Le changement climatique permet aux groupes armés terroristes de prospérer dans des régions où les populations sont vulnérables.
D’après une récente étude, le changement climatique crée des conditions favorables à l’émergence et à la croissance des groupes armés terroristes ou affiliés au crime organisé.
Le changement climatique favorise la violence des groupes armés
Dans une étude(1) publiée ce jeudi 20 avril 2017 intitulée Insurgency, Terrorism and Organized Crime in a Warming Climate, des chercheurs allemands se sont intéressés à la relation entre le réchauffement climatique et la violence des groupes armés non étatiques, qu’ils soient terroristes ou relèvent du crime organisé. Quatre cas particuliers ont été étudiés : Boko Haram dans la région du lac Tchad, l’État islamique en Syrie, les Talibans en Afghanistan et la violence urbaine et le crime organisé au Guatemala, afin d’explorer le rôle que jouent les groupes armés non-étatiques dans les dynamiques de changement climatique et de fragilisation des États.
Ces études de cas ont permis de montrer qu’à mesure que le climat change, les conditions dans lesquelles ces groupes armés évoluent changent elles-aussi. « Les risques complexes résultant du changement climatique, de la fragilité, et de la conflictualité peuvent contribuer à l’émergence et la croissance des groupe armés non-étatiques », indique le rapport. Les chercheurs précisent qu’il n’existe pas forcément de lien direct entre le changement climatique et les violences ou conflits liés aux groupes armés, mais notent que « le changement climatique et environnemental à grande échelle crée un environnement dans lequel les groupes armés peuvent prospérer et ouvre des espaces qui facilitent la poursuite de leurs stratégies ».
Au lac Tchad, le changement climatique accroît la vulnérabilité des populations
Prenons le cas du lac Tchad : la rareté des ressources qui découle du changement climatique intensifie la compétition pour l’eau et la terre, compétition qui nourrit les tensions sociales et même parfois des conflits violents. Dans le même temps, la rareté des ressources conduit à une augmentation de la pauvreté et du chômage de ceux qui vivaient de leur exploitation et engendre des déplacements de population.
C’est dans ces situations de fragilité extrême que prospèrent les groupes armés et terroristes comme Boko Haram. Dans un contexte d’autorité et de légitimité contestées, Boko Haram peut opérer plus facilement et s’engager non seulement dans des actions violentes, mais aussi dans le crime organisé transnational. Dans le même temps, comme le changement climatique dégrade les rendements de l’agriculture, de l’élevage du bétail et de la pêche, certaines personnes peu éduquées se retrouvent sans activité dans un environnement présentant peu d’opportunités économiques. Cela les rend doublement vulnérables : aux impacts négatifs du changement climatique d’une part, et au recrutement des groupes terroristes comme Boko Haram d’autre part.
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