Dans la nuit de samedi à dimanche, il faudra ajouter 60 minutes à l’heure légale. À 2h, il sera alors 3h. On parle de la fin du changement d’heure dans l’Union européenne depuis 2018, mais avec les crises qui se succèdent, ce dossier reste en suspens.
Mais ce changement d’heure qui divise l’opinion française et européenne depuis des années a-t-il des conséquences sur nous et notre environnement ?
Changement d’heure, un rituel historique
Pour la petite histoire, cette idée de d’avancer ou reculer les aiguilles de l’horloge a été proposée par l’inventeur et homme politique américain, Benjamin Franklin. Le changement d’heure a été instauré en France à la suite du choc pétrolier de 1973-1974, mettant en application le fameux slogan de l’époque « on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ».
Depuis 1998, les dates de changement d’heure ont été harmonisées au sein de l’Union européenne. Dans tous les pays membres, le passage à l’heure d’été s’effectue le dernier dimanche de mars et le passage à l’heure d’hiver, le dernier dimanche d’octobre.
Des éléments qui font débat
L’objectif principal du changement d’heure est principalement de faire correspondre au mieux les heures d’activités avec les heures d’ensoleillement pour limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel et du chauffage, aussi bien dans les foyers que dans les entreprises.
En France, les activités sont beaucoup plus importantes en fin de journée, entre 18h et 19h. Ce décalage permettrait donc de mieux faire coïncider les heures d’éclairage naturel et les habitudes de consommation des citoyens.
Une heure de plus en été, une heure de moins en hiver – © 2M media
En 2009, le changement d’heure aurait ainsi permis d’économiser 440 GWh en éclairage, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 800.000 ménages. Les chiffres plus récents (2016) mesurent cette économie à 351 GWh par an, soit 0,07 % de la consommation totale. Une baisse qui s’explique notamment par « l’amélioration continue de la performance des systèmes d’éclairage et à l’ambition croissante des politiques énergétiques », selon l’ADEME.
Des économies bien réelles donc, mais toutefois marginales, selon les conclusions du Service de Recherche du Parlement Européen (EPRS) pour 2017 : l’impact du passage à l’heure d’été sur la consommation énergétique est faible (entre 0,5 et 2,5 % selon les pays).
Parmi les Français, 59 % estiment toutefois que le changement d’heure ne permet pas de réaliser de réelles économies, mais la majorité d’entre eux ne connaissent pas le prix d’une heure d’éclairage (pour connaître le coût mensuel de son éclairage, il suffit de multiplier le prix au kWh par la consommation d’électricité mensuelle).
À l’heure actuelle, on ne peut pas déterminer avec précision d’où viennent les économies (minimes), cela varie en fonction du comportement des ménages, de l’isolation et surtout du développement massif des appareils basse consommation.
Un autre point à mettre en avant, l’ensoleillement renforcé en heure d’été et l’usage de la climatisation peuvent fausser les données.
Des conséquences pour la santé et l’environnement
L’argument principal des détracteurs de l’heure d’été est que le changement d’heure serait plus néfaste sur la santé que le décalage horaire lié aux changements de fuseaux lors des voyages.
Nombreux sont en effet les Français qui pensent que le changement d’heure a des répercussions sur leur sommeil, leur alimentation ou encore leur humeur. Contrairement au passage à l’heure d’hiver, le passage à l’heure d’été priverait l’organisme d’une heure de sommeil.
De nombreux Français estiment que le changement d’heure a des répercussions sur leur sommeil, leur alimentation ou encore leur humeur – © Paul Maguire
Plus inquiétant, le nombre d’infarctus augmenterait après le changement d’heure d’été. Le rythme circadien, qui règle notre corps dans le temps selon des cycles de 24 heures, serait indirectement perturbé. Cette perturbation de notre rythme biologique pourrait provoquer des problèmes de sommeil, de sautes d’humeur, de stress, voire même de dépressions
Il a ainsi été observé que le nombre d’infarctus augmenterait de 5 % dans la semaine qui suit le passage à l’heure d’été. Une augmentation qui est due à la modification de la durée du sommeil juste avant la reprise d’une nouvelle semaine de travail.
Les écoles, les crèches, les hôpitaux, les maisons de retraite seraient particulièrement confrontés à ces problèmes d’adaptation, car les plus jeunes et les plus âgés sont les plus sensibles au décalage de l’heure du coucher et du lever.
Des effets sur l’environnement ?
De nombreux opposants déclarent que le changement à l’heure d’été aurait aussi des effets négatifs sur l’environnement. Cela provoquerait des pics d’ozone car la circulation et l’activité industrielle commencent plus tôt et coïnciderait avec les heures les plus chaudes de la journée.
Mais l’ADEME, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, s’insurge contre ces arguments en indiquant que les études réalisées n’ont pas montré de résultats significatifs.
Les preuves d’un effet négatif sont donc limitées. Par contre, quoi qu’on en dise, ce changement à l’heure d’été est aussi perçu positivement par une grande partie de la population, comme annonciateur de l’arrivée du printemps et de soirées plus longues. Il y a finalement quelque chose d’hédoniste dans ce rituel qui dépasse la simple question économique.
En 2018, la Commission européenne a sollicité l’avis des européens. 4,6 millions de citoyens, dont 2,1 millions de français, ont participé à la consultation en ligne « Pour ou contre le changement d’heure ? » : 84 % ont voté contre(1).
Le 26 mars 2019, à 410 voix contre 192, les députés européens ont donc voté la suppression du changement d’heure saisonnier dans l’UE dès 2021.
Mais… la crise sanitaire est passée par là et le calendrier a volé en éclat. Reste encore à chacun des 27 pays à choisir le fuseau commun : l’heure d’hiver ou l’heure d’été. Or le texte sur la fin du changement d’heure « n’est plus à l’ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche »(2).
Et vous, qu’en pensez-vous ? Êtes-vous de ceux qui ont voulu supprimer le changement d’heure ? Ou au contraire, est-ce un moment de l’année que vous appréciez ? Préféreriez-vous rester à l’heure d’été ou à l’heure d’hiver ?
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : On avance la pendule d’une heure ce dimanche dans la nuit – © New Africa