Pesticides : la France interdit les produits tueurs d’abeilles

Alors que s’ouvre prochainement la Semaine pour les alternatives aux pesticides, les députés ont voté une loi interdisant les pesticides tueurs d’abeilles. Une avancée… prévue seulement pour 2018, alors que la France demeure l’un des plus gros consommateurs de pesticides dans le monde.

Rédigé par Pauline Petit, le 18 Mar 2016, à 13 h 00 min
Pesticides : la France interdit les produits tueurs d’abeilles
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Alors que le danger des pesticides sur la santé est avéré et que de nombreux scandales émaillent l’actualité, la France reste l’un des plus gros utilisateurs de pesticides dans le monde, et au deuxième rang européen avec plus de 66.000 tonnes utilisées chaque année dans l’agriculture.

La tendance ne va pas en s’améliorant : le mardi 8 mars dernier, le Ministère de l’Agriculture a publié les derniers chiffres de la consommation de pesticides en France : elle a fait un bond de 9,4 % entre 2013 et 2014, et est en hausse constante de 2011 à 2014.

L’association France Nature Environnement, qui a publié ces chiffres, rappelle que « les pesticides imprègnent tous les milieux naturels avec 92 % des cours d’eau pollués et des impacts sur la santé humaine de plus en plus avérés ».

L’augmentation en tonnage est encore plus importante, puisqu’elle connaît une hausse de 16 %. Ces chiffres alarmants n’intègrent pas non plus les produits néonicotinoïdes, qui enrobent directement les semences et sont très nocifs pour les abeilles.

Les députés interdisent les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles

Malgré ces mauvaises nouvelles, on peut se réjouir toutefois de l’interdiction par les députés de ces pesticides néonicotinoïdes. Ces pesticides agissent sur le système nerveux des insectes et sont particulièrement nocifs pour les insectes pollinisateurs, et plus généralement, pour l’environnement et la santé.

« Les néonicotinoïdes sont arrivés en France en 1994. Depuis lors, environ 300.000 colonies d’abeilles domestiques périssent chaque année. Aujourd’hui il y a plus de mille enquêtes scientifiques à charge contre eux », dénonce Henri Clément , porte-parole et ancien président de l’Union nationale de l’apiculture française (l’Unaf), dans une interview au journal Le Monde.

Le 17 mars dernier, après un débat houleux, les députés ont donc voté une loi interdisant l’utilisation de ces pesticides. L’interdiction, prévue au 1er mars 2017, a toutefois été reportée au 1er septembre 2018, afin de laisser le temps aux acteurs de s’adapter. D’autre part, cette loi doit encore être votée au Sénat avant d’être adoptée définitivement.

L’interdiction des pesticides pour les collectivités et les particuliers

L’étude publiée le 8 mars dernier par le Ministère de l’Agriculture montre aussi une hausse de l’utilisation des pesticides de la part des jardiniers amateurs et dans les espaces verts : malgré une baisse tendancielle, la consommation a augmenté de 10 % en 2014.

Bonne nouvelle toutefois : l’utilisation des pesticides par les particuliers et les collectivités devra être abandonnée au 1er janvier 2017. Les jardiniers peuvent facilement remplacer les engrais chimiques et pesticides par des engrais naturels ou faire appel à la lutte biologique.

Des alternatives aux pesticides

Ces progrès ne doivent pas cacher la réalité de l’utilisation des pesticides en France et des traitements des fruits et légumes notamment. L’association France Nature Environnement rappelle qu’ « une pomme est traitée en moyenne 35 fois ».  L’ONG demande à ce que le nombre de traitements effectués soit affiché sur les produits alimentaires pour mieux informer le consommateur.

Cette réalité est d’autant plus embarrassante que ce recours massif aux pesticides ne fait pas augmenter la productivité agricole. Les rendements de pommes sont par exemple moins productifs aujourd’hui qu’en 2009, comme le sont les céréales, les oléagineux ou les betteraves. Les plans Ecophyto, mis en place par le gouvernement, tentent de diminuer les recours aux pesticides tout en préservant les rendements : les résultats sont prometteurs malgré les objectifs peu ambitieux.

La vraie solution pour la santé et l’environnement, c’est l’arrêt définitif du recours aux pesticides dans les exploitations : c’est ce que garantit l’agriculture biologique. Toutefois, sans forcément passer à l’agriculture bio, les agriculteurs peuvent diminuer le recours aux pesticides en utilisant d’autres solutions.

Pour les particuliers et les professionnels, la semaine pour les alternatives aux pesticides est l’occasion de découvrir les techniques pour diminuer, voire mettre un terme au recours aux pesticides dans les champs et les jardins. Elle se déroule justement du 20 au 30 mars et des animations sont prévues partout en France.

