Si on parle souvent de la disparition des espèces emblématiques et de la nécessité de les protéger, on oublie que la 6e vague d’extinction en cours concerne également la faune et la flore qui nous entourent : notre biodiversité ordinaire !
L’effondrement de la biodiversité est un phénomène désormais largement connu même s’il est encore difficile d’en comprendre les conséquences autant écologiques, économiques que sociales. Une chose est cependant certaine, il est plus que temps de mettre la main à la pâte pour limiter le phénomène et inverser la vapeur ! Mieux comprendre et connaître la biodiversité c’est se donner les moyens de mieux la protéger. La chose est vraie pour toutes les espèces, même pour la biodiversité ordinaire… Car il ne faut pas attendre qu’elle soit elle aussi en danger pour agir.
Qu’est-ce que la biodiversité ordinaire ?
Le terme de « biodiversité ordinaire » est quelque chose de relatif dans la mesure où ce qui est ordinaire n’est pas forcément perçu de la même façon par les uns ou par les autres. Il reste néanmoins que l’on peut aussi la définir en opposition à la « biodiversité remarquable » : constituée des plantes et animaux peu répandus, en danger ou encore endémiques (que l’on ne trouve qu’à un endroit précis), souvent à l’origine de réserves, de parcs naturels, de zones Natura2000 ou autres zones de protections.
La biodiversité ordinaire représente ainsi la multitude de formes de vie qui participent au bon fonctionnement des écosystèmes au sens large, que ce soit au présent ou à l’avenir avec la capacité des organismes à évoluer ou à s’adapter.
D’un point de vue purement naturaliste il faut cependant bien dire qu’il n’existe pas vraiment de biodiversité ordinaire tellement le vivant est incroyable dès que l’on se donne la peine de l’observer de près.
Des millions d’années d’évolution et une masse incroyable de défis relevés afin de survivre en tant qu’espèce pour arriver à une forme de vie unique, là, devant nos yeux…
Le Parc Naturel des Écrins abrite une biodiversité ordinaire foisonnante – © Radu Razvan
Biodiversité ordinaire : l’urgence
Vous l’aurez compris, la biodiversité ordinaire, celle des plantes, animaux et micro-organismes locaux, joue un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes. Elle régule le climat, contribue à la qualité de l’eau et à la fertilité des sols, et offre une barrière naturelle contre les ravageurs. Sa préservation est cruciale pour notre sécurité alimentaire, car elle permet la pollinisation des cultures et l’adaptation aux changements climatiques. La perte de cette biodiversité fragilise les écosystèmes, augmentant le risque d’événements extrêmes tels que les inondations et la désertification. En outre, elle est une source de ressources médicales et de découvertes scientifiques potentielles.
Protéger cette biodiversité, c’est aussi préserver notre culture et notre lien avec la nature, qui a des effets bénéfiques sur la santé mentale et le bien-être. Chaque espèce joue un rôle, et en perdre une, c’est risquer un effet domino aux conséquences imprévisibles.
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La biodiversité ordinaire, une approche de société
En matière de biodiversité, ce qui est ordinaire pour une personne ne l’est pas pour une autre. Ceci est vrai dans la mesure où tout le monde n’a pas le même état de connaissance de la faune sauvage française, mais surtout parce que notre territoire est vaste.
Certains d’entre nous croisent ainsi régulièrement des salamandres alors que d’autres voient des crabes tous les jours ou presque. Quelqu’un aura le sourire aux lèvres en se remémorant la démarche pataude d’un blaireau croisé sur le bord de la route au matin en allant au travail alors qu’un autre gardera un moment en tête le chant de la tourterelle turque entendu plus tôt en buvant un café.
Les rat des moissons sont largement répartis sur le territoire, mais pour combien de temps ? – © Captivelight
Les exemples sont légion de ces animaux que certains connaissent pour les croiser au quotidien alors qu’ils ne sont pas loin d’être exotiques pour d’autres.
Agir pour la biodiversité tout autour de soi, de Jean-François Noblet
Jean-François Noblet, écologue passionné, qui résume dans ce guide pratique tout ce qui peut être fait concrètement, chacun à notre échelle, pour protéger et restaurer la nature dans tous les domaines de notre vie quotidienne.
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Connaître la biodiversité ordinaire pour mieux la faire protéger
Cette biodiversité ordinaire, du quotidien pourrait-on donc dire, est une biodiversité dont on parle peu. Pour la simple et bonne raison qu’on se trouve actuellement dans une situation d’urgence face à l’effondrement de la biodiversité en général.
Si les Plans Nationaux d’Action (PNA) et tous les autres dispositifs de sauvegarde des espèces menacées sont essentiels à la démarche de protection de la biodiversité, il est également temps d’agir largement pour la biodiversité et non plus d’attendre que telle ou telle espèce soit en danger pour entamer un processus de conservation.
Ceci étant dit, la tâche est tout simplement immense, car sans données, sans informations fournies sur les espèces, il est impossible d’anticiper les problématiques qu’elles risquent de rencontrer.
Oiseau très commun sous nos latitudes, le rouge-gorge s’invite parfois dans nos jardins – © Ihor Hvozdetskyi
Où sont-elles réparties sur le territoire ? Quelles sont les menaces qui pèsent sur elles ? Quel est leur comportement, leur mode de reproduction ou leur alimentation ? Autant de questions et bien d’autres auxquelles nous n’avons parfois pas de réponses, car, sous nos yeux, elles sont si ordinaires que « quelqu’un d’autre doit bien savoir ».
Nous pouvons tous faire quelque chose, être les porte-drapeaux de ces espèces que l’on observe au jour le jour. Nous pouvons et devons avoir une meilleure connaissance de ces espèces : ce sera sans nul doute une des clés de leur sauvegarde.
Dans cette nouvelle série « Protégeons notre biodiversité ordinaire », nous vous donnerons au fil des prochaines semaines, des pistes concrètes pour comprendre, observer et aider à la protection des animaux sauvages qui peuplent nos campagnes, forêts, littoraux, montagnes… À commencer par le Putois, le Castor, le Blaireau ou encore la belle Hermine et la Rainette verte ! Et bien d’autres espèces ordinaires, mais fascinantes à suivre…
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