Les jours du biodiesel et du bioéthanol ne sont pas exactement comptés, mais une chose est sûre : ils coûteront bientôt plus cher. Les députés ont en effet voté, en commission, la fin de la taxation à 0% des biocarburants issus de l’huile de palme.
Ajouter de l’huile de palme dans les carburants ne sera bientôt plus anodin. Si la mesure fait son chemin dans la loi, comme le souhaite la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, la fiscalité de ce biocarburant sera alignée sur celle du reste des carburants d’origine végétale.
En dix ans, la quantité d’huile de palme dans les moteurs a doublé, en France
Tout a commencé dans les années 2000, lorsque les pouvoirs publics décident de donner une seconde vie aux huiles alimentaires usagées. Mais la bonne idée tourne rapidement au désastre, lorsque le gouvernement français décide également d’appliquer une taxation zéro à l’huile de palme utilisée en tant que biocarburant.
De l’huile de palme comme carburant ©CHAIWATPHOTOS
Depuis, l’histoire d’amour entre l’huile de palme et les voitures n’a pas connu de répit : en dix ans, les importations françaises d’huile de palme pour les biocarburants est passée de 450.000 tonnes en 2007 à 900.000 tonnes dix ans plus tard. Aujourd’hui, 75 % de l’huile de palme consommée en France l’est en effet sous forme de carburant.
Mais cet engouement pour l’huile de palme dans les moteurs a un revers : changements d’affectation des sols, déforestation, atteintes à la biodiversité, concurrence avec l’alimentation humaine… Il faut savoir que 85 % de l’huile de palme produite chaque année dans le monde provient de seulement deux pays : l’Indonésie et la Malaisie. En Indonésie, plus de 30 % de la déforestation est causée par la création de nouvelles terres destinées à la culture du palmier à huile.
Les députés se soucient de la déforestation en Asie du Sud-Est
C’est en partant de ce constat environnemental que les députés membres de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale ont voté la suppression de la minoration du taux de taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) dont bénéficie actuellement l’huile de palme. « L’extension des plantations de palmiers à huile constitue une cause majeure de déforestation et de dégradation des écosystèmes dans les pays du Sud », explique dans l’exposé de cet amendement la députée Laurianne Rossi, rapporteure pour avis au nom de la commission du développement durable.
Les députés mettent en particulier en avant le fait que les systèmes de certification actuels ne permettent pas d’exclure les changements d’affectation des sols éventuels dans les pays producteurs l’huile de palme. « Si cet effet était pris en compte de façon effective dans le bilan gaz à effet de serre, les biocarburants à base d’huile de palme seraient les plus nocifs pour le climat », conclut Laurianne Rossi.
Illustration bannière : Huile de palme – © nirapai boonpheng