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10 commentaires Donnez votre avis
  1. Infos édifiantes à trouver sur le site de POLLINIS, sur le lien:

    http://info.pollinis.org/fr/neonics-caches-merci/clkn/http/info.pollinis.org/fr/neonics-caches/

    Il faut se mobiliser !!!!

  2. Attention: de nouvelles mises sur le marché sont en cours pour des pesticides tout aussi dangereux que les néonicotinoïdes, mais les fabriquant les présentent dans des catégories différentes, afin de contourner l’interdiction prochaines des néonicotinoïdes.
    Il faut rester mobilisés.
    De bonnes infos sont disponibles sur un excellent site : http://www.pollinis.org

  3. Pourquoi attendre 2018, simplement pour écluser les stocks, pendant ce temps la les abeilles seront les victimes collatérales de ces produits, de plus même si cette loi est votée il faudra attendre encore que le décret, la ce n’est pas gagné, tout ça n’est qu’enfumage et lobbies, il suffit d’avoir regardé l’émission de Élise Luçet sur la réunion de nos chers (chères) sénateurs avec la firme Sygenta empoisonneur de 1ére, pour comprendre les enjeux.

  4. FRANCE : Médaille d’argent Européenne en consommation de pesticides avec Augmentation constante depuis 2011, YOUPI !Si tout va bien d’ici 2020 à nous la médaille d’or ! Une loi devant PRÉSERVER notre SANTÉ (et donc faire économiser des milliards à la sécu !) reportée fin 2018, tiens donc ! Les particuliers arriveront à s’en passer à partir de 2017, mais les professionnels de « l’agriculture » ont 1 an de plus pour … pourquoi en fait ? Ah oui 2108 : 1 an après les élections, si c’est la droite qui passe, comme d’habitude ce sont les lobbyistes qui décideront, et si (par miracle !) la gauche venait à repasser, une actualité en chassant une autre le projet sera complétement oublié, ou les industriels auront eu le temps de
    1 : liquider leur stock de poison !
    2 : modifier légèrement la recette de leurs tambouilles mortelle pour que les lois (en préparation) ne soient plus un problèmes pour eux
    Il est quand même curieux de voir qu’une nouvelle taxe, une nouvelle augmentation de charge sociale, ou quoi que ce soit touchant les salariés ou le plus grand nombre soit votée et applicable en quelques semaines ou pire quelques mois MAIS s’il s’agit d’une entreprise (souvent faisant partie d’un GRAND groupe) ou même d’un médicament, un poison mortel, ou quoi que ce soit, pourtant RECONNU dangereux, voir mortel MAIS fabriqué par un labo ou une industrie chimique (les deux faisant souvent partie du même groupe) mettra des années et parfois malgré plusieurs centaines d’études VRAIMENT indépendantes à charges a vraiment être interdit à la vente ! Deux poids, deux mesures ? Heureusement que nous sommes dans un pays démocratique ou un gouvernement irréprochable élu par le peuple, œuvre pour le bien de TOUS et non pas pour les intérêts d’une poignée, n’est-ce pas ?

    • et oui nos politiques œuvre surtout pour des lobbies et leurs porte feuilles, il suffit d’avoir regardé l’émission de Élise Luçet sur la réunion de nos chers (chères) sénateurs avec la firme Sygenta empoisonneur de 1ére, pour comprendre les enjeux.

  5. et pourquoi attendre septembre 2018 ? pour permettre à qui voudra de constituer des stocks en attendant que Bayer ou autre ne concocte une autre saloperie encore plus dangereuse

    • vous avez raison, pourquoi aussi longtemps, les alternatifs il y en plein, pas besoin de s’empoisonner et d’empoisonner les animaux…

  6. Pour être valide, cette loi devra aussi être votée par le Sénat, ce qui est loin d’être gagné .. Ensuite pour qu’elle soit appliquée, il faut attendre la publication des décrets d’application … Autrement dit, les lobbyistes vont avoir plus de temps qu’il n’en faut pour œuvrer contre cette loi.
    Pour rappel, le Sénat avait déjà recalé ce même projet présenté en mars 2015.

    • Bonjour
      @ Dodds Je partage vos inquiétudes, surtout avec ce courrier ahurissant du Ministre Le Foll incitant les députés à ne pas embarrasser les agriculteurs en votant une mesure brutale !! L’agroécologie dont il se gargarise sans vergogne doit faire partie également des mesures brutales, non ? Mais bon ça fait longtemps qu’il est clair dans sa langue de bois
      Mais que dire de l’attitude de Barbara Pompili, à la Biodiversité, appelant à « des solutions responsables » ? Est il responsable de laisser utiliser des produits universellement reconnus toxiques ?
      On marche sur la tête : un élue dite écologiste moins protectrice de l’environnement que le député PS du Développement Durable et que la minstre PS de l’Ecologie…
      On n’est pas sortis de l’auberge..mais on a quand même un pied dans la porte (humour involontaire ): cette interdiction, pour fragile qu’elle soit, est quand même un précédent.

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