Biodiversité : la chasse de deux espèces fragiles est à nouveau autorisée

Pour la plus grande joie des chasseurs, le Conseil d’État a retoqué un arrêté pris en son temps par Nicolas Hulot pour suspendre la chasse de deux espèces d’oiseaux, à savoir le courlis cendré et la barge à queue noire.

Rédigé par Anton Kunin, le 15 Jul 2019, à 11 h 35 min
Biodiversité : la chasse de deux espèces fragiles est à nouveau autorisée
Précédent
Suivant

La chasse au courlis cendré et à la barge à queue noire va pouvoir reprendre sans attendre le 30 juillet 2019, comme le prévoyait l’arrêté.

Dans leur bataille judiciaire avec Nicolas Hulot, les chasseurs ont gagné… 15 jours

Les chasseurs peuvent se réjouir : même si Nicolas Hulot n’est plus ministre de la Transition écologique et solidaire depuis bientôt un an, l’annulation de l’un de ses arrêtés qui limitait le nombre d’espèces pouvant être chassées constitue pour eux une revanche symbolique(1).

La barge à queue noire figure dans la liste des espèces en déclin de l’IUCN ©Nick Vorobey

Car vu le calendrier, la portée de l’annulation de cet arrêté est, somme toute, symbolique : la chasse au courlis cendré et à la barge à queue noire, suspendue depuis un an, va pouvoir reprendre sans délai… Alors que si l’arrêté n’avait pas été retoqué, ils n’avaient de toute façon que 15 jours de plus à attendre avant de pouvoir à nouveau les chasser.

L’annulation de cet arrêté ne tient d’ailleurs pas à un problème de fonds, mais à une simple question de procédure. En effet, Nicolas Hulot n’avait pas respecté le délai minimum de quatre jours pendant lesquels devaient être prises en considération les propositions faites dans le cadre de la consultation publique sur le sujet.

Le courlis cendré et la barge à queue noire, deux espèces qui souffrent de l’activité humaine

Le courlis cendré et la barge à queue noire sont des espèces dont la sauvegarde nécessite une attention particulière. L’Union internationale pour la conservation de la nature les a toutes les deux inscrites au sein de sa « liste NT » dès le milieu des années 2000.

Il s’agit d’une catégorie qui regroupe les espèces qui ne satisfont pas les critères qui justifieraient un classement parmi les catégories d’espèces menacées, mais dont le statut de conservation est jugé préoccupant et pourrait se dégrader. La barge à queue noire l’a d’ailleurs quittée en 2013, pour être placée sur la liste des espèces « en déclin ».

Comme beaucoup d’oiseaux, le courlis cendré souffre de la pollution et de la mécanisation du travail de la terre © Bildagentur Zoonar Gmbh

(Les deux espèces voient leur population décliner du fait de la pollution (intrants agricoles, hydrocarbures, métaux lourds). Elles souffrent aussi de la mécanisation du travail de la terre (arasement des sols, ensilage et fauche précoces), qui entraîne la destruction des pontes et des nichées.

Et cet impact n’est pas récent : entre la fin des années 1980 et la fin des années 1990, les pertes de pontes de la barge à queue noire dues aux travaux agricoles ont été multipliées par 6,7. L’urbanisation et la construction de routes sont également nocifs pour la barge à queue noire, dans la mesure où c’est une espèce qui habite des milieux ouverts. Des études ont montré qu’elle fuit ces paysages ou infrastructures, évitant de s’en rapprocher à plus d’un kilomètre, en particulier lorsque ces dernières sont éclairées de nuit. Quant au courlis cendré, la France est le dernier pays à en autoriser la chasse !

Le président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg, a publié dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, une critique acerbe de la politique menée à l’encontre de la biodiversité. Pour lui, en France, « la biodiversité [est] victime d’un crime contre l’humanité »(2) !

Illustration bannière : Silhouette de chasseur – © Tom Tietz
Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...



Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

6 commentaires Donnez votre avis
  1. Comment le gouvernement peut justifier la chasse d’une espèce menacée ? Je comprends à la rigueur la chasse d’une espèce en sur-effectif mais là, non, on marche sur la tête !

  2. Victoire, lesquelles? SVP avec des preuves en prime de l’impact de la chasse par rapport à la prédation, le défaut d’entretien des réserves de la LPO ou la disparition des zones humides

  3. Agnès, rappelez nous qui a fait protéger les chats domestiques en France et dans le reste de l’Europe?

  4. Curieusement pas un mot sur la protection abusive du renard et des autres prédateurs des nids de ces espèces aux Pays Bas, en Allemagne et au Danemark? Un malheureux hasard sans doute… sans parler de la partialité intégrale des chiffres des ONGs dites de protection de l’environnement

    • Parlez plutôt de la quantité de chats domestiques qui font beaucoup plus de dégâts sur les oiseaux alors qu’ils sont hyper protégés et se reproduisent à qui mieux mieux tandis que le renard,lui, est chassé comme un « nuisible » ! Où est la cohérence ?

    • LEFOULON vous êtes bien un chasseur pour être lobotomisé à ce point ! Des espèces d’oiseaux disparaissent à cause de vos pratiques archaïques !

Moi aussi je donne mon avis