À Paris, les fraises poussent en container

Depuis octobre 2015, Guillaume et Gonzague, fondateurs d’Agricool, proposent des fraises cultivées et récoltées à Paris dans leur « cooltainer ». Une belle aventure pour un fruit 100% local garanti sans pesticide.

Rédigé par Victoria Rouxel, le 19 Dec 2015, à 12 h 00 min
À Paris, les fraises poussent en container
Précédent
Suivant

Un container et beaucoup de volonté. Il n’en fallait pas plus à Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru pour lancer Agricool, et produire des fraises en plein coeur de Paris. « Fils d’agriculteurs déterminés à mieux manger en ville », ils créent un modèle novateur pour produire des fraises locales peu gourmandes en énergie et garanties sans pesticide ni OGM.

Guillaume et Gonzague ramènent leurs fraises à Paris

Dans leur « cooltainers », l’air extérieur est filtré et l’énergie utilisée provient d’Enercoop, un fournisseur d’électricité 100 % renouvelable. Pour les deux « cooltivateurs, il s’agit de contrer l’idée selon laquelle la production issue de l’agriculture urbaine est de mauvaise qualité. Une pensée notamment véhiculée par le fait que les végétaux produits sur les toits sont exposés aux métaux lourds présents dans l’atmosphère. Leur barquette, à 3 euros les 250 grammes, se vend directement du container aux consommateurs. Une formule qui fonctionne puisque plus de 1.000 personnes sont déjà sur liste d’attente.

La fraise est le fruit préféré des Français avec 130.000 tonnes consommées chaque année en moyenne. Pour Guillaume et Gonzague, c’est aussi « le plus symptomatique de la perte de goût ». 75 % des fraises consommées en France sont importées d’Espagne, du Maroc, ou de Belgique où elles sont cultivées sous serres avant d’être acheminées en France, produisant ainsi une forte empreinte carbone.

Fraises

Guillaume et Gonzague, fondateurs d’Agricool

LA bonne idée pour produire écologique et rentable

Les deux amis décident donc de se documenter pour élaborer la méthode de production la plus écologique et rentable possible. « On s’est enfermés pendant quatre mois pour trouver LA bonne idée, » raconte Guillaume. En juin, ils achètent un container et commencent à planter des fraisiers à partir de juillet 2015. Leur objectif : être 100 % transparents et convaincre qu’on peut faire pousser des produits de qualité en ville. « Nous supprimons toutes les certitudes et les préjugés pour obtenir les meilleurs fruits et légumes. »

Dès leur implantation mi-octobre dans le parc de Bercy à Paris, ils proposent pendant un mois des visites de leur prototype. Guillaume et Gonzague cultivent 3.600 fraisiers qui devraient produire 7 tonnes par an, soit la production de 4.000 m2 de terre agricole. « Une méthode cent fois plus productive qu’une exploitation classique ».

fraises

Pollinisés par des bourdons, les plants sont irrigués en circuit fermé par un système hydroponique. La solution nutritive est versée dans la cuve du container qui la disperse au goutte à goutte à travers de grandes tours en plastique recyclé dans lesquelles sont disposés les fraisiers. Les racines trempent dans cette solution et l’excédent est récupéré au fond des tours avant de revenir dans la cuve.

Le « cooltainer » utilise 25m3 d’eau par an, soit 10 cl d’eau par semaine et par plant. « C’est dix fois moins que dans l’agriculture classique. Et le fruit a un goût exceptionnel ! » Agricool se félicite même d’offrir une « claque de vitamines ».

Les deux « cooltivateurs » se sont beaucoup renseignés pour connaître les conditions idéales à la culture de la fraise. « Au début, il y avait trop d’humidité dans le container et on a du la réguler pour éviter que les fruits pourrissent ». La lumière du soleil est remplacée par 300 barres de LED qui recréent les spectres du soleil nécessaires à la croissance de la fraise. Seuls le début et la fin du spectre, respectivement bleu et rouge, sont utilisés, d’où l’ambiance violette qui règne à l’intérieur du container. La température idéale est établie à 24°C la journée, et à 16°C entre 23h et 7h du matin.

Développement international en vue

L’idée d’installer des panneaux solaires sur le toit a été émise, mais le problème réside dans l’emplacement des « cooltainers ». « Par exemple, il a 30.000 m2 de sous-sols sous La Défense où nous pourrions nous installer, mais les panneaux solaires n’auraient pas grand intérêt ! » Ils en auraient en revanche au Moyen-Orient ou en Polynésie française où Guillaume et Gonzague ont été sollicités pour réfléchir à des projets d’agriculture urbaine. « Au Qatar et à Dubaï, il fait beaucoup trop chaud pour faire pousser quoique ce soit, et en Polynésie, les crabes attaquent les cultures ».

