Huiles minérales dans les emballages : le scandale perdure

Quand les autorités de sécurité alimentaires vont-elles donc se décider à agir ? Cela fait des années que le phénomène de migration des composés dérivés du pétrole de l’emballage vers les aliments est connu, et des années, également, que des associations de consommateurs tentent de réveiller les consciences en criant à l’intoxication.

Rédigé par Sonia C, le 14 Dec 2021, à 9 h 40 min
Huiles minérales dans les emballages : le scandale perdure
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Les huiles minérales dans les emballages sont un mélange d’hydrocarbures liquides issus du pétrole. Elles proviennent principalement de l’encre d’impression utilisée sur les papiers et cartons initiaux, mais peuvent aussi être contenues dans les colles servant à faire adhérer les étiquettes, voire dans les lubrifiants qui servent aux machines de fabrication de ces emballages. Les aliments peuvent être souillés lors du stockage ou du transport.

Huiles minérales dans les emballages des aliments : à quand la fin de l’intoxication ?

C’est dans les années 1990 qu’est clairement établie la migration des huiles minérales (acronyme : MOH) des emballages alimentaires vers les denrées comestibles.

Petite chronologie d’un grand scandale

En 2011, UFC-Que Choisir avait déjà tiré la sonnette d’alarme, alerte relayée en novembre 2015 par l’association Foodwatch, qui a lancé une pétition en ligne pour que des mesures soient prises rapidement pour limiter drastiquement la contamination de nos aliments courants comme des pâtes, du riz, des légumes secs ou encore des Corn-Flakes par les MOH.

huiles minérales

Des huiles minérales dans des aliments qu’aiment les enfants – © fizkes

En effet, sur l’ensemble des 42 produits testés en France, parmi des marques de grandes enseignes, des premiers prix au haut de gamme en passant par le bio, une grande proportion contenait des traces de MOH de deux groupes : les hydrocarbures saturés et aromatiques, ces derniers étant les plus à risques car suspectés d’être cancérigènes et perturbateurs endocriniens probables. Ils sont génotoxiques et/ou s’accumulent dans les tissus, notamment le foie, pouvant créer au long terme des dommages sur cet organe.

Des solutions existent : Foodwatch appelait les fabricants à mettre en place des « barrières fonctionnelles » sensées isoler le produit de son emballage. En Allemagne, suite à la découverte en 2012, d’hydrocarbures dans des calendriers de l’Avent destinés aux enfants, ce genre de mesures de prévention – et de bon sens – ont été rapidement adoptées.

Pourtant, rien ne semble avoir bouger, puisqu’à l’aube de 2017, un nouveau scandale éclate avec un produit on ne peut plus emblématique, les barres de chocolat Kinder Puis c’est le tour des laits infantiles en 2019.

Les dernières enquêtes confirment toujours des contaminations aux huiles minérales

Le 9 décembre 2021, Foodwatch revient à la charge avec une nouvelle étude concernant 152 produits de grandes consommations dans plusieurs pays d’Europe(1). Elle a permis de constater qu’un produit sur huit est contaminée par les huiles minérales.

huiles minérales

Les bouillons cube semblent particulièrement touchés par ce problème dans l’Europe – © New Africa

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En France, 5 produits ont été épinglés : « la margarine Fruit d’Or Oméga 3, les cubes de bouillon légumes Knorr sans sel et les cubes Knorr/Puget aux herbes et à l’huile d’olive, les cubes de bouillon légumes sans sel Jardin Bio Etic de Léa Nature et les cubes de bouillon de boeuf déshydraté de la marque Pouce d’Auchan ».
Dans les autres pays concernés par l’étude, Foodwatch dénonce Quaker au chocolat aux Pays-Bas, du Nutella en Allemagne, de la pâte à tartiner Delhaize bio en Belgique, de la pâte à tartiner Milky Way en Autriche

Que dit la loi ?

En France, il n’existe toujours aucune loi visant à sécuriser la santé du consommateur par l’adoption de mesures contraignantes sur ce sujet. Au niveau européen, c’est également le flou législatif qui domine, même si la volonté « d’encadrer la présence des MOAH dans l’alimentation » est là. Pour l’instant, le seuil fixé est de 1mg/kg… pour les laits en poudre pour bébés seulement !

Pour en savoir plus et signer la pétition pour un rappel immédiat des produits concernés et une législation plus stricte (comme interdire en Europe la vente de nourriture contaminée par les dérivés du pétrole les plus dangereux), rendez-vous ici

Que faire contre les MOH ou MOAH ?

En attendant, que peut-on faire pour se protéger ? Le mieux reste encore de prendre l’habitude systématique de transvaser tous les aliments à longue durée de conservation (céréales, légumes secs…) dans des bocaux en verre, matériau totalement inerte. Car il faut garder à l’esprit que plus le temps passe, plus les denrées qui restent au contact de leur carton d’emballage sont susceptibles d’être polluées.
Évitez donc de laisser traîner des années vos aliments au fond d’un placard dans leur emballage d’origine.

Article mis à jour et republié

Illustration bannière : Des huiles dérivées du pétrole don mon assiette ! – © StoryTime Studio
Références :
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Sonia C., passionnée de biologie et de nutrition, j’aime l’idée de rendre les sciences accessibles à tous sans pour autant en édulcorer les grands...

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