Commerce équitable. Comment s’y retrouver ?

Rédigé par Consoglobe, le 5 Sep 2008, à 15 h 59 min

D’après une enquête Ipsos , 57 % des Français estiment qu’un manque de transparence pénalise le commerce équitable. En effet, avec l’abondance de labels, de marques ou de produits en tout genre, les consommateurs ne savent plus où donner de la tête :  pourquoi autant de labels ? A qui faire confiance ? Nous vous proposons de faire le point…

Les labels « équitables », pour quels contrôles ?

Avant toute certification d’un produit, des experts se rendent sur place pour contrôler la traçabilité du produit et s’assurer que toutes les étapes jusqu’à la mise en rayon du produit respectent les valeurs du commerce équitable.

Les producteurs, les importateurs et les industriels agréés font ainsi l’objet d’un contrôle à la fois administratif et physique.

Si ce produit répond aux critères de certification,  la certification peut alors figurer sur son emballage. Aujourd’hui, deux organismes certificateurs internationaux et reconnus sont chargés de ces contrôles et de définir les différents critères concernant les droits d’utilisation du label par les producteurs et distributeurs :

  • le système FLO (Fairtrade Labeling Organizations International) délivrant la
    certification FloCert,
  • le système Ecocert Fair Trade délivrant, lui, la
    certification Ecocert.

Ces deux systèmes d’expertise regroupent plusieurs  labels du commerce équitable mais sont sous-traités par certains organismes au niveau national. C’est pourquoi, au niveau national, on retrouve différents labels.

Entre  labels généralistes et spécialisés

 

Developpement durable articleDes labels « généralistes », comme Max Havelaar,  ne  limitent plus leurs produits aux seuls aliments comme le café ou le riz, mais ont étendu leur certification au prêt-à-porter, aux cosmétiques, aux linges de maison et même aux fleurs ! Les produits labellisés Max Havelaar sont soumis à un contrôle régulier par le système FLO.

Max Havelaar occupe aujourd’hui une position dominante, avec un logo apposé sur les trois quarts des produits équitables. Pratiquement toutes les enseignes de la grande distribution proposent aujourd’hui des références garanties par Max Havelaar.

Ces produits se trouvent la plupart du temps dans les mêmes rayons que les
produits habituels ou sur des présentoirs séparés. D’autres labels sont, eux,  plus
spécifiques à un type de produits comme Step ou Bio Equitable

 

Developpement durable article

Le label Step s’applique aux produits dans le secteur du tapis. 20 magasins de vente de tapis sont labellisés en France. Depuis le 1er janvier 2007 le label STEP est géré en tant qu’unité commerciale autonome au sein de la Fondation Max Havelaar (Suisse).

 

Developpement durable articleBioéquitable est le principal label sur le marché français. Il réunit des Petites et Moyennes Entreprises du secteur agrobiologique et concerne  lesmatières premières comme le cacao, le coton, le riz, etc. dont les critères équitables sont contrôlés par Ecocert.

     

    Des acteurs qui se regroupent pour de nouveaux labels

    Developpement durable articleAujourd’hui, certains acteurs d’une même filière peuvent être amenés à définir ensemble une charte à respecter, qui devient ensuite un label, comme Biocoop, le premier réseau de magasins bio en France, qui a crée le label « Ensemble, pour plus de sens »

    Leader de la distribution alimentaire biologique, Biocoop propose désormais plus de 300 produits  équitables en France.

    Le cas de « Rainforest Alliance »

    Fondée à New York en 1987 pour préserver les forêts et la biodiversité, RainForest Alliance travaille aujourd’hui avec 10 000 producteurs de bois, de café, de bananes et de chocolat dans 14 pays.

    Developpement durable articleSpécialisée dans la certification agricole et forestière durable, cette société a présenté à Paris un bilan record sur les ventes de produits comme le bois, le café, la banane ou le chocolat, dépassant les 3 milliards de dollars pour 2007.

    Cependant Rainforest Alliance ne peut se réclamer être un label du commerce équitable car il ne garantit pas de prix minimum d’achat des matières premières au producteur.

    Il s’agit pour cette certification d’attester d’une réelle démarche globale de développement
    durable
    , d’ augmenter  la valeur du produit, comme le café, sur le marché et donc les revenus des producteurs.

    Vers un label commun ?

    Face à ce manque de visibilité,  le commerce équitable demeure encore fragile, d’autant plus que beaucoup des produits issus de ce secteur voient leurs prix augmentés en raison de la flambée des cours des matières premières agricoles.

    Pour plus de clarté, la tendance serait cependant au rapprochement entre les différentes appellations, afin qu’un seul organisme de contrôle prenne en charge la
    labellisation des produits bio et des produits du commerce équitable. Selon les enquêtes, les consommateurs de produits bio et ceux de produits du commerce équitable sont quasiment les mêmes.

