Économie symbiotique : pour une économie vraiment au service de la planète

Rédigé par Charlie Trisse, le 2 May 2015, à 11 h 07 min
Économie symbiotique : pour une économie vraiment au service de la planète
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La crise de 2008 a remis en cause la structure même du monde de la finance et de l’économie. Dans le monde de la compétitivité à tout prix et de l’immédiateté, des penseurs alternatifs prônent une économie raisonnable. Parmi ces courants de pensée, « l’économie symbiotique », définie par Isabelle Delannoye, environnementaliste française et ingénieur agronome de formation, occupe une place croissante. consoGlobe est parti à sa rencontre.

D’où est née l’idée de l’économie symbiotique ?

« La volonté de mettre en place l’économie symbiotique est née du constat que notre modèle économique est en panne. Il n’y a pas de croissance et le futur écologique s’assombrit. Sur le plan écologique, nous dépassons les limites du système-terre : la biodiversité est en danger et le réchauffement climatique empire. Les équilibres, qui conditionnent notre vie sur terre, sont perturbés et révèlent pour la population humaine un avenir incertain.

Deuxièmement, les ressources minérales et minières (eau, pétrole, gaz et métaux) se raréfient alors que la demande croît. Cette panne économique nous menace dans nos stratégies de développement de notre modèle sociétal. Enfin, on constate une panne sociale avec le recul de la prospérité de la société. Le PIB augmente, mais pour autant nous ne sommes pas plus heureux qu’avant. Nous arrivons au bout de cette logique d’accumulation des richesses comme condition à notre bien-être. »

ressources-minières-minérales-économies-symbiotiques

« Face à ce triste constat, une nouvelle économie est à trouver dans divers domaines comme le biomimétisme, la gestion de l’eau, l’agriculture, l’habitat, le territoire, les biens de consommation ou encore l’énergie. C’est ce que prône l’économie symbiotique : une symbiose doit être retrouvée entre l’homme et les écosystèmes. »

L’économique symbiotique : « le tout a plus de valeur que la somme des parties »… oui mais c’est quoi ?

« Ce qu’apporte l’économie symbiotique n’est pas technique, mais organisationnel. C’est une économie de l’intelligence, du design et de l’organisation. Elle porte un regard nouveau sur nos modèles économique et productif et sur notre rapport aux autres et au vivant. Pour parler d’économie symbiotique, six principes sont à respecter :

  1. L’économie symbiotique utilise l’intelligence des écosystèmes naturels et s’appuie sur les services qu’ils rendent : énergie, production alimentaire, service de filtration de l’eau, de l’air et du sol.
  2. Elle est non polluante. Elle réduit les toxicités et réintègrent les cycles biochimiques de la planète.
  3. Elle est parcimonieuse dans son utilisation des ressources puisque les ressources sont réutilisées et recyclées.
  4. Elle promeut la collaboration et la coopération des différents acteurs (industries, territoires et citoyens). Les déchets des uns deviennent les ressources des autres.
  5. Ainsi, elle est relocalisée, rapprochant producteurs et consommateurs, puisque les productions rencontrent les consommations sur un même territoire. Les flux sont alors densifiés sur un même territoire. Ils relocalisent la valeur.
  6. Enfin, elle est diversifiée dans son offre et sa réponse aux besoins des populations. »

Concrètement, ça donne quoi ?

« Ce concept souvent difficilement compréhensible prend tout son sens à travers l’exemple suivant. Au Canada, des fermiers ont créé une ferme biologique intensive qui produit des fruits et légumes toute l’année malgré la rigueur du climat. Cette ferme a la particularité de mettre à profit l’énergie solaire. Elle est également dotée de ruches et produit donc du miel pendant que les abeilles pollinisent. Quant à l’eau, elle provient de la récupération des eaux de pluie. Aucun pesticide ou engrais chimiques n’est utilisé. Seul le compost a le droit de cité. Le résultat de cette initiative originale est impressionnant : la production atteint 100.000 kg de fruits et de légumes par an sur une surface de 3.000 mètres carrés.

Mais l’originalité de cette ferme réside davantage dans sa localisation. Elle se situe en plein centre de Montréal sur le toit d’un immeuble et elle nourrit à elle seule 1500 familles. Pour diversifier son offre et répondre aux besoins des habitants, elle s’est associée aux fermes voisines ce qui l’a conduit à ouvrir un supermarché. »

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« Elle répond totalement aux caractéristiques d’une économie symbiotique dans la mesure où elle couple productivité humaine et productivité des écosystèmes avec la restauration des liens sociaux. Effectivement, elle crée de l’emploi, favorise les circuits courts et organise la vie sociale de Montréal.

