Le Royaume-Uni bat des records de subventions aux énergies fossiles

Rédigé par Stephen Boucher, le 15 Nov 2015, à 12 h 40 min
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Selon un rapport de l’Overseas Development Institute, le Royaume-Uni a considérablement accru les subventions qu’il accorde aux combustibles fossiles, en dépit d’une promesse du gouvernement de les éliminer. C’est le seul pays du G7 à les augmenter de la sorte, mais pas le seul à subventionner massivement les énergies fossiles, à un niveau bien supérieur aux énergies renouvelables.

Une nouvelle embarrassante à quelques jours de la COP21

La révélation va embarrasser les ministres britanniques qui souhaitaient jouer un rôle de premier plan au sommet international sur le changement climatique prévu du 30 novembre au 11 décembre à Paris.

Le rapport de l’Overseas Development Institute (ODI) et d’Oil Change International montre que, dans l’ensemble, les pays du G20 accordent quelque 452 milliards de dollars (420 milliards d’euros) par an en subventions pour la production de combustibles fossiles. Le G20, qui se réunit aujourd’hui en Turquie, s’était pourtant engagé en 2009 à supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles.

Le Royaume-Uni, champion des fossiles et de la contradiction

Au Royaume-Uni, des subventions de plus de 8 milliards d’euros à la production de carburants fossiles ont été accordées en 2014 aux grandes entreprises opérant dans le pays, soit la majeure partie, tandis que plus de 5 milliards d’euros ont été accordés en subvention pour la production de combustibles fossiles à l’étranger dans des pays comme la Russie, l’Arabie saoudite et la Chine, selon la même analyse.

De nouveaux allégements fiscaux annoncés par le gouvernement plus tôt en 2015 pour la production de pétrole et gaz en mer du Nord coûteront 2,4 milliards d’euros de plus aux contribuables britanniques en 2020, selon les chiffres du gouvernement lui-même.

Shelagh Whitley, l’un des auteurs du rapport de l’ODI, explique : « Le Royaume-Uni a réduit le soutien à l’énergie solaire et l’efficacité énergétique, en faisant valoir que le fardeau était trop élevé. Nos chiffres montrent que, en dépit des contraintes budgétaires supposées le gouvernement donne de plus en plus de cadeaux aux grandes entreprises pétrolières et gazières ».(1)

Vidéo d’ODI (en anglais)

Le rapport, intitulé Promesses vides : les subventions du G20 à la production de pétrole, gaz et charbon, déclare : « Le Royaume-Uni se distingue en tant que pays membre du G20 qui, malgré sa promesse d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles, a considérablement accru son soutien à la production de combustibles fossiles au cours des dernières années ». Ce que, Shelagh Whitley ajoute, « aucun autre pays du G7 n’a fait ».

Des subventions à Total, entre autres

Des subventions ont été accordées pour la période 2009-14 par le Royaume-Uni sous forme d’allégements fiscaux pour l’exploration en mer du Nord équivalentes à 780 millions d’euros à la compagnie française Total, 185 millions d’euros à l’entreprise américaine Apache, et 377 millions d’euros à la compagne nationale norvégienne Statoil.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révélé mardi de la semaine passée que 450 milliards d’euros sont accordés au niveau des pays de l’OCDE chaque année en subventions pour la consommation de combustibles fossiles. Par contraste, les subventions pour les énergies renouvelables sont beaucoup plus réduites, l’AIE les estimant à 125 milliards d’euros par année.

« Les subventions aux combustibles fossiles sont l’ennemi public numéro un pour la croissance des énergies renouvelables », a déclaré Fatih Birol, chef de l’AIE. « Je ne comprends pas certains pays – ils ont à la fois des programmes de soutien aux énergies renouvelables, et en même temps ils accordent des subventions pour les combustibles fossiles. Ceci, à mon avis, est une forme de myopie », a-t-il ajouté.

Il note toutefois de manière positive que « l’histoire la plus significative est celle des énergies renouvelables. Ce n’est plus une énergie de niche ». Les énergies renouvelables sont désormais devenues une énergie ordinaire, souligne-t-il. 60 % de tous les nouveaux investissements dans les énergies vont dans les renouvelables, mais il dénonce le fait que 450 milliards d’euros de subventions aux combustibles fossiles en 2014 rendent « la concurrence déloyale ».

Les subventions aux combustibles fossiles sont l’ennemi public numéro un pour la croissance des énergies renouvelables.
Fatih Birol, directeur AIE

 

Les subventions aux énergies fossiles sont une menace dans le monde entier

Le rapport souligne aussi que les États-Unis ont versé plus de 20 milliards de dollars par an uniquement en subventions nationales, auxquels s’ajoutent, en Alaska par exemple, une subvention de production qui est prévue d’augmenter en 2015 et 2016. L’Australie a fourni 5 milliards de dollars en subventions, tandis que la Russie fournit plus de 23 milliards de dollars par an à son industrie des énergies fossiles.

Pire : la Turquie, qui occupe actuellement la présidence du G20, octroie des allégements fiscaux massifs pour soutenir la construction de plusieurs centrales au charbon. Il est anticipé que cela pourrait faire doubler ses émissions de carbone dans les 15 prochaines années. L’OCDE pourrait décider de réduire fortement ses financements de crédit à l’exportation pour le charbon lors d’une réunion la semaine prochaine, ce qui pourrait rendre la plupart des 1.000 centrales à charbon prévues dans les plans d’investissement non rentables.

Stephen Kretzmann, directeur de Oil Change International, qui a également participé au rapport, conclut : « Continuer à financer l’industrie des combustibles fossiles aujourd’hui, c’est comme accélérer vers un mur que nous voyons clairement. Les dirigeants du G20 doivent ralentir et faire demi-tour avant qu’on ne s’écrase dans le mur du désastre climatique ».

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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Foutaise la COP21 on nous enfume pour mieux nous plumer.

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