?
Il faut savoir qu’en France, le thon rouge est beaucoup moins courant que le thon blanc ou le thon albacore. Il y a même très peu de chances que vous mangiez du thon rouge dans les restaurants japonais. Ils l’ont totalement banni de leur carte, de la même manière que les restaurateurs traditionnels français, les Relais et Châteaux et les distributeurs tels que Auchan et Casino, qui se sont engagés à ne plus en présenter.
En France on mange clairement plus souvent son congénère, le thon albacore, une des espèces de thon les plus commercialisées au monde. Celui-la souffre d’un problème de répartition… Selon WWF, le stock des océans Atlantique et Indien diminue petit à petit, alors que la même population de thons albacores de l’océan Pacifique est encore, elle, très nombreuse. C’est donc la provenance qu’il faut surveiller.
La demande mondiale ne baisse pas
Jean-marc Fromentin, spécialiste en écologie marine et halieutique à l’Ifremer, expliquait à 20minutes que la demande du marché de thon rouge est encore importante. Sa valeur commerciale reste très élevée : « nous avons toujours besoin de contrôle« .
Si le thon rouge n’est quasiment pas distribué en France, pas plus que dans beaucoup d’autres pays, son avenir reste malgré tout très incertain par une pêche excessive, voire souvent illégale, rappelle le WWF. 80 % des prises de thon rouge en Méditerranée sont toujours destinées au marché japonais, où les prix de vente peuvent atteindre des sommets – en 2008 le thon rouge de 128 kilos a été vendu 75.000 euros !
Malgré tout, ne voyons pas tout en rouge… Depuis 2012, une augmentation de biomasse de thon rouge a été enregistrée, grâce notamment à la mobilisation de l’opinion publique par les ONG et les rapports scientifiques alarmants, le plan de reconstitution de la population de thon rouge a été renforcé et a permis l’inversion de la tendance et l’arrêt de la décroissance dangereuse de la biomasse. Le problème pourrait donc s’atténuer, mais il semble un peu tôt pour augmenter les quotas.
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