Une amap de Brest veut relocaliser l’économie

Rédigé par Emmanuel Daniel, le 22 Jul 2014, à 16 h 06 min
Une amap de Brest veut relocaliser l’économie
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Amap 100 % made in Brest

Et ce réseau que Céline décrit comme une super Amap n’est pas une exclusivité brestoise. Les initiateurs du projet se sont en fait inspirés du travail réalisé par l’association Alter Conso à Lyon et l’ont adapté au contexte de leur ville.

Un peu plus d’un an après le lancement, la greffe semble avoir pris. « Court-circuit en pays de Brest » compte 250 adhérents consommateurs et une trentaine de producteurs. Céline précise que « tout vient du pays de Brest afin de mettre en avant la richesse du territoire ».

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Relocaliser l’économie du pays de Brest

En raccourcissant les circuits de distribution, l’association contribue à relocaliser l’économie et à lutter contre des situations aberrantes :

« Le poisson pêché à Brest va à Rungis pour les cours et revient ici. Ça nous insupporte que quelques intermédiaires s’en mettent plein les poches et tirent les prix vers le bas », s’emporte cette entrepreneuse solidaire. « Nous on demande aux producteurs ce dont ils ont besoin pour vivre alors que, jusque-là, ils fixaient leurs prix en fonction de ceux des supermarchés ou des Biocoop… On veut créer de l’emploi dans notre association et chez les agriculteurs et, pour ça, ils doivent atteindre le seuil de rentabilité. On veut que l’argent reste sur le territoire, que ça forme une boucle, que ça créé de l’emploi, du lien social et de la connexion entre producteurs et consommateurs ».

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Ils ambitionnent également de nous reconnecter avec ce qu’on mange et de changer les comportements sans tomber dans la culpabilisation. « Notre idée est de dire qu’on peut aller au supermarché mais qu’on peut aussi faire mieux. Il ne faut pas que les gens qui consomment au supermarché se sentent blessés et froissés », précise Céline.

Et ce moyen concret d’éducation populaire semble porter ses fruits : « Je n’achète plus aucun légume en supermarché et ça me permet de faire marcher l’économie locale. Ça me pousse à faire de la soupe et à manger des légumes alors que je ne l’aurais pas forcement fait sans ça. Au bout de 30 ans, j’arrive enfin à faire manger des légumes à mon mari », s’exclame Patricia, qui aide ce jour là à distribuer les paniers.

amap-court-circuit-en-pays-de-brest-08Toucher des non militants

« On trouve dans nos adhérents des gens qui ne seraient jamais allés dans une Amap qui ne sont pas militants. ça rassure », se réjouit Céline. L’association contribue à contrer l’idée largement répandue selon laquelle manger sainement est un luxe en ces temps de disette économique.

« Il est vrai que la plupart des produits coutent moins cher en supermarché mais ils sont de moins bonne qualité, moins nourrissants. Et si on décide de mieux manger, uniquement ce dont on a besoin et qu’on cuisine, on s’en sort mieux. Les supermarchés poussent à la consommation inutile », poursuit Céline. Un constat partagé par les adhérents interrogés qui n’ont pas vu leur dépenses alimentaires augmenter.

amap-court-circuit-en-pays-de-brest-09Pour le faire savoir et s’assurer que l’alimentation saine et locale ne soit pas l’apanage des riches, l’association a lancé un point de distribution dans un quartier populaire. En outre, ils proposent un tarif social aux adhérents. Ceux-ci paient leur cotisation à l’association (cotisation annuelle plus pourcentage du montant de la commande) en fonction de leurs revenus. Ils projettent également de lancer un système permettant aux personnes en difficulté financière de manger bio en leur proposant un panier à -50 %.

Face au l’engouement rencontré, l’association ne compte pas en rester là. Ils ont dans l’idée de mettre en place un atelier de transformation de légumes pour les consommateurs et les producteurs afin d’utiliser les surplus. Ils projettent également de lancer une maison des circuits courts avec une cantine bio locale, une épicerie ou un marché de producteurs.

Ils entendent également relancer des filières locales dans le textile ou encore le bois de chauffage. Plutôt que de grossir à l’infini (ils se fixent une limite de 800 paniers par semaine), ils ont fait le pari de la diversification et espèrent que d’autres structures de ce type verront le jour un peu partout sur le territoire.

Plus d’infos sur Court-Circuit Pays de Brest : http://court-circuit-ess.infini.fr

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Je veux témoigner

Publié avec la collaboration de Damien et son Tour de France des initiatives

(1) Le sens de l’humus, Cheikh Nico, Amelior, les Amis de la Terre, Mitsinjo, Comme Vous Emoi, Montreuil en Transition, les Nouveaux Robinsons…

D’autres expériences terrain :

illustrations : © CC, Emmanuel Daniel pour les photos, © DR, Circuit-Court Pays de Brest pour les illustrations de l’AMAP

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Emmanuel Daniel est un journaliste indépendant de 25 ans qui s’intéresse particulièrement aux alternatives politiques et économiques au système actuel....

3 commentaires Donnez votre avis
  1. ENFIN !! qu’est ce que j’aimerai payer moins cher et donner mon argent au producteur directement plutôt qu’aux intermédiaires !!!

