Les plantes peuvent-elles dépolluer l’air intérieur ?

La qualité de l’air à l’intérieur du logement est souvent plus mauvaise que l’air extérieur. En cause, des sources de pollution plus nombreuses, un volume d’air restreint et un renouvellement d’air pas toujours optimal. Les plantes dépolluantes sont-elles aussi efficaces que l’on aimerait le croire pour purifier les pièces de son logement ?

Rédigé par Élodie Lapierre, le 4 Mar 2020, à 18 h 10 min
Les plantes peuvent-elles dépolluer l’air intérieur ?
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Le concept de plantes dépolluantes est apparu dans les années 1980, quand la NASA a publié les résultats d’études mettant en avant les capacités épuratrices des plantes d’intérieur. Une liste de plantes efficaces  pour éliminer des polluants chimiques, comme le benzène ou le formaldéhyde, a même été diffusée. Naturellement avec le temps, il était évident que si le procédé fonctionnait en conditions de laboratoire, alors il fonctionnerait également pour dépolluer l’air du logement.

Les plantes, qu’elles soient d’intérieur ou d’extérieur, respirent. C’est là la base de la croyance qui voudrait que ce faisant, elles en profiteraient pour filtrer l’air et nous débarrasser de toutes les particules dangereuses. Ce n’est pas totalement faux, mais pas assez vrai… Aujourd’hui, alors que la qualité de l’air se dégrade même à l’intérieur, les plantes vertes peuvent-elles être une solution pour assainir naturellement les pièces de nos habitations ?

Plantes dépolluantes : des études sèment le doute

Les premières études les plus retentissantes sur le sujet de la capacité des plantes à filtrer différents polluants comme les COV (composés organiques volatils) datent désormais d’il y a trente ans (1989 pour la plus célèbre).

Au niveau national en 2004, l’Ademe lançait son programme Phytair qui réunit le Laboratoire des Sciences Végétales et Fongiques de la faculté de pharmacie de Lille, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et l’association Plant’Airpur.

plantes dépolluantes

Les chlorophytums, souvent présentées comme soit-disant dépolluantes © Photography by Adri

Phytair, principal programme de recherche français portant sur la phyto-épuration de l’air, a permis de confirmer les propriétés épuratrices des plantes, sur la base de résultats obtenus après expérimentation en laboratoire. Mais, l’étude a en outre, mis en évidence l’importance des substrats et de leurs micro-organismes, de la surface des feuilles, de la densité du feuillage et de l’hygrométrie sur l’efficacité à éliminer les polluants de l’air.

En 2010, le projet Phyt’office est lancé avec pour objectif de tester les capacités dépolluantes des plantes d’intérieur en conditions réelles, dans un bureau. Diverses expérimentations ont permis de mieux cerner les mécanismes de dépollution, et qui ont abouti à la conclusion que la présence de plantes en pot dans les conditions normales d’occupation n’a eu aucun effet significatif sur la pollution de l’air intérieur.

En 2011, l’Ademe rendait donc son avis quant à l’efficacité des plantes sur la qualité de l’air  : l’argument « plantes dépolluantes » n’est pas validé scientifiquement au regard des niveaux de pollution généralement rencontrés dans les habitations et des nouvelles connaissances scientifiques dans le domaine.

Les mécanismes de dépollution

La plante, elle-même ne joue pas un rôle crucial mais plutôt les microorganismes qui vivent en symbiose, chacun apportant des éléments essentiels à l’autre, au niveau de son système racinaire, et qui ont la capacité de dégrader certains composés chimiques plus ou moins efficacement.

Malheureusement, en conditions réelles, sans charbon actif dans la terre  qui permet de fixer les molécules chimiques, et sans système de ventilation capable d’introduire l’air pollué au niveau du système racinaire, les plantes n’ont aucun impact sur l’amélioration de la qualité de l’air intérieur.

Au mieux elles ont un rôle neutre, à condition de ne pas utiliser de pesticides et qu’il n’y ait pas de désordre d’humidité dans le logement. En cas de condensation sur les fenêtres et/ou de traces de moisissures, on limite leur présence, car elles génèrent de l’humidité.

