Recyclage : les chaussettes orphelines s’offrent une seconde jeunesse

Rédigé par Perrine Signoret, le 15 Nov 2015, à 16 h 58 min
Recyclage : les chaussettes orphelines s’offrent une seconde jeunesse
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Chaque année, un Français jette en moyenne 11 kilos de textiles d’après l’ADEME. En tout, cela représente pas moins de 700 000 tonnes de déchets par an. Seulement 18 % d’entre eux seraient collectés pour ensuite être recyclés ou revendus. Bien souvent, cela se fait via les traditionnelles bornes de collecte, qui ne seraient pourtant pas toujours irréprochables. Mais il existe aussi d’autres alternatives qui ne manquent pas d’originalité. Parmi elles, une petite association parisienne, baptisée Les Chaussettes Orphelines. Créée en 2008, elle a pour ambition de faire de vos chaussettes solitaires des vêtements couture.

Des patchworks de chaussettes sur les podiums

Marcia de Carvalho, chaussettes orpheinesMarcia de Carvalho, la fondatrice du projet, explique que l’idée lui est venue un peu par hasard. Styliste de métier après une double-formation en sociologie puis dans la mode, elle se trouve en 2008 sélectionnée pour le Grand prix de la création de la Ville de Paris. Sur les podiums, elle cherche à présenter « une idée originale ».

C’est « en faisant du rangement dans les tiroirs de [ses] enfants » que celle-ci commence à germer. Elle y trouve des paires de chaussettes « avec un seul pied » et se dit, « tiens, ce serait une bonne idée de les réutiliser. J’ai commencé par faire des manches », explique Marcia, « après un chapeau, puis un manteau, et c’est devenu une petite collection ». Cette collection, faite de patchworks de « chaussettes collées les unes aux autres », remporte un vif succès.

chaussettes orphelines

Une création de Marcia de Carvalho © Tulga Yesilaltay

400 kilos de chaussettes collectés

Très vite, la créatrice rêve d’aller plus loin, encouragée par les colis et les enveloppes qui lui parviennent. A l’intérieur, des chaussettes orphelines, envoyées au départ par des familles. Des entreprises se greffent ensuite à leur tour au projet, puis des écoles, où des collectes sont organisées pour sensibiliser les plus petits au recyclage des déchets textiles.

Marcia et son équipe se retrouvent alors « avec des quantités vraiment importantes » de chaussettes. « C’était beaucoup trop pour nos patchworks », explique-t’elle. Alors, la jeune femme contacte des ingénieurs, des filatures. Quatre années durant, ils réfléchissent ensemble à la transformation des chaussettes en un fil. C’est grâce à ces recherches que Marcia peut aujourd’hui faire à partir de simples socquettes des vêtements des pièces plus élaborées encore. Car l’association ne se limite pas qu’à refaire d’autres chaussettes, « une sorte de cercle vertueux », d’après Marcia, mais aussi « des accessoires, des écharpes, des bonnets, des gants, des vêtements, ou encore des housses d’ordinateur ».

La production, autrefois artisanale, est passée au stade industriel. Une étape indispensable d’après la styliste, au vu des quantités de chaussettes récoltées. « Cette année, on a reçu un peu plus de 400 kilos, on espère une tonne pour l’année à venir », explique Marcia pleine d’ambition. « Sachant qu’une chaussette toute faite pèse environ trente grammes, vous faites le calcul, ça fait pas mal, poursuit-elle. Mais ça pourrait être beaucoup plus, parce qu’on a tous vécu ça, de trouver une chaussette seule ».

chaussettes orphelines

L’atelier des Chaussettes Orphelines. © Marcia de Carvalho

Une production Made in France et des ateliers d’insertion

Si la production s’intensifie, pas question pour autant d’en changer toutes les règles. Les vêtements de l’association restent fabriqués en France, à Paris, et dans une usine située dans le Tarn. Le quartier d’adoption de Marcia continue lui aussi de profiter du volet solidaire de la petite entreprise. En effet, pour la styliste, le projet écologique se devait aussi d’être social. Une habitude de famille, selon elle, qui l’a poursuivie jusqu’à Paris. « Quand je me suis installée dans le quartier de la Goutte d’Or, explique la Brésilienne à l’accent chantant, je me suis dit que ça pourrait être intéressant de faire quelque chose avec les gens du quartier, les plus défavorisés ou ceux qui n’ont pas trop de revenus ».

chaussettes orphelines

© Gérômine Derigny

Les Chaussettes Orphelines proposent notamment chaque semaine des ateliers créatifs, où une dizaine de femmes « éloignées du monde du travail ou isolées » viennent apprendre l’art de la filature. Marcia travaille aussi avec des enfants du quartier. Aux plus jeunes, elle apprend les bases du recyclage. A ceux qui sont un peu plus âgés et déscolarisés, elle offre une formation. L’idée, c’est avant tout de « remobiliser », explique la fondatrice de l’association.

Marcia a aujourd’hui la tête pleine de projets. Elle poursuit ses recherches sur les matières, afin de « diversifier les fils », et conquiert petit à petit le monde entier avec ses chaussettes en laine. On trouve ses vêtements à L’Herge Rouge (Paris 12ème), chez Coco Bohème (Paris 18ème), chez Marcia de Carvalho (Paris, 18ème), au Nouveau Robinson (Montreuil). La marque est également désormais distribuée hors de l’Hexagone, dans « quelques boutiques en Allemagne, et une boutique au Japon ». Un joli palmarès qui devrait s’élargir encore grâce aux 5.000 euros récoltés sur une plate-forme de crowdfunding.

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Étudiante en journalisme, sans cesse à la recherche de cerveaux bouillonnants d'idées novatrices, et de projets solidaires ou écologiques prometteurs.

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Bonjour, j’aime bien vos articles mais les publicités ! c’est désolant ! Prôner le recyclage entre une pub pour Leclerc qui n’est pas vraiment un emblême de l’écologie malgré son discours et le Pick-up Nissan ! On croit rêver !

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