La bécasse des bois est un oiseau migrateur qui a un goût prononcé – c’est inscrit dans son petit nom – pour les forêts, même si elle apprécie aussi les milieux ouverts dans les alentours. Discrète et peu observée, découvrons ensemble une espèce encore méconnue mais qui a bien sa place chez nous.
La biodiversité ordinaire à plumes est aussi présente dans les bois. Mais nos forêts sont des écosystèmes fragiles qui, exploités, ont un cycle de vie limité dans le temps, alors que les animaux eux, y vivraient bien génération après génération vers l’infini et au-delà… Parlons ici d’un oiseau de nos forêts, la bécasse des bois !
La bécasse des bois, un petit échassier au long bec plutôt discret
La bécasse des bois (Scolopax rusticola) est un oiseau migrateur dont le régime alimentaire est surtout composé de lombrics qui représentent 80 % de leur apport énergétique. Elle ajoute cependant à son menu, myriapodes (« milles pattes »), mollusques et autres insectes, ce qui n’est pas sans lui donner une place importante dans l’équilibre des écosystèmes.
La bécasse des bois est faite pour se fondre dans son environnement © FJAH
Espèce principalement forestière, la bécasse des bois fréquente les forêts de feuillus et les forêts mixtes avec une préférence pour les sols frais et humides. De par son régime alimentaire, elle affectionne tout particulièrement les lisières de bois, où elle peut facilement trouver larves et lombrics dont elle raffole.
Particularités de la bécasse des bois
Le mâle devient sexuellement mature à l’âge d’un an sachant que l’espérance de vie de cette espèce est en moyenne de 1,25 an.
La nidification a lieu de mi-février à août dans un nid réalisé au sol ! L’incubation, assurée par la couvaison de la seule femelle, dure 22 jours. S’en suit une croissance très rapide des jeunes qui tentent leurs premiers vols dès l’âge de 20 jours.
Étant donné leur mode de vie au sol, le taux de survie des bécasses des bois de moins d’un an n’est que de 34 %…
Statut actuel de l’espèce
L’espèce est chassable en France de l’ouverture générale de la xhasse jusqu’au 20 février. Les départements peuvent ensuite mettre en place des quotas journaliers ou annuels avec une, obligation de renseigner un carnet spécifique, et un prélèvement maximal autorisé de 30 oiseaux par saison et par chasseur.
L’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) et BirdLife International considèrent l’espèce vulnérable en hiver et en « préoccupation mineure » le reste de l’année.
Les menaces qui planent sur la bécasse des bois
L’état des populations de bécasses des bois n’est pas connu, les comptages n’étant pas réalisés et étant relativement complexes du fait du mode de vie de l’espèce. Sans suivi des effectifs, il est d’autant plus difficile de connaître les menaces qui pèsent sur elle.
La chasse
Fait assez rare pour être évoqué, même une bonne partie de chasseurs tendent à dire que la pression de chasse sur l’espèce est trop élevée.
Se sont en effet environ 1.000.000 de bécasses des bois qui sont tirées chaque année en France pour un total de 4.000.000 dans toute l’Europe, alors même que, comme on l’a vu plus haut, le taux de survie de l’espèce est très bas.
Une chasseuse fière de son trophée © mmpixel91
Avec de tels prélèvements cynégétiques, il est tout à fait légitime de dire que le déclin de l’espèce pourrait être brutal si d’autres problématiques (vagues de froid, etc.) venaient s’ajouter au nombre d’animaux tirés.
La raréfaction de leur milieu
La perte de l’habitat des bécasses des bois est souvent évoquée comme étant une menace pour l’espèce. Comme pour tant d’autres animaux, il est tout à fait plausible que la diminution de la superficie des forêts favorables et des prairies de fauche permanentes soit une cause de diminution des effectifs à terme.
L’utilisation de produits chimiques et techniques culturales
Non contente d’être toujours d’actualité, la lutte chimique a toujours le vent en poupe en France (et ailleurs). Les volumes consommés sont toujours impressionnants alors même que leur impact direct sur la vie des sols est de plus en plus connu pour être négatif.
L’Observatoire Agricole de la Biodiversité cumulant les données sur les relevés « vers de terre » ne cessent de démontrer combien cette faune des sols est impactée par l’utilisation de produits chimiques mais aussi par les techniques culturales.
Le semis direct et autres techniques sans labour ont largement démontré combien elles favorisaient la présence de vers de terre sur site : peut être alors est-il temps d’intégrer la mise en place de ces techniques comme étant favorables à l’espèce, tout en limitant l’usage de produits phytosanitaires ?
Comment aider la bécasse des bois
Comme pour toute la biodiversité, ordinaire ou non, participer à son observation, transmettre vos connaissances notamment aux jeunes publics et soutenir les associations de protection de la faune sauvage et tous les organismes qui oeuvrent à la préservation des écosystèmes sont autant de gestes essentiels.
Dans le cas de la bécasse des bois il s’agit, pour lui filer un coup de patte, de jeter un oeil sur ce qu’il se décide à son sujet dans le monde de la chasse, tout en vous rapprochant d’associations de défense des oiseaux comme la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).
La bécasse des bois n’est pas une espèce en difficulté, travaillons tous ensemble à ce que cela reste une réalité à long terme !
Article republié
Illustration bannière : La bécasse de bois ou cette biodiversité ordinaire dont on parle peu © Toni Genes