Agricool fraises

À plus court terme, l’objectif des deux amis est d’installer une centaine de « cooltainers » en 2017 et de les rendre exploitables par toute personne ayant suivi trois jours de formation. Les containers seraient connectés par des capteurs et pourraient ainsi être gérés à distance. Les deux « cooltivateurs » souhaiteraient également produire des tomates et de la salade. Malgré l’aide de leurs proches, Guillaume et Gonzague ne sont pour l’instant que deux à gérer leur « cooltainer ». « Un boulot à plein temps ! C’est pour ça qu’on cherche actuellement à recruter des agronomes qui auraient envie de changer le monde avec nous ! » Pour une agriculture plus responsable et résolument plus cool.

L’avis de la diététicienne

consoGlobe.com – Quels sont les bénéfices de la consommation de fruits en hiver ? Sont-ils meilleurs que les compléments alimentaires ?

Emmanuelle – Les vitamines, minéraux naturels des fruits, sont toujours meilleures – c’est-à-dire mieux assimilées par le corps – que les vitamines synthétiques contenues dans les compléments alimentaires. En plus, ils contiennent aussi des fibres que l’on ne retrouve pas dans les compléments. Tout comme leur saveur d’ailleurs. Le goût de la fraise des bois n’est pas celui de la gariguette. Pas facile pour des parfums chimiques de les reproduire aussi finement.

consoGlobe.com – Agricool affirme que les vitamines sont détruites pendant le transport des fruits. Est-ce vrai ? Comment sont-elles détruites ?

Le transport détruit effectivement une partie des vitamines fragiles à la lumière, à l’air et à la chaleur (vitamine C, vitamine A et toutes les vitamines B). D’autant plus qu’il dure longtemps.

Autre élément important à savoir : la fraise fait partie des fruits dits « non climactériques », c’est-à-dire qui ne mûrissent plus quand ils sont cueillis. Un avantage pour le transport, puisqu’elles s’abiment moins. Mais un sacré désagrément du point de vue nutritionnel puisqu’elles ne contiennent pas toutes les vitamines qu’elles devraient avoir. De plus, elles sont beaucoup moins sucrées et goûteuses puisque les saveurs se développent avec la maturation.

consoGlobe.com – L’idée selon laquelle il faut manger des fruits de saison est-elle liée à des raisons médicales ou à des préoccupations écologiques ?

Manger des fruits et des légumes de saison est effectivement bon pour la santé et pour la planète. D’un point de vue nutritionnel, ils contiennent tout ce dont le corps a besoin : de la vitamine C en hiver, par exemple, pour aider à garder de la vitalité (le citron, le kiwi, mais aussi… des fraises) ; et beaucoup d’eau en été, pour mieux s’hydrater (pastèque, pêche, cerise…).

Comme ils sont cultivés sur place, ils sont cueillis à maturité, vu que le temps de transport est court, voire nul. Ils sont donc plus riches en nutriments puisqu’ils sont vendus rapidement.

D’un point de vue écologique, ils ont donc une empreinte carbone moindre et nécessitent moins d’énergie, voire moins d’engrais s’ils sont cultivés de manière respectueuse de l’environnement (bio ou en agriculture raisonnée).

L’hydroponie, la technique employée par Agricool pour ses fraises, n’est pas une nouveauté. Elle existe déjà depuis longtemps puisqu’elle est utilisée par la NASA pour développer des cultures dans l’espace… et par les amateurs de cannabis ! La solution nutritive résout les problèmes de variation de l’écosystème des sols : les plantes ont toujours ce dont elles ont exactement besoin. C’est peut-être une solution pour faire pousser des fruits et légumes de façon optimale en leur apportant tous les nutriments et vitamines nécessaires, et pour parer à des conditions climatiques extrêmes.

Retrouver tous les avis d’Emmanuelle sur sa page.

Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...




3 commentaires Donnez votre avis
  1. Super innovation, nos jeunes ont plein de talents, O% pesticides, peu d’emission de CO2, de la nourriture partout dans le monde même dans les deserts (pour rappel, la famine est encore une réalité ici et ailleurs).

    Bravo aux jeunes et bonnes continuation, je suis pretes à investir dans leur projet.

  2. Pas vraiment convaincu … ça ressemble plus à une innovation qui va profiter à un très petit nombre (les urbains) et qui semble compliquée à déployer à grande échelle.

    Puis ça reste de la culture hors sol quoi qu’on en dise.

  3. encore une belle cochonnerie qui va inonder les marchés, pas mieux que ce qui viens d’Espagne avec moins de transport, cherchez l’erreur.

Moi aussi je donne mon avis