Pour mettre toutes ces données au goût du jour et s’attaquer à cette véritable croyance empirique, des chercheurs de l’université Drexel à Philadelphie ont passé au peigne fin douze rapports scientifiques sur le sujet abordant des recherches en la matière sur 196 plantes différentes.

Le résultat publié en novembre 2019 au Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology de la revue au Nature, est sans appel(1) : les méthodes de recherches sur le sujet ont directement influencé les résultats et notamment le fait que la capacité des plantes à « filtrer » ou « dépolluer » a été étudié dans des milieux confinés très restreints (60×60 cm pour certains) ou dans des conditions très maîtrisées (flux d’air, etc.).

Des plantes dépolluantes qui ne dépolluent pas tant que ça

Sans remettre totalement en cause les propriétés dépolluantes des plantes – les plantes ont toutes par essence une propriété d’accumulation, mais a priori pas de rendement suffisant – l’expérience in-situ démontre qu’il n’est pas raisonnable de penser que les plantes dites dépolluantes seules suffisent à constituer un système d’assainissement fiable de l’air.

Selon les résultats de la dernière étude, il faudrait avoir entre 10 et 1000 plantes par mètre carré chez soi pour qu’elles aient un réel impact sur la qualité de l’air de votre intérieur. Même en ne se basant que sur l’hypothèse la plus basse, il faut bien dire que dix plantes par mètre carré ne laisseront pas beaucoup de place pour vivre dans son logement

Ces mêmes chercheurs se sont aussi piqués de leur propre analyse, au-delà de ce qu’ils avaient extrapolé des douze rapports étudiés, et en sont arrivés à la conclusion qu’il faudrait environ une centaine de plantes au mètre carré pour améliorer significativement la qualité de l’air de votre intérieur.

C’est certainement un exemple de la façon dont les résultats scientifiques peuvent être trompeurs ou mal interprétés au fil du temps. Mais c’est aussi un excellent exemple de la façon dont la recherche scientifique devrait continuellement réexaminer et remettre en question les résultats pour mieux comprendre ce qui se passe réellement autour de nous.
conclut Michael Waring, ingénieur en environnement en charge de ces travaux

 

plantes dépolluantes, bureau

© Photographee.eu Shutterstock

Par contre, les plantes ont l’avantage, non négligeable, d’être source de bien-être. La végétation apporte un sentiment d’apaisant, participant au confort général dans un espace clos, comme des bureaux par exemple.

Il est donc important de combiner les effets des plantes et d’autres gestes pour accroître la qualité de l’air intérieur.

 Lire page suivante : plantes dépolluantes FAQ

Références :
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Chargée d’études en santé environnementale et passionnée par ces enjeux, j’ai créé le site Devenir rédacteur

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Très bon article, je vais me pencher sur ces plantes, peut être que combiner avec un purificateur d’air, c’est une solution parfaite pour purifier l’air des intérieurs, du moins un bon combo.
    Didier de Climat Interieur

  2. bonjour, dans les hôpitaux les fleurs et les plantes sont interdites, car ça amène des microbes et bactéries et on n’en a pas besoin.

    En plus ça amène de l’humidité, et dans les logements qui ont tendance à être humides ou qui n’ont pas de VMC. Je pense que ce sont les fleuristes qui ont lancé ça pour faire tourner leur commerce.

    Si on veut éliminer l’air pollué des maisons, il faut aérer en courant d’air et très rapidement en hiver. Lorsqu’il fait très froid, l’air chaud sort et est remplacé par de l’air froid. Si on est dans une rue où il y a de la circulation choisir un moment tranquille ou bien ouvrir en grand de l’autre côté pour les appartements traversants et ouvrir à peine de l’autre côté. On peut aussi pousser l’air des pièces donnant sur cour ou jardin avec un ventilateur vers les pièces qui donnent sur la rue.
    Une hotte aspirante à extraction peut servir de VMC intermittente ainsi que les aspirations centralisées (qui sont rares tout de même).

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