Safaris humains : une ONG dénonce une forme de tourisme ignoble

Les scandaleux et dégradants zoos humains de notre Histoire n’appartiennent pas qu’au passé. Aujourd’hui encore, des tour-opérateurs proposent des safaris humains sur les îles d’Andaman, dans le Golfe du Bengale au sud de la Birmanie.

Rédigé par Annabelle Kiéma, le 18 Jan 2012, à 17 h 24 min
Safaris humains : une ONG dénonce une forme de tourisme ignoble
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C’est une vidéo publiée par The Guardian qui a attiré notre attention et qui dénonce des pratiques qui ne méritent que notre mépris. Notre carton rouge (écarlate) va cette fois-ci aux tour-opérateurs qui vendent des safaris humains dans les îles indiennes d’Andaman.

Dégradants safaris humains, les autorités savent

Ce n’est pas la première fois qu’un tel scandale éclate. Survival International, une ONG qui agit dans le monde entier pour les droits des peuples indigènes avait déjà dénoncé les menaces qui pèsent sur la tribu des Jarawa.

La tribu compte 403 membres. Ces hommes, femmes et enfants vivent en dehors de notre société et pourtant à la frontière de lieux hautement touristiques de la baie du Bengale. Ce sont des gens qui font confiance et c’est leur innocence qui les rend vulnérables.

Les Jarawa, peuple menacé depuis 40 ans

Le peuple est menacé depuis 1970, date à laquelle a été construite une route traversant son territoire. La construction a d’abord signé l’invasion des braconniers, qui se sont mis à piller le gibier dont la tribu dépend.

Depuis, ce sont d’autres dangers qui planent sur la tête des Jarawa. Des agences de voyages indiennes, sans aucun scrupule, proposent des circuits touristiques au coeur de la tribu. Or, le simple fait d’être en contact avec des personnes de l’extérieur peut exposer les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils ne sont pas immunisés. La tribu voisine des Bo s’est éteinte en 2010 après la mort de la dernière survivante, Boa Sr, une dame âgée d’environ 85 ans. Les Jarawa risquent fort de subir le même sort…

Malgré les interdictions, les touristes cherchent régulièrement les contacts avec la tribu. D’ailleurs, un luxueux complexe touristique a été construit tout près de la réserve par la compagnie de voyages indienne Barefoot, exposant la tribu à davantage de contacts avec le monde extérieur.

Les autorités ferment les yeux sur les safaris humains

Les safaris humains sur les îles d’Andaman sont monnaie courante si on en croit les files de véhicules empruntant les routes (illégales) vers la réserve de la tribu.

Dans la vidéo publiée il y a quelques jours sur le site de The Guardian, c’est le spectacle de l’horreur. Des touristes qui jettent par les fenêtres de leur car des bananes et des biscuits, comme ils le feraient dans un zoo. Indécent, honteux, dégoutant…

Photo des indigènes

Photo : agence-presse.net

Dans la vidéo, on peut voir un groupe de femmes Jarawa dansant devant les caméras des touristes, à la demande d’un officier de police ! La police qui est censée protéger ces tribus compte de toute évidence dans ses effectifs des brebis galeuses : des policiers sans aucune morale permettent et même entretiennent ces pratiques écoeurantes de spectacle de bêtes de foire, contre quelques roupies.

Stephen Corry, directeur de Survival International, de déclarer : « Cet enregistrement apporte la preuve concrète que ces safaris humains continuent encore aujourd’hui. Et s’ils ont encore lieu, c’est uniquement à cause de la route ‘Andaman Trunk Road’ qui traverse la réserve des Jarawa. Dix ans après l’ordre de la Cour Suprême de fermer cette route, il est scandaleux que l’administration andamane ne l’ait pas encore fermée. Le gouvernement pourrait mettre un terme à ces safaris aujourd’hui en fermant définitivement la route.[…] Cette histoire scandaleuse exhale les relents racistes et dégradants de l’ère coloniale et de ses « zoos humains » qui appartiennent à un passé révolu. Tout porte à croire que le comportement de certains individus à l’égard des peuples indigènes n’a pas changé d’un iota. »

Et d’ajouter :

Les Jarawa ne sont pas des bêtes de foire qu’on peut contraindre à faire des pitreries pour des touristes en mal d’exotisme
Stephen Corry
.

Survival International appelle les touristes à boycotter la route. L’ONG a également écrit aux 8 agences de voyages proposant le circuit, les exhortant d’arrêter de pratiquer ce tourisme de la honte.

Crédit photo image à la une : Salomé/Survival

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Je fais partie de ce qu’on appelle désormais les « slasheurs » : je suis rédactrice / sophrologue / et j’enseigne le français comme langue...

69 commentaires Donnez votre avis
  1. HONTEUX!!!!!Ces touristes sont d’une bassesse!!!Aucun respect , rien ne les arrête. Ces tribus faut les laisser en paix!!
    Vraiment minable de la part de ces agences de voyages, dégoutant de voir que le service de police est complice et favorise ces horreurs! Bien sûr doit avoir dessous de table ds cet affaire.
    Faut continuer à se battre pour défendre ces tribus.

  2. Je constate que ces actes sont dénoncés par d’autres ; il suffit de taper « safaris humains » dans la fenêtre d’un moteur de recherches pour le vérifier. Mais nulle part il n’est fait mention des coordonnées de ces agences. POURQUOI ?
    S’indigner ne sert à rien si on ne délivre pas la totalité de l’information. C’est exactement comme si les médias se scandalisaient des monstruosités commises en Syrie sans donner le nom du responsable de ces exactions.
    Bien sûr, une lettre dont on peut trouver le modèle sur http://www.survivalfrance.org/agir/lettres/jarawa est déjà un point positif mais rien ne vaut l’appel au boycottage de ces agences de tourisme.
    Cordialement,

  3. Il faudrait publier les noms des agences de voyage qui pratiquent de telles saloperies. Et donner les adresses, les numéros de téléphone. Les leurs et ceux des gouvernements qui les tolèrent.

    Comme quoi, dans notre monde, la vie n’a plus aucune valeur.

  4. Pourquoi les tour opérateurs organisent-ils ces safaris? Parce que la demande existe(?)
    Pourquoi la demande existe-t-elle? Les candidats ont-ils vraiment conscience de ce qu’ils font?
    Dans notre époque du toujours + (pour ceux qui le peuvent) on a le sentiment que beaucoup ont perdu leurs facultés d’analyse.

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