Des chefs réfugiés vont cuisiner dans dix restaurants parisiens

Le 20 juin, c’est la journée mondiale des réfugiés. Pour mieux faire connaître le statut de ces personnes contraintes de fuir leur pays, un festival, le ‘Refugee Food Festival’, compte sur le partage culinaire. Des chefs réfugiés vont s’activer derrière les fourneaux de dix restaurants parisiens pour faire découvrir la cuisine de leurs pays respectifs.

Rédigé par Elise Racque, le 16 Jun 2016, à 18 h 30 min
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Du vendredi 17 au mardi 21 juin, des chefs réfugiés vont ainsi prendre en main les cuisines de dix restaurants parisiens. Le Refugee Food Festival compte faire voyager les papilles des participants à travers six nations différentes.

Cuisiner contre les préjugés

Tout est parti d’un voyage. À la fin de leurs études, Louis Martin et Marine Mandrila se lancent dans un « tour du monde du repas chez l’habitant » qui les amènera, six mois durant, à franchir de nombreuses frontières et à goûter de nombreuses spécialités.

Ils ramènent de cette aventure un livre, « Very Food Trip », et créent l’association Food Sweet Food, à l’origine du Refugee Food Festival, un événement co-organisé avec l’entreprise sociale Cuistots Migrateurs ainsi que  l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Pour Louis Martin, « La cuisine est un pont qui permet de connecter les personnes, et des cultures qui ne se connaissent pas, qui ne se comprennent pas forcément. Le but, c’est changer le regard des gens, rappeler que les réfugiés ont des compétences, quelque chose à apporter. » Après avoir constaté que la cuisine ouvrait de nombreuses portes, Louis Martin et Marine Mandrila ont voulu importer la démarche sur Paris.

Des talents culinaires des quatre coins du monde

Pendant cinq jours, dix restaurants parisiens vont donc accueillir des chefs réfugiés. Ils viennent de Syrie, du Sri Lanka, d’Iran, d’Inde, de Tchétchénie ou encore de Côte d’Ivoire.

Syriani, primée meilleure pâtissière du Sri Lanka mais aussi à l’aise avec les plats salés, fera ainsi découvrir son curry végétarien aux Marmites volantes. Mohammad El Khaldy réalisera lui ses recettes syriennes au sein du restaurant gastronomique L’Ami Jean. En Syrie, il animait une émission de cuisine à la télévision. « Beaucoup d’établissements ont demandé à participer à l’événement, explique Louis Martin. Ces chefs ont accepté de changer leur routine, leur carte, les habitudes de leur clientèle. »

Mohammad El Khaldy et le chef Stéphane Jégot de l'Ami Jean. (Photo Food Sweet Food)

Mohammad El Khaldy et le chef Stéphane Jégot de l’Ami Jean. ©Food Sweet Food

Un objectif : l’intégration

Certains chefs réfugiés ont reçu carte blanche, d’autres ont travaillé à quatre mains avec les chefs des restaurants qui leur ont ouvert leurs portes. Au West Country Club, on proposera par exemple des crêpes breto-indiennes.

La fusion des cultures, l’ouverture à l’autre, c’est aussi l’objectif visé par le festival. « Même s’ils sont en France depuis plusieurs mois voire plusieurs années, la plupart n’ont travaillé qu’au black, dans des cuisines dirigées par des compatriotes. » regrette Louis Jacquot, co-fondateur des Cuistots Migrateurs, qui ont déniché les talents culinaires. « Jusqu’ici, beaucoup sont restés dans leur bulle. Ils n’ont pas vu les Français qui ne les ont pas vus non plus. L’idée, c’est donc aussi de les sortir de leurs communautés pour faciliter leur intégration. »

À terme, il s’agira aussi pour ces cuisiniers de retrouver une situation stable, avec un emploi correct. Certains bars et restaurants ont ainsi déjà proposé aux chefs réfugiés de revenir cuisiner pendant l’année.

Pour l’ouverture le vendredi 17 juin au soir, le menu sera syrien et « freegan » : la cantine participative du restaurant Freegan Pony servira les invendus de Rungis à la sauce syrienne. Attention, chaque chef ne cuisinera qu’une journée, n’oubliez pas de réserver

Pour en savoir plus et consulter le programme : www.refugeefoodfestival.org ou la page Facebok de Refugee Food Festival

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Journaliste en formation, j’ai le sentiment de vivre une période charnière où l’information sur les modes de vie alternatifs et l’environnement prend...

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