Il y a trop de cocaïne dans les rivières pour les anguilles !

Déjà menacées par les changements climatiques, le plastique et la surpêche, les anguilles d’Europe font face à un nouvel ennemi : la cocaïne. La drogue endommagerait leur cerveau et leurs muscles et diminuerait par conséquent leur capacité de déplacement. Impossible pour elles alors de se reproduire à des milliers de kilomètres.

Rédigé par MEWJ79, le 25 Jun 2018, à 10 h 00 min
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Les anguilles d’Europe, qui évoluent dans les bassins d’eau douce, seraient menacées par la présence trop importante de cocaïne dans l’eau, selon une étude menée à l’université italienne de Naples-Frédéric II.

L’anguille menacée par la présence de cocaïne dans l’eau douce

L’anguille d’Europe est gravement menacée. Et une fois de plus, l’Homme est le responsable. On le sait déjà, le plastique est un fléau pour les animaux marins, mais selon les chercheurs, une nouvelle menace plane. En effet, selon une étude de  l’université de Naples-Frédéric II, publiée le 4 juin dans la revue Science of the Total Environment, la baisse spectaculaire du nombre d’anguilles serait liée à la présence surprenante de cocaïne dans les eaux(1) des rivières.

Pour rappel, les anguilles vivent dans les cours d’eau douce, partout en Europe. Elles suivent un schéma reproducteur immuable : elles migrent vers l’océan Atlantique (et la mer des Sargasses) pour procréer avant de mourir. Les nouveaux-nés, eux, remontent dans le sens inverse. Mais ce cycle est menacé, selon les scientifiques.

Pour mener à bien leurs travaux, ils ont étudié 150 anguilles qu’ils ont divisées en trois groupes composées de cinq sous-groupes de dix. Puis ils les ont exposées directement à la cocaïne, avec la même concentration que dans leur habitat naturel, soit 20 milliardièmes de gramme par litre (20 ng / l) d’eau et ce, pendant 50 jours.

Dégradation du tissu musculaire et hyperactivité

Au final, la cocaïne rend les anguilles hyperactives car la drogue s’accumule dans leur cerveau, leur peau et leurs muscles, ce qui altère les fonctions principales de l’animal, selon la biologiste Anna Capaldo, auteur principale de l’étude au National Geographic(2). Autre conséquence dramatique pour les anguilles : une dégradation du tissu musculaire.

De plus, même après une « cure de désintoxication » de 10 jours, les anguilles avaient toujours des muscles endommagés et des niveaux de cortisol accrus. Cette hormone du stress peut causer le gaspillage de graisses, dont les anguilles européennes ont besoin pour réussir leur migration vers la mer des Sargasses et se reproduire.

En outre, plusieurs études ont relevé la présence de cocaïne dans les fleuves et rivières d’Europe, ainsi que de nombreuses autres substances polluantes telles que métaux lourds, antibiotiques ou encore pesticides.

À Londres, les chercheurs ont trouvé 17 milliardièmes de gramme (17ng/l) de benzoylecgonine (un métabolite excrété dans l’urine des consommateurs de cocaïne) par litre dans la Tamise. Dans l’Arno, fleuve traversant la ville transalpine de Pise, on a retrouvé 183 milliardièmes de gramme de benzoylecgonine (183n/l) ainsi que 44 milliardièmes de cocaïne par litre (44ng/l).

Et la scientifique italienne de conclure : « Nous ne connaissons pas les conséquences des associations de telles substances, mais cela peut clairement avoir des conséquences sur la santé ou la survie des anguilles ».

Illustration bannière : Anguille commune – © Rostislav Stefanek
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

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