    Ecocert

    ECOCERT est la société de contrôle et de certification agréée par les pouvoirs publics dont le rôle est de contrôler et authentifier sur le terrain le respect des normes spécifiques à l’agriculture biologique. ECOCERT est actif dans près de 50 pays. Le métier de base d’ECOCERT consiste à donner une garantie sur le respect rigoureux de cahiers des charges applicables à des produits, des systèmes ou des services.

    *

    Pour en savoir plus  sur les labels :

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    6 commentaires Donnez votre avis
    1. Attention à la signification du mot « label » qui veut simplement dire étiquette. Il existe aujourd’hui des labels pour tout et n’importe quoi.

      Il ne faut pas les confondre avec les labels officiels français comme les labels « agriculture biologique » ou encore « label rouge » … qui sont des labels garantis par l’État lui même.

      Aujourd’hui, nombreuses sont les visions du commerce équitable. Cependant je vous rappelle que « commerce équitable » est une marque commerciale déposée à l’INPI. Le terme a été « inventé » en 1989 pour décrire une démarche incluant l’ensemble des travailleurs au Nord comme au Sud ainsi que l’environnement.

      Rien à voir donc avec toutes ces visions caritatives reposant sur des bénévoles ou bien sur les produits vendus en supermarché ne respectant absolument pas les droits de tous les travailleurs.

      Je vous renvoie à deux films excellents sur le sujet :

      – Équitable à tout prix, Hubert Dubois, 2008, 52 min
      – Un grain d’équité, Jean-Michel Vennemani ,Noël Mamère, 2005, 52 min

      Mais il y en a certainement d’autres qui montrent que les démarches sont très différentes.

      Je reste convaincue que la seule véritable preuve reste la transparence. Si on ne répond pas de manière précise aux questions posées c’est qu’il y a un souci. Essayer donc de remonter la filière d’un produit « équitable » pris au hasard dans un supermarché !!

    2. Il est à l’heure actuelle impossible d’envisager un label commun, les travaux de la commission nationale du commerce équitable n’aboutissent pas.

      La raison est simple, il y a plusieurs façon d’envisager la garantie et elles dépendent de quel commerce équitable l’on souhaite ? un commerce équitable qui se limite aux portes des coopératives et sert ensuite d’outils de communication pour des multinationnales qui ont besoin de redorer leur image en échangeant – de 1% dans des conditions équitables mais en occultant les 99% autres par une bonne politique de communication. C’est le défaut des garanties produits qui ne sont pas différenciées des autres dans cet article. De plus cela à aboutie à la naissance d’une pléaide de logos (Rainforest alliance est cité mais encore UTZ kapeh qui connaît lui aussi un fort succès) qui crée la confusion dans l’esprit du consomateur qui croît à tort acheter un produit « équitable ».

      « Je connais un producteur de Quinoa qui vends dans le même silo: du pas bio, du bio,et de l’équitable. Pour le dernier , il cotise, la différence c’est ça! » -> c’est aussi le problème des garanties produits, la coopérative paye sans aucune garantie de vendre « équitable » cela dépends de la bonne volonté des multinationnales (si le cours du marché est élevé, elles peuvent acheter équitable à moindre coût !)

      Il faut donc aussi aborder la question des garanties organisation et filière qui ont une vision plus globale et se destine aux entreprises spécialisés du commerce équitables qui en portent les valeurs et que j’invite à privilégier à titre personnel, même en grande distribution bien que je n’y cautionne pas sa présence ( du CE en GMS est une contradiction évidente mais offre des débouchés…)

      Je fais partie de l’association Transparent Trade qui est une garantie organisation qui s’intéresse à l’équité sur l’ensemble de la filière.
      Comme son nom l’indique vous retrouverez sur notre site http://www.transparent-trade.org/spip/ (encore en construction) toutes les informations économiques, sociales, environnementales et financières concernant nos membres.

      Le but est ici de fournir toute l’information au consommateur pour lui permettre d’effectuer un choix conscient, car il n’y a pas un commerce équitable mais une diversité de démarches qui vont dans le bon sens et seule la transparence peut en être le garant. N’hésitez pas y laisser vos commentaires.

      Nicolas

    3. http://www.transparent-trade.org/spip/spip.php?page=rubrique1&id_rubrique=1

      Transparent Trade apporte un réponse à cette confusion :

      * Le commerce transparent est une réponse à la dénaturation et la banalisation du terme « Commerce équitable » et à son utilisation sans aucune garantie ni traçabilité.

      L’attrait d’un marché à très fort potentiel de croissance :

      – attire les convoitises d’une multitude de structures existantes qui ne se sont jamais préoccupées de l’équité dans leurs relations commerciales.

      – engendre une course à la labellisation entre différents organismes certificateurs qui mettent en place des chartes ou des cahiers des charges plus ou moins exigeants afin de pouvoir certifier le plus grand nombre de « clients ».

