Idée reçue : il n’y a presque pas d’animaux dans le désert

Dunes de sable ou champs de rocailles à perte de vue, chaleur insupportable la journée et glaciale la nuit, pluies très rares parfois même pendant des années, les déserts sont pourtant des écosystèmes plus riches qu’ils n’y paraissent et sont peuplés d’une faune variée. Comment les animaux et les plantes font-ils pour survivre dans cet environnement hostile ?

Rédigé par Annabelle Kiéma, le 17 Dec 2017, à 18 h 05 min
Idée reçue : il n’y a presque pas d’animaux dans le désert
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On conçoit le désert comme une immense étendue de sable à perte de vue. Un milieu hostile dans lequel il n’y aurait quasiment pas de forme de vie. Et pourtant, malgré le manque évident d’eau et des températures à forte variations pouvant atteindre 70°C en surface, faune et flore évoluent et ont su s’adapter. Et il y a une multitude d’animaux dans le désert.

Les animaux dans le désert rivalisent d’ingéniosité pour survivre

Mammifères, insectes, reptiles, batraciens, oiseaux…… Derrière ses apparences hostiles, le désert est bel et bien un lieu de vie, où certes les animaux doivent affronter les éléments climatiques extrêmes, mais aussi le manque d’eau et parfois de nourriture. Comment s’y prennent-ils ?

Savoir conserver l’eau

C’est là le secret des animaux et des végétaux qui vivent dans le désert. Tous, qu’il s’agisse d’oiseaux, de reptiles ou de plantes, ont un point commun : ils limitent considérablement leur perte en eau.

animaux dans le désert

Le Phrynocephalus arabicus, un reptile vivant dans le désert de la péninsule arabique © Kristian Bell

En effet, l’eau est un composant essentiel à tout organisme vivant. Nous, humains, sommes constitués à environ 65 % d’eau, l’oiseau à 60 % et de nombreuses plantes en contiennent 90 ou 95 %.

La chaleur du désert, le manque de points d’eau ainsi que les vents qui assèchent l’atmosphère sont autant de facteurs qui entraînent une perte d’eau pour les organismes. Survivre dans le désert implique donc de limiter cette perte en eau.

Chez l’Homme et chez d’autres mammifères, il est impossible de survivre à une perte d’eau qui excède les 12 %. Dans des populations d’animaux habitués aux milieux désertiques, on résiste beaucoup mieux : par exemple un chameau peut supporter de perdre 30 % de son eau.

Pour conserver l’eau, bouger le moins possible, rester à l’ombre et sortir la nuit

Tout d’abord, certains d’entre eux comme les insectes par exemple, ou les petits mammifères, limitent la perte d’eau en s’enfouissant dans le sable.

animaux dans le desert

Vipère du désert se camouflant dans le sable au Maroc © Ondrej Prosicky

Ils y passent les heures de la journée les plus chaudes et sortent la nuit. Les cactus ont su diminuer leur surface d’évaporation en développant des épines plutôt que de larges feuilles.

Boire le moins possible voire pas du tout

Par exemple, le rat-kangourou réussit le tour de force de ne jamais perdre d’eau : il n’urine pas, ni ne transpire ! Chez d’autres animaux, on récupère l’eau nécessaire au métabolisme partout où elle se trouve (dans les graines et les plantes qu’ils consomment).

animaux du désert

L’étonnant kangourou rat © Been there YB

D’autres animaux comme le dromadaire, la tortue ou la gerboise, produisent même l’eau dont ils ont besoin : dans leurs cas, par réaction chimique interne, l’hydrogène libéré par les graisses se combine à l’oxygène de la respiration pour fournir le complément d’eau indispensable à leur survie.

Le scarabée du désert de Namibie boit l’eau du brouillard. Celui-ci se sert de petites bosses hydrophiles formées sur son dos et de ses élytres. Lorsque le brouillard se lève sur le désert, le scarabée se positionne dans la direction du vent. La vapeur d’eau ainsi formée va se concentrer sur les bosses, formant des gouttelettes. Elles se mettent peu à peu à glisser, via les creux, jusqu’à la bouche du coléoptère !

animaux dans le desert

Scarabée de Namibie © Manu M Nair

Ce système est tellement ingénieux qu’il a inspiré des architectes. Ceux-ci ont reproduit les capteurs pour en équiper des bâtiments qui peuvent, de cette manière, récupérer eux aussi l’eau du brouillard.

Lire aussi : Le biomimétisme, ces innovations qui s’inspirent de la nature

Se reproduire efficacement

La survie d’une espèce dépend de sa capacité à pouvoir se reproduire dans son habitat naturel. Dans le désert, les conditions de vie difficiles font qu’il n’est pas possible pour certaines espèces de se multiplier n’importe quand : il faut choisir le bon moment.

Les crapauds pieds-en-bêche, aussi appelés pieds-en-bêche de Couch (Scaphiopus couchii), par exemple, survivent en se réfugiant sous terre pour en attendre patiemment une averse.

animaux dans le désert

Le ‘pied-en-bêche de Couch’ © Viktor Loki

Lorsque le martèlement de la pluie sur le sol le prévient que le moment attendu est arrivé, ils sortent aussitôt et vont profiter de points d’eau qui se créent temporairement, pour s’accoupler. Leurs petits parviennent à subir leurs deux métamorphoses en une dizaine de jours, avant que l’évaporation n’assèche à nouveau le sol.

Des animaux en danger

Les conséquences du réchauffement climatique retentissent même jusqu’au fin fond du désert. Si les animaux sont bel et bien présents dans le désert, certains d’entre eux sont en danger. Augmentation des températures, assèchement des sources d’eau, destruction de la végétation… L’habitat des animaux du désert est également grandement menacé.

Le réchauffement climatique n’est pas seul en cause. Dans le désert de Gobi (qui est lui un désert froid), les grands mammifères sont menacés par le braconnage et le trafic de fourrure ou de peau.

Ces animaux exceptionnellement résistants risquent malgré tout de disparaître vite si nous ne faisons rien. Des institutions comme le Sahara Conservation Fund mènent régulièrement des missions de surveillance pour identifier les espèces menacées. Depuis 2006, le SCF met en place des projets de conservation et de réintroductions d’animaux.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.saharaconservation.org

Illustration bannière : Caravane d’animaux dans le désert – © Vixit
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Je fais partie de ce qu’on appelle désormais les « slasheurs » : je suis rédactrice / sophrologue / et j’enseigne le français comme langue...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Heureux de constater que des personnes passionnées de la Biodiversité en général, relaient des informations sur la gravité de l’état de la conservation. ceci contribuera sans nul doute à un éveil de conscience collective et à l’échelle mondiale pour permettre d’arrêter  »l’hémorragie » pour ne pas dire de l’extinction de la vie tout court!
    Chapeau à toi Annabelle!!!!!!!!!!

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