New-York a également élaboré un plan répondant à la logique de l’économie symbiotique pour répondre aux besoins futurs de sa population. En effet, en 2030, 60 % de la population sera urbaine et New-York regroupe 10 millions d’habitants qui sont directement exposés au changement climatique (tempêtes, inondations, fluctuation de la mer…). Ainsi, la ville a décidé de se servir des écosystèmes pour répondre à ce défi. Parmi les mesures prévues, on note la mise en place d’arbres sur les berges servant de remparts contre les ouragans et les inondations. Des toits égétalisés alimenteraient la ville, climatiseraient l’atmosphère et absorberaient les précipitations. Des jardins communautaires et des parcs filtrants seront plantés pour nourrir et dépolluer les eaux.

Cette solution végétale demande un véritable réaménagement de la ville, mais elle coûte 80 % moins chère que le redimensionnement des réseaux pluvieux actuels. De plus, la présence d’écosystèmes au coeur de la ville a d’énormes bénéfices pour nous : ils diminuent le stress, les maladies, la criminalité et la violence domestique et améliorent les relations sociales. »

Sommes-nous prêts à mettre en place une telle économie ?

« Selon les sondages, 30 à 40 % de la population porte des valeurs écologiques. Depuis les années 1960, une nouvelle vision de l’homme s’est développée souhaitant remettre l’homme au coeur de la nature. L’homme n’a donc plus la volonté de dominer la nature, mais il doit composer avec elle.

De même, les populations vivant dans les pays pauvres sont conscientes des effets du changement climatique sur le quotidien. Ainsi, le souhait d’une nouvelle économie respectant la nature est de plus en plus revendiquée par les associations et, plus largement, par l’ensemble de la société civile, et pas uniquement dans les pays développés. »

Si cette volonté est présente, est-ce possible de mettre en place un tel projet en France ?

« En France, la gestion de l’eau, des territoires, ou encore de l’agriculture est loin du modèle de l’économie symbiotique. Néanmoins, des initiatives locales naissent. A Nantes, par exemple, un projet d’installation d’une biofaçade constituée de microalgues autour d’un incinérateur est dans la lignée de l’économie symbiotique. Grâce à la photosynthèse, les microalgues captent le carbone émis par l’incinérateur. C’est donc un système gagnant-gagnant puisque la chaleur de l’incinérateur permet de diminuer de 80 % la consommation énergétique par rapport à une consommation classique. Les besoins de climatisation et de chauffage du bâtiment sont réduits de 50 %. Enfin, les microalgues peuvent produire des molécules pour l’alimentation, le secteur pharmaceutique, les cosmétiques ou encore les carburants. Ce dessein présente des avantages économiques, financiers et écologiques considérables. »

microalgues-consommation-biofaçade-économie-symbiotique

« Ce projet est porteur d’espoir pour l’avenir, mais des progrès restent à faire en France. Concernant l’agriculture, il faudrait développer la permaculture, l’agro-écologie et l’élevage plutôt que le maraîchage et les cultures intensives. Du côté de l’électricité, privilégier la diversification des sources, la production décentralisée et mutualisée et la distribution en réseaux connectés et intelligents, plutôt qu’une centralisation de la production et un réseau linéaire et individuel permettrait de réaliser d’importantes économies. Enfin, au niveau des territoires, l’idéal serait la mise en place de centres multifonctionnels regroupant habitats, lieu de travail et d’achat, plutôt que de faire une zone commerciale au Nord, une zone résidentielle au Sud et une zone d’activités à l’Ouest.

La France a de nombreux atouts : puissance aéronautique, industrie de pointe, riche en termes de biodiversité, de territoire maritime, d’art… Ainsi, elle dispose de tous les atouts pour se positionner comme un pays précurseur pour une nouvelle économie du XXIe siècle. »

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Titulaire d'un master 2 en "Journalisme et communication à l'international" de Sciences Po Aix et disposant d'un bachelor en "Relations Internationales" de...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. bonjour.

    L’article est au mieux incomplet. Il gagnerait à être relu, sourcé et corrigé (c’est plein de fautes, ça fait mauvais effet pour une journaliste)

    300 tonnes à l’hectare annoncées dans l’article (affirmation non sourcée), c’est énorme, bio ou pas c’est de l’ultra intensif qui doit avoir d’énormes besoin en intrants, en main d’œuvre, en irrigation, en matériel et en technicité.

    Cela ne nourrit pas 1500 familles, les 100 tonnes produites ne sont pas de la matière sèche, et ne représentent de toutes façon que 180g par jour et par famille.

  2. Merci pour cet article clair et précis

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