Le Bhoutan, le pays du bonheur national brut

Le Bhoutan est un tout petit pays, avec ses 47.000 km² sa taille est comparable à celle de la Suisse, enclavé entre les deux géants que sont l’Inde et la Chine, au coeur de l’Himalaya. Ses 750.000 habitants font des envieux dans le monde entier, puisque le Bhoutan est connu pour être le pays du Bonheur.

Rédigé par Annabelle Kiéma, le 20 Aug 2017, à 15 h 20 min
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Le bonheur pour tous ?

Revenons un peu à l’histoire du Bhoutan. Le pays aurait été créé au XVIIe siècle sous le moine Shabdrung Ngawang Namgyal. Mais depuis l’unification du pays en 1907, c’est la dynastie Wangchuck qui gouverne. Avant cette date, les gouverneurs de districts, les Penlops, étaient très autonomes. La famille Wangchuck ne gouvernait que sur le district central du pays, celui de Trongsa. Cinq rois (portant le titre de Druk Gyalpo, roi-dragon) de la dynastie Wangchuck se sont ainsi succédé sur le trône.

CC : m'sieur rico

CC : m’sieur rico

L’histoire du Bhoutan est aussi celle des ethnies qui le peuplent : on dénombre 25 groupes ethniques au pays du Bonheur.

La présence de celle des Lhotsampa remonte à la fin du XIXe siècle. À cette époque, le Bhoutan a fait appel à de la main d’oeuvre népalaise pour défricher les régions du sud du pays. Ce sont donc des agriculteurs népalais qui sont venus s’installer sur les terres inhospitalières de la région. Trois ou quatre générations s’y sont succédé, qui ont tenté de conserver une part de leur culture népalaise, notamment à travers la langue et leur religion, l’hindouisme. Primordial et difficile dans un pays dont les ¾ des habitants sont bouddhistes. Le bouddhisme vajrayāna est d’ailleurs religion d’État.

Les Lhotsampa (c’est-à-dire les « habitants du sud ») obtiennent officiellement le statut de citoyen en 1958. Ils cohabitent avec une autre ethnie, les Bhotia, qui domine le pays, en nombre et surtout politiquement. C’est une cohabitation sans heurts jusqu’à l’adoption de la loi sur la nationalité en 1985 qui choisit d’autres critères pour classifier la population. Ainsi, suite à une série de recensements, des habitants se sont tout bonnement vus destituer de leur statut de citoyen.

Des citoyens sont devenus des non-citoyens, du jour au lendemain.

En outre, la langue officielle des Botia, le dzongkha, est devenue langue nationale. Seule la religion bouddhiste est autorisée, interdisant toute cérémonie hindoue en public. Tout ce qui caractérisait les Lhotsampa est devenu illégal : les livres népalais ont été brûlés, et les écoles lhotsampa ont été fermées, ainsi que les temples hindous.

CC : Nations Unies

CC : Nations Unies

Seul driglam namzha, c’est-à-dire l’ensemble des valeurs et des traditions ancestrales des Bhotia est autorisé.

Face à cette dictature, entre 85 et 100.000 Bhoutanais d’origine népalaise ont dû s’exiler au début des années 1990. Impossible pour eux de revenir sur la terre de leurs ancêtres au Népal : ils ont dû trouver refuge au sein des 7 pays qui ont accepté d’être terre d’accueil : les États-Unis, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Canada.

Ces apatrides sont devenus des réfugiés, actuellement résidents permanents après avoir passé près de vingt ans dans des camps sous l’égide du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies…

Alors non, définitivement, le Bhoutan n’est pas le pays du bonheur pour tout le monde…

La crise économique enterre le Bonheur National Brut

drapeau-bhoutanEn 2013, les élections parlementaires ont marqué un tournant dans l’histoire du Bhoutan.

Le Parti démocratique du peuple (PDP) a remporté 32 sièges contre 15 au parti monarchiste, le DPT au pouvoir est toujours très proche de la dynastie Wangchuk.

La raison est économique : l’Inde qui investit beaucoup au Bhoutan et qui importe ses produits a décidé de suspendre toute aide financière, voyant d’un très mauvais oeil les relations qu’entretient le Bhoutan avec le grand rival chinois.

New Delhi a donc stoppé toutes les subventions sur le gaz domestique et l’essence, ce qui a eu pour effet immédiat de faire flamber les prix et d’aggraver les difficultés économiques du Bhoutan. Aggraver car en 2012, le pays essuyait déjà une crise du crédit.

Derrière la façade du BNB se cache donc une toute autre réalité : consommation de drogue et d’alcool, effritement du tissu social traditionnel. La jeunesse ne croit plus en cet indice du bonheur et l’a clairement fait savoir en confiant le pouvoir au parti démocratique.

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Je fais partie de ce qu’on appelle désormais les « slasheurs » : je suis rédactrice / sophrologue / et j’enseigne le français comme langue...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. petite erreur page 2 « la journée sans piétons » 🙂

    • article pompé entièrement sur un reportage !!!!!

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