  2. Le fonctionnement de cette « AMAP » m’interesse beaucoup. Ayant créé une AMAP Bio à Grasse elle fonctionne depuis 6 ans avec seulement des bénévoles !
    C’est l’élargissement de votre fonctionnement qui m’interesse surtout car sinon notre éthique est la même : fournir en direct tous les produits nécessaires afin que nos adhérents n’aient plus BEOIN d’aller au super marché, et qu’ils se nourissent sainement tout en apportant un soutien à nos maraichers et à tous nos producteurs Bio ce dont ils ont bien besoin, surtout dans notre région où la disparition des terres agricoles au profit du foncier est dramatique.
    Je suis pour la mutualistion des idées et des pratiques qui pourront (peut-être) changer les choses.
    Je vous félicite.
    Ivane, Présidente de l’AMAP « lA MANNE bIO »

  3. Bonjour,
    Ça y est, je suis levé, et donc disponible pour « ferrailler », avec les gens de Consoglobe !
    Eh bien, pour une fois, je serai bref : tt ce qui est proposé, ds cet article, est déjà, mis en pratique, depuis qq années, à Boulogne/Mer, où je demeure, et où nous avons comme maire le gd écolo qu’est Frédéric Cuviliers ! On a, aussi, entre autre, le magnifique aquarium, qu’est Nausicaa, qui mérite le détour, la mer et ses plages, la Côte d’Opale, et ses 2 caps ; Gris-Nez et Blanc-Nez, tt à fait différents l’un de l’autre, puisque le Gris, est argileux, et le Blanc, calcaire ! Nous avons aussi une magnifique vieille ville moyenâgeuse, que les bombardements anglais, ont laissée intacte, durant la dernière guerre, avec son château-musée qui recèle des trésors comme une momie (eh, oui Mariette, pas Mariotte, le curé-physicien, l’égyptologue, bandes de c…, était de Boulogne, et j’ai passé + de 35 ans de ma vie à enseigner, au Lycée Mariette de Boulogne, l’un des + gros lycée de l’Académie de Lille (il y eu ds les années fastes, jusque 2500 élèves !)), une magnifique collection de vases grecs, et le clou : tj, une magnifique et collection de masques d’Indiens de l’Alaska, par un certain Mr Pinard (encore un, qui avait sûrement trop bu ! Au fait, je suis d’origine bretonne, et qd j’étais jeune, le 1er département pour l’alcoolisme, était, le Morbihan (la petite mer, en français !), mais de puis que je suis arrivé à Boulogne, en 1971, pour 1 an, et j’y suis encore ! Comme quoi, la ville de Boulogne, est charmante, et les gens, très accueillants, et je préfère, de très loin habiter Boulogne, que Brest, qui est, le bout du monde (Pen ar Bed !), alors que Boulogne, possède une position centrale, en …, Europe ! Londres, Paris, Bruxelles, Amsterdam, Dusseldorf, etc, etc, …, ne snt pas loin !, le 1er département pour l’alcoolisme en France, est maintenant : le Pas-de-Calais ! A moi tt seul, j’ai fait pencher la balance ! C’est dingue, non ? Mais il y a aussi 15% de chômage à Boulogne, et encore davantage, à Calais ! Que font les édiles de Boulogne, Mr Cuviliers, vous qui êtes maintenant, bien placé au gouvernement ? Il y a de magnifiques plates-formes de débarquement, pour ferries, mais pas un seul frry pour l’Angleterre, qui est juste en face ! Il y a un port de commerce en eau profonde, mais jamais plus un bateau à quai, comme lorsque je suis arrivé à Boulogne ! Que fait la CCI de Boulogne ! Excusez-moi, de la Côte d’Opale, puisque les 3, celles de Boulogne, Calais et Dunkerque, ont maintenant fusionné, avec la présidence, à Calais ! Le gâteau a été partagé, depuis longtemps, en 3 : la pêche (je dirai plutôt le poisson, ce qui n’est pas la même chose !) à Boulogne, les voyageurs à Calais et le commerce à Dunkerque ! Rationnellement économique, ss doute, mais, le résultat réel est une catastrophe locale, en particulier, pour Boulogne ! Des quais de commerce VIDES (qd je suis arrivé à Boulogne, il y avait même des bateaux de commerce qui attendaient leur tour, à l’ancre, ds la rade !), des plates-formes de débarquement ttes neuves (quelle somme a été investie, ds la nouvelle plate-forme sur le site des anciens hauts-fourneaux, et tout ça, pour les beaux yeux de l’armement Dreyfus, qui ne l’a utilisée que, même pas 1 an ! Avec quel argent ? Une fois de +, avec celui des contribuables, bien sûr ! C’est un gâchis, ss bornes, et ss limites, au profit de qui ? De Eiffage, DSK, et ses femmes ! Vive les socialistes du Nord de la France, et de leur politique paternaliste, complètement dépassée !
    Marine le Pen (tiens, une bretonne !) a encore de beaux jours devant elle, et, qd ns l’aurons comme présidente de la République, c’est là, qu’on va rigoler !
    N’oublions pas que HITLER, est venu, LEGALEMENT, au pouvoir !
    On va me dire que je dépasse, le sujet initial, mais il y a des circonstances, où on a du mal, à se retenir !
    A très bientôt, sauf, si je me fais censurer ! T
    A bientôt !

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