St Pierre et Miquelon : objectif zéro déchet

Depuis des années, l’archipel français, situé aux portes des côtes canadiennes, fait face à un problème de taille : la gestion de ses déchets. En 2014, la ville de St Pierre et ses quelques 5.600 habitants se sont engagés dans le programme « Territoire Zero Waste ». Un souffle vert qui a fait ses preuves.

Rédigé par Elise Racque, le 24 Oct 2016, à 7 h 06 min
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St Pierre et Miquelon : ses deux îles principales, ses phoques, ses lièvres arctiques, ses centaines d’espèces d’oiseaux… Et ses décharges à ciel ouvert.

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Le port de Saint-Pierre © A friend from SPM (GFDL or CC BY-SA 3.0) via wikimedia Commons

Le projet territoire zéro déchet, zéro gaspillage : un défi pour St Pierre et Miquelon

Jusqu’à peu, l‘île de St Pierre, qui concentre 86 % de la population de l’archipel, n’était pas doté de système de gestion des déchets digne de ce nom. Les déchets des insulaires se regroupaient en trois points noirs : au-dessus du Cap Noir, une décharge trônait depuis les années 1970 et dans l’anse de Savoyard, une crique a longtemps servi de déchetterie à ciel ouvert, menant directement dans l’Atlantique. Les habitants abandonnaient également leurs déchets près du cimetière de la commune.

Un incinérateur ? Trop coûteux pour une si petite ville, comme l’expliquait Christophe Caignard dans les colonnes de Ouest France(1) en avril dernier. Le chargé de mission de la mairie pour la gestion durable des déchets rappelait les problèmes rencontrés par un territoire si peu peuplé : « Les études montrent qu’en-dessous de 40.000 habitants, cela [ndlr : un incinérateur] ne peut pas être amorti. Avec 6.000 habitants, c’était donc impossible. »

2014, le début du changement

Les tonnes d’ordures sur le littoral de St Pierre, la commune n’en veut plus : elle met alors en place un service de ramassage. En tout, plus de 10.000 tonnes de matériaux vont être extraits, puis envoyés en Écosse ou en Espagne, pour y être transformés.

Mais vider les décharges, cela ne suffit pas. Pour ne pas retomber dans les mêmes travers, un vaste travail de fond a débuté pour changer les pratiques des habitants. L’association Zero Waste France décrit cette démarche dans un dossier paru en septembre 2016.

 Dès 2014, la ville de St Pierre installe douze bornes spécialement dédiées à la collecte du verre. La population joue le jeu : la première année, 28 kg de verre par habitant sont récoltés.  En 2015, ce taux passe à 37 kg.

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Noni Fruit © A friend from SPM via mail (GFDL or CC-BY-SA-3.0) via Wikimedia Commons

Des mesures viennent inciter la réutilisation de ce verre, broyé sur place, comme celle visant à contraindre les entreprises de travaux publics à réutiliser le verre recyclé comme matériau de construction pour pouvoir répondre aux appels d’offre de la collectivité.

Forte de ce premier essai réussi, la ville de St Pierre se sent donc prête pour répondre à l’appel à projet du Ministère français de l’environnement : « Territoire zéro déchet, zéro gaspillage»(2). Le 23 décembre 2014, elle fait partie des 58 lauréats désignés pour relever le challenge. Concrètement, la ville s’engage à réduire toutes les sources de gaspillage, à encourager l’économie circulaire en donnant une seconde vie aux produits, et recycler tout ce qui est recyclable. La barre est haute : diminuer les ordures ménagères résiduelles, qui restent après le tri sélectif, de 80 %, et atteindre un taux de recyclage de 85 %.

Début 2015, le processus commence donc. De nouvelles bornes apparaissent auprès des collecteurs de verre, mais cette fois-ci pour les cartons d’une part, et pour les métaux et les plastiques d’autre part. La municipalité veille scrupuleusement au positionnement des bornes sur la commune afin que les habitants puissent apporter leurs déchets sans avoir à trop se déplacer. Selon les élus, chaque habitation se trouve à moins de 200 mètres d’un point de recyclage.

Proximité et pédagogie

Selon la commune, le taux d’erreur des habitants dans le tri était d’à peine 10 %, en septembre dernier, l’objectif étant d’abaisser ce taux à 5 %.

Désormais, la ville travaille à la réduction des autres déchets, avec deux projets majeurs : l’installation d’un espace de compostage, et la création d’une ressourcerie gérée par les associations de l’île, pour rénover les meubles au lieu de les jeter.

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L’île de Saint-Pierre © Doc Searls (CC BY 2.0) Via Flickr

Pour continuer à progresser sur la route du zéro déchet, la ville mise sur la pédagogie à l’école. Un classeur a ainsi été mis en place dans les classes de CM1 et CM2, avec des fiches thématiques sur la gestion des déchets. Les élèves de CM2 et de 6e vont également pouvoir visiter les installations de recyclage.

Parallèlement, les médias de l’île jouent un rôle positif dans la métamorphose verte de St Pierre et Miquelon. La chaîne principale SPM 1ère et la radio locale réalisent de nombreux reportages sur le sujet, tandis que le journal municipal relaie les consignes de tri.

Peu à peu, les habitants modifient leurs habitudes, et la petite taille de l’archipel facilite grandement la mobilisation de la population : St Pierre et Miquelon pourrait bien devenir le territoire français le plus « vert ».

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Journaliste en formation, j’ai le sentiment de vivre une période charnière où l’information sur les modes de vie alternatifs et l’environnement prend...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Il faudrait que tout le monde s’y mette.. Arrêtez de jeter, donner une seconde vie aux objets. Ya une application mobile GEEV qui existe pour ça!

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