      – La grande distribution profite de cette nouvelle niche commerciale pour séduire le consommateur avec une image qui est aux antipodes de sa politique commerciale et salariale.

      * La difficulté d’établir une charte de commerce équitable pertinente.

      Il est quasiment impossible d’établir une charte intégrant la diversité des cultures, des lois et des pratiques des pays « émergents ».

      Les niveaux de vie ne sont pas les mêmes au Pérou et en Tunisie, au Népal et en Guinée. Les différences culturelles sont telles entre tous ces pays que les besoins des populations ne peuvent être globalisés et certifiés dans une même et unique charte.

      IL serait donc nécessaire et efficace de créer des chartes Europe/Pérou, Europe/Népal, Europe/Tunisie… afin que les pratiques du commerce équitable soient réellement adaptées aux besoins des populations auxquelles il s’adresse.

      – Oser et pouvoir tout montrer est maintenant la seule et ultime garantie que nous « acteurs engagés et responsables » pouvons opposer à toute dérive et récupération à des fins commerciales

      * Le commerce équitable devrait concerner l’intégralité de la filière : du producteur au consommateur.

      La plupart des labels se contentent de valider l’équité de la rétribution des producteurs.

      Pour construire un monde équitable, l’équité ne doit pas se limiter à quelques accords entre importateurs et producteurs. Tous les intervenants doivent avoir accès à ce principe d’équité, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest.

      —-

      1) Transparence : Montrer et démonter dans le détail le fonctionnement d’une entreprise ou d’une association,

      – aspects financiers : Où va l’argent ? Quels sont les coûts ? Combien gagnent les dirigeants ? Et les employés ?
      – aspects sociaux (effectifs, organisation…)
      – environnementaux

      – l’entrepreneur peut découvrir à travers l’expérience concrète des autres les moyens d’améliorer la qualité de son entreprise.

      – Le consommateur peut s’informer sur les qualités d’une entreprise pour valider un achat en toute conscience en se faisant son propre avis.

      2) Pédagogie : Offrir une base documentaire et pédagogique sur toutes implications sociales et environnementales de l’entreprise et de la consommation.

      – l’entrepreneur peut améliorer ses connaissances pour mieux orienter son entreprise.

      – Le consommateur peut élargir ses connaissances pour mieux comprendre les enjeux de la consommation et pour mieux savoir interpréter les informations affichées par les entreprises.

      – Les enseignants y trouvent des fiche donnant accès aux élèves à toute informations liés au monde économique dans ces implications sociales et environnementales.

    4. heu ….. il y a une autre différence dans les labels qui sont cités il y a des associations à but non lucratifs, des rassemblements d’entreprises et des boites créées et financées par des fonds de pension américain. ça fait quand même une sacrée différence. je donne pas les noms je serai accusé de parti pris !

      De ce que j’ai pu en voir, les label ne s’occupent pas que des prix minimum mais sont aussi très exigeants sur la démocratie, le respect des conditions de travail et l’environnement. Pour moi c’est plus un moyen de repérer les bonnes pratiques. Dans une étude de AVSF, ils montrent que quand certains peuvent vendre à un prix décent c’est tout le marché local qui en profite avec des prix qui augmentent. ils ne vendent pas toutes leur production en équitable mais toute la production doit être faite selon les règles de contrôle. c’est une autre façon de s’organiser.

      Il est temps qu’on sorte un peu les yeux de notre porte-monnaie et de nos craintes: oui il y a un effet de com, oui certain en profitent pour se payer une bonne conscience mais oui ça permet aussi de faire réfléchir des consommateurs moutons et de rendre un peu plus autonomes des producteurs qui jusqu’à maintenant n’avaient pas leur mots a dire.

      On commence à bouger ou on attend la baguette magique ?

    5. Sur ce «marché» de l’humanitaire, aux perspectives de croissance prometteuses,les maxs en tout genre mais surtout la grande distri se font des ronds et une conscience. Ce charity business est gratifiants pour les contributeurs, ces organisations sont en concurrence entre elles pour émouvoir. Elles ont ainsi adopté des stratégies marketing, dérivées de celles des entreprises qui depuis des lustres affament la planête, suicide les planteurs, afin de conquérir des « parts de marché » chez les nantis qui, entre nous, ne devrait parler d’équité qu’à voix basse.
      Je connais un producteur de Quinoa qui vends dans le même silo: du pas bio, du bio,et de l’équitable. Pour le dernier , il cotise, la différence c’est ça!

    6. « Cependant Rainforest Alliance ne peut se réclamer être un label du commerce équitable car il ne garantit pas de prix minimum d’achat des matières premières au producteur.  »

      La question est de savoir si la garantie du prix minimum d’achat et l’alpha et l’oméga des démarches équitables.
      Surtout quand les prix des matières premières sont aux plus haut.

    Moi aussi